HOMELIE 20ème Dimanche Ordinaire, C - Lc
12,49-53
14 Août 2016
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la
terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division».
Voici des paroles qui peuvent nous laisser perplexes, tant elles
vont à l’encontre de l’image que nous avons de Jésus, Prince de la Paix,
pardonnant jusqu’à ses ennemis.
Mais Il dit encore : « Je
suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il fut déjà
allumé ! » Après cette
semaine de terribles incendies, Jésus serait-il pyromane ?
Mais de quel feu veut-il enflammer la terre ?
Comme toutes les images symboliques, en particulier dans la Bible,
elles peuvent avoir plusieurs significations : ainsi l’eau qui
désaltère mais dévaste aussi ; le vent qui souffle et apporte la vie mais
aussi la tempête ; le feu qui détruit mais aussi purifie, réchauffe et
révèle.
Il en va ainsi de la paix. Si elle est ardemment
cherchée parce qu’elle permet une vie harmonieuse, elle peut, parce que mal
établie, préparer de nouveaux conflits : pensez au Traité de Versailles,
après la guerre de 1914-18 qui va faire naître un esprit de revanche chez un
peuple allemand humilié par les conditions de ce traité de paix.
Plus encore, dans ce passage d’Evangile, Jésus se présente comme un
« diviseur », un « diabolos » ! La concorde
familiale n’est-elle pas prise à partie ! Il ne fait pas allusion, bien
sûr, aux inévitables conflits
traditionnels évoqués bien souvent par une culture populaire entre belle-mère
et belle-fille : non ! C’est bien plus profond que cela. Il met en
garde contre tout espace fusionnel qui exclue du groupe ceux qui sont
différents. Il dénonce ainsi les unités factices faites du
« politiquement », « médiatiquement »,
« culturellement » corrects qui conduisent à des totalitarismes étatiques
dont nous sommes encore témoins aujourd’hui, hélas.
Comment éviter cela ?
Ne faut-il pas un vrai baptême, comme Jésus l’a vécu, auquel
Il fait allusion, où il y a mort à soi-même pour s’ouvrir, naître aux autres et
au Tout-Autre ?
N’est-ce pas l’œuvre de l’Esprit-Saint où, à Pentecôte, il
se manifeste comme un feu donné à ceux qui croient et « qui éclaire, purifie »
(1 Co 3,13). N’appelle-il- pas à recevoir ce feu d’amour nous mettant en
relation vraie les uns avec les autres, se respectant et accueillant leurs
différences et particularités ?
Inspirons-nous de l’attitude d’Ebed-Mélek,
cet étranger, Ethiopien, qui contre la décision unanime des princes de
Jérusalem de jeter le prophète Jérémie dans une citerne jusqu’à ce qu’il meure
de faim, vint trouver le roi Sédécias afin de le sauver. Discernons quelles
sont les valeurs de nos relations humaines : corporatistes ?
Suivistes ? Fusionnelles ? Ou bien ouvertes et bienveillantes,
cherchant à comprendre et bâtir une véritable unité faite des richesses de
chacun ?
Ne cessons pas de demander l’assistance de l’Esprit-Saint et sa
présence en nous.
AMEN !
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