jeudi 20 septembre 2018

HOMELIE 25ème Dimanche ordinaire B. Mc 9,30-37 23 Septembre 2018.


HOMELIE 25ème Dimanche ordinaire B. Mc 9,30-37
23 Septembre 2018.

         Jésus, faisant une dernière halte dans la maison  à Capharnaüm, avant de monter vers Jérusalem, annonce une deuxième fois aux Apôtres sa passion, mais il n’a pas plus de succès que Dimanche dernier. C’est l’incompréhension la plus totale. Cette fois-ci, même Pierre n’ose plus rien dire. De nouveau,  pour se désigner lui-même, Jésus emploie le mystérieux titre de « Fils de l’homme ». C’est probablement une citation du prophète Daniel qui annonçait un « Fils d’homme » venant dans les nuées du ciel (Dn 7, 13). S’appuyant sur cette prophétie, les Juifs de l’époque de Jésus attendaient un Messie triomphant, venant établir sur terre le Royaume de Dieu. Les disciples de Jésus sont dans cette optique-là. Ils rêvent de grandeur et de premières places dans le Royaume à venir. Jésus les invite alors à exprimer le sujet de leurs échanges en chemin. Pris comme des gamins en faute, ils se taisent « car ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand »
         Jésus fait alors un geste parlant. Prenant un petit enfant de 3/4 ans : Il le place au centre du groupe des disciples grâce auxquels Il fondera Son Église. Il le prend dans ses bras comme on serre contre soi ce qu’on a de plus cher, et leur dit : « Celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille… » Ce geste a du étonner, et en tout premier lieu les Apôtres, tant à son époque, l’enfant ne comptait pour rien : il n’avait pas son mot à dire. (D’ailleurs notre mot « enfant » vient du latin « infans » signifiant “qui ne parle pas” traduisez : “qui n’a pas droit à la parole”!).
         Jésus ne choisit pas un enfant pour sa grâce, son sourire ou son innocence, mais pour sa vulnérabilité, sa faiblesse, sa dépendance totale aux autres. L’enfant est celui que l’on repousse souvent comme turbulent, imprévisible et fatiguant, dont on est parfois tenté de se débarrasser. C’est ce pauvre-là que Jésus montre aux disciples comme son préféré. Mais plus encore : il le présente comme un modèle pour nous ou au moins une référence : de quelle façon ?
D’abord, un petit enfant, naturellement, est capable de tout recevoir comme un don (sans en être toujours conscient) ; il n’a  donc pas de droits à faire valoir ou à défendre. Il se situe au niveau de l’amour spontané et non au niveau du droit. Il sait qu’il ne sait pas tout et il questionne parce que pour lui, beaucoup de choses sont nouvelles. Sommes-nous encore étonnés, voire émerveillés ? Avons-nous soif de connaître, de chercher à comprendre, de questionner, même la Parole de Dieu ?
Un enfant sait qu’il ne peut pas tout, alors après avoir essayé, il demande de l’aide en toute confiance, sûr d’être entendu. Savons-nous demander en osant comme un enfant ? Savons-nous prier, non pas d’une prière mauvaise comme le fait remarquer St Jacques dans la deuxième lecture de ce jour (Jc 4,3) « parce que nous demanderions “plus” pour satisfaire nos instincts » mais parce que nous pensons que c’est nécessaire et que le Père des cieux, qui veille sur nous à tout instant, nous exaucera encore mieux que ce que nous Lui aurons demandé.
Un enfant fait confiance et croit ce qu’on lui dit, ce qu’on lui montre. Faisons-nous confiance à ceux qui ont reçu mission de nous éclairer, de nous éduquer, de nous guider ? La Parole de Dieu, l’Église, ses serviteurs et ministres ? En gardant un esprit de discernement et de questionnement absolument nécessaire et responsable, mais en rejetant toute forme de soupçon qui altère ou détruit la confiance. Nous en avons bien besoin en ce moment !
         Et si comme Jésus, nous mettions l’enfant au cœur  de notre Communauté ? Pas simplement parce que l’éducation nationale prend de nouvelles mesures pour qu’il y ait le même niveau culturel dans notre pays entre tous les citoyens quelques soient leurs origines, mais parce que c’est l’avenir du monde et de l’Église. Ne faut-il pas en prendre un soin tout particulier ? Se mettre à leur service, n’est-ce pas essentiel ?   Mais ce service est aussi un merveilleux chemin de transformation de nous-mêmes. Il développe en nous des qualités de cœur qui sommeillaient peut-être : le sentiment de dépendance à autrui, de fragilité ; l’écoute, l’attention ; la compassion et la joie de compter pour quelqu’un. Il permet de créer un monde fraternel non fondé uniquement sur des règles et des droits, mais sur un “service d’amis”.
                AMEN !

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