HOMELIE TOUSSAINT - "Les Béatitudes " - Mt.5, 1-12a
– 1er Nov.2019
Qui sont les saints ?
Des gens qui ont mis en pratique les Béatitudes. Elles leur ont fait goûter, au
cours de leur vie, l’expérience de Dieu. Mais ces Béatitudes, comme nous les
avons entendues, ne sont pas faciles à vivre. C’est là que les saints nous sont
d’un grand secours à condition de ne pas les prendre d’abord comme des héros, mais comme des femmes
et des hommes de foi qui ont fait confiance en écoutant et suivant leur maître
et Seigneur Jésus. C’est bien Lui qui a illustré au mieux ces Béatitudes. Il
convient déjà de ne pas en faire de fausses interprétations et tout d’abord, de
les traduire correctement
Heureux les pauvres de cœur ! Littéralement : “Heureux les humiliés du souffle”. Les pauvres, ce sont les “dos courbés”, ceux qui
ont été humiliés et qui n’ont rien…
Cœur ? Non pas "cardia"
mais “pneuma”. Heureux ceux qui
ont le souffle court, et donc qui ne se gonflent pas d’orgueil,
qui ne sont pas remplis d’eux-mêmes : ils ont de la place pour
Dieu et leurs frères ! Cette béatitude commande toutes les autres : elle est au présent,
alors que la plupart des autres sont au futur : “Le Royaume des cieux est à eux”. Le Royaume des cieux, c’est l’espace
divin : ils sont donc dans cet espace-là et Dieu leur est présent de façon
invisible encore, mais bien réelle.
Heureux les doux ! “praèis”
Doux,
bons, faciles, indulgents ceux qui ne cherchent pas à s’affirmer eux-mêmes
et ne recherchent pas leur seul intérêt propre, mais font attention à Dieu et
aux autres ; savent renoncer à leur droit, leur priorité ; cherchent
à arrondir les angles, tant l’existence quotidienne peut être faite de
contrariétés diverses. Ils ne sont pas stressés : ils obtiendront la Terre
Promise, lieu du repos éternel.
Heureux ceux qui pleurent ! Littéralement : “…Ceux qui sont en deuil”. Car ils vivent un manque profond, et ce manque les
rendent aptes à chercher et accueillir ce qui les comblera définitivement :
“Ils seront consolés” Littéralement : "Ils auront la Consolation" “Paraclèthèsountaï” Vous reconnaissez le mot Paraclet qui désigne en
Israël le Messie (“Le vieillard Siméon attendait
la Consolation d’Israël” Luc 2, 25) et chez les chrétiens, l’Esprit-Saint Lui-même, le
Paraclet (Jn 14, 16.26). Il ne
s’agit pas d’une promesse du genre :
“Pleure pas, ça va passer" mais d’une véritable promesse
théologale, divine, où Dieu
s’engage bien au-delà de ce que nous aurions pu attendre.
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice ! Il ne s’agit pas tant de la
justice au sens habituel du mot, (qui est régie par des lois pas toujours
justes ou mal adaptées) mais d’être “ajusté
à Dieu” ; ceux qui cherchent à
comprendre et faire sa volonté, comme Jésus nous a invités à le demander dans
le Notre Père.
Heureux les miséricordieux ! “Eléèmonès” qui a donné en français : aumône ; aumônier des hôpitaux, des galères, des
étudiants…bref les miséricordieux sont ceux qui, comme Dieu, compatissent à la détresse
humaine ; en latin, c’est beau aussi : misericors: “être de
cœur avec la misère des autres”
Heureux les cœurs purs ! Littéralement : “Purs [catharoï] de cœur” qui ne sont pas
doubles ; qui n’ont qu’un seul comportement avec Dieu comme avec les
autres. Nets. “Que
votre parole soit oui, oui ! non, non ! Tout le reste vient du
mauvais” dira Jésus, dans le
discours sur la montagne qui va suivre en Mt 5, 37.
Heureux les artisans de paix ! Ils seront appelés Fils
de Dieu. Lorsque Jésus envoie
les disciples deux par deux, ils leur demandent de présenter à ceux à qui ils vont s’adresser la
Paix : Shalom ! Salam ! dit-on encore aujourd’hui en Terre Sainte, là où
elle fait actuellement cruellement défaut ; mais il s’agit encore d’une
autre paix, celle que Jésus présente aux Apôtres au soir de la
Résurrection : “La
Paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie" Nous sommes mis au
rang du Fils pour achever sa mission jusqu’à la fin des temps : en cela, nous
sommes vraiment Fils de Dieu. La encore, c’est théologal.
La dernière béatitude “Heureux
serez-vous si l’on vous insulte…” et la finale : “Réjouissez-vous,
soyez dans l’allégresse…” sont là pour parer à toute réaction naturelle face au scandale de ces
Béatitudes : en effet, ne prennent-elles pas à contre pieds et à rebrousse
poils les propositions de bonheur que le monde proclame sans cesse par toutes
sortes de médias ? Eh bien Jésus, au début de sa prédication, veut nous
éviter les fausses pistes du vrai bonheur. La dernière Béatitude
n’est-elle pas la 10ème ? Ce qui donne bien Dix Paroles de Jésus Connaissez-vous dans la Bible
quelqu’un, suivi d’une foule, qui gravit une montagne et reçoit les “Dix
Paroles” ? Vous l’avez
tous deviné : Moïse, au Sinaï. Eh bien l’évangéliste Matthieu, au début du
ministère de Jésus, va nous le présenter comme le nouveau Moïse. Non plus dix
commandements mais dix propositions de chemin de bonheur.
Prendre conscience de
nos manques ; savoir que nous ne pouvons être heureux tout seul ; que
le Seigneur vient nous sauver, nous libérer de nos enfermements, péché
d’origine, s’il en est un ! Alors, que ces béatitudes soient nos “Dix
Paroles”, celles qui nous entraînent vers la vie et Celui qui est la Vie. Heureux, “Makarios” signifie aussi en grec, Bravo ! Félicitations ! Vous avez
tout compris ! Et en hébreu : “Ashréi” En marche ! Tous
ensemble, à la suite de Jésus et de tous les Saints, qui Lui ont fait confiance et ont reçu
en héritage la Terre Promise, AMEN !