HOMELIE 3ème Dimanche
Ordinaire. Année A. Mt 4, 12-23
26 Janvier 2020
« Je vous ferai pêcheurs d’hommes …» Mt 4,19
Cette parole de Jésus nous est tellement familière que nous ne
voyons pas ce qu’elle peut avoir de choquant : un pêcheur, çà tue ! Il donne la mort au poisson qu’il a pêché
pour s’en nourrir ou le vendre et gagner sa vie. C’est évident que Jésus n’a
pas voulu dire cela. On pourrait penser aussi, qu’en suivant Jésus, il s’agirait d’attraper des hommes, mais dans quel but ?
C’est bien là qu’il
nous est utile de connaître le milieu culturel et le contexte symbolique de la
Bible dans lequel ces récits sont écrits. Il faudrait également pour cela que
les textes liturgiques soient plus exacts dans leur traduction de l’original. La
nouvelle traduction de la Bible Liturgique a corrigé. Il est dit, en effet,
juste avant l’appel de Jésus que celui-ci marchait au « bord de la mer » et que les pêcheurs « jetaient leurs filets dans la
mer » (Thalassa) et non, comme dans l'évangile de Saint Luc (Lc 5,1-11), dans
le lac (Limnen). D’ailleurs,
selon St Luc, Jésus, n’invite pas les apôtres à devenir des pêcheurs d’hommes,
mais « à partir de maintenant, tu [Pierre] prendras des humains vivants » zogron, il
y a le mot zoë qui signifie la « Vie ».
Pourquoi cette
précision ? La mer, dans la
pensée biblique a une signification toute particulière. Depuis les eaux primordiales et anarchiques de la
Genèse, sur lesquelles tournoyaient le souffle de Dieu ; puis, les eaux du déluge qui anéantirent toute
vie devenue corrompue par la violence, où seul le juste Noé trouva grâce auprès
du créateur; et bien sûr, la
Mer Rouge, qui
faillit engloutir Moïse, conduisant le peuple de Dieu vers la Terre Promise et qui
se retourna contre ses agresseurs, les faisant périr ; Jonas, encore, préservé de la noyade
par un monstre marin le gardant trois jours en son ventre ; sans compter
les nombreuses mentions de la mer et des eaux redoutables dans les psaumes… toutes ces évocations des
eaux ou de la mer montrent qu’elles
symbolisaient les forces du mal et de la mort qui menacent sans cesse la vie de
l’homme. Ce n’est pas sans raison que Jésus commence son ministère au bord de la mer. Ne vient-Il pas pour sauver, tirer les hommes de tout
ce qui les conduit à la mort physique, psychologique, morale et
spirituelle ?
Parmi ces tendances
mortifères, Paul en signalait une qui détruisait déjà la jeune communauté
chrétienne de Corinthe par la division et les disputes de ceux qui se
réclamaient de Paul,
d’Apollos, de Pierre ou du Christ : comme si le Christ était divisé !
Ne croyez pas que cela soit
de l’histoire ancienne. Nous venons d’achever la semaine de prière pour l’Unité
des chrétiens. Elle a fait de gros progrès depuis 100 ans, date de la première
semaine, mais elle est loin d’être acquise. Encore faut-il la demander, la
chercher, se connaître entre confessions diverses et différentes : le
Christ, à la veille de mourir, a tant prié pour nous et pour que le Père nous
la donne.
L’esprit de division peut se manifester encore dans notre pays, dans les
choix sociaux qui sont faits, mais aussi à l’intérieur de nos Communes, de nos
écoles, de notre communauté paroissiale, de nos familles. Le manque d’ouverture
et de respect de certains affaiblissent l’annonce de l’Évangile au milieu de
nous, auprès des générations qui montent et autour de nous.
Mais heureusement, il y a
des paroles et des gestes réconfortant aujourd’hui qu’il faut savoir
reconnaître aussi.
« Je vous ferai pêcheurs d’hommes » pour apporter l’Esprit
d’amour, de patience, de bienveillance, d’humilité, de maîtrise de soi et de
foi envers le Père. Voilà la Bonne Nouvelle, l’Évangile que Dieu nous confie
et qu’Il nous appelle à proclamer.
Profitons tous, au long de l‘année,
de saisir toutes les occasions, là où nous sommes, de construire l’unité telle
que Jésus la souhaite autour de Lui en vivant son Évangile. AMEN !
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