HOMELIE 12ème
Dimanche Ordinaire C - Lc 9,18-24
19 Juin 2016
Voici donc une scène d’Evangile bien présentée par St Luc et qui va
nous introduire au cœur de la personne de Jésus. Jésus prie à l’écart et
lorsqu’Il a fini de prier, Il pose à ses disciples une question comme pour les
préparer à une autre qui va suivre : « Pour la foule, qui
suis-je ? » Les disciples répondent ce que dit la foule, qui
pensait à Jean-Baptiste qu’Hérode venait de tuer ; à Elie qui devait
revenir précédant le Messie ; ou a un grand prophète qui sauverait le
peuple opprimé par les romains. Vient alors la deuxième question qui s’adresse directement
aux Apôtres : « Et vous que dites-vous ? Pour vous qui
suis-je ? ». Autrement dit :
Quel est votre lien avec moi ?
Qu’est-ce qui fait que vous me suiviez, que vous me faites
confiance ? Quel est votre intérêt ? Que désirez-vous ?
Bref, qu’attendez-vous de moi ?
Si
tous se taisent, St Pierre, lui, prend la Parole et répond :
« Le Messie de Dieu ! » Que signifie le mot “Messie” ? C’est une transcription
d’un mot hébreu “Mashiyach” qui signifie celui qui est “oint” par Dieu. En grec, on dit “le Christ”
(CristoV). On a versé sur la tête du Messie une huile symbolisant l’Esprit de Dieu qui
devait pénétrer celui qui la recevait; on le faisait sur les rois puis sur
les prêtres du Temple. Alors ils devaient faire le plus parfaitement la volonté
de Dieu. Mais beaucoup ne le firent pas et furent de mauvais rois et de mauvais
prêtres du Temple. Et donc, au temps de Jésus, le peuple d’Israël attendait un
vrai Messie, envoyé de Dieu, qui serait en parfaite communion avec Dieu. Pierre
vit sans doute cette attente mais sa réponse (inspirée par Dieu dira St
Matthieu) le dépasse et elle est encore pleine d’inconnues et de rêves.
Si Pierre a fait la bonne
réponse, pourquoi Jésus ne veut-il pas
qu’on le dise ?
D’après les prophéties, le Messie devait avoir la puissance de
Dieu. N’aurait-on pas alors demandé
à Jésus d’utiliser cette puissance pour chasser les romains qui occupaient
durement le pays et d’être le roi qui rendrait la liberté au peuple ?
Jésus va se dévoiler à eux, et donc à nous aujourd’hui, mais de façon
assez inattendue et même rebuttante. Jésus, “le Fils de l’Homme” plutôt que
de dominer tout le monde, veut montrer que Dieu, le seul roi de la Création, aime tout le monde et en particulier tous
les petits, les enfants, les malades, les gens qui ne sont pas les plus riches,
les plus intelligents, les plus forts, les plus beaux: bref, Il aime tout le monde, sans exceptions. Jésus va donc rencontrer
de grandes résistances, beaucoup d’ennemis, parce qu’ils ne voient pas le
Messie comme cela. Si bien que les chefs du peuple se débarrasseront de Lui en
le tuant sur une croix. C’est pour cela que Jésus prévient ses Apôtres avant
que cela n’arrive et Il nous demande, en
le regardant sur la croix, de comprendre jusqu’où Il nous a aimés.
Ne vous trompez pas de
Dieu, semble dire Jésus à ses apôtres et donc à nous. “Vous êtes ses fils par la foi”
écrivait St Paul aux Galates. “Votre baptême vous a unis au Christ; vous
avez revêtu le Christ” Alors, comme Lui, prenez votre croix de chaque
jour: nous en avons tous une, plus ou moins lourde à porter selon les
situations et les moments de l’existence, mais l’important est de mettre sa vie (Psukè: Yuch) dans les mains du Seigneur, c’est à dire de
conformer sa vie aux prescriptions qu’Il a formulées dans les évangiles: Il
nous sauvera.
Envisager de prendre sa
croix peut faire peur. Mais attention: ce n’est pas la Croix du Christ que nous
serions bien incapables de porter, mais la nôtre qu’il faut prendre, “personnalisée”
adaptée à nos épaules et aux grâces que le Seigneur nous fait comme nous l’avons
entendu dans la bouche du prophète Zacharie: “Je répandrai sur la maison de David
et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et
supplication. Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé...”
(Za 12,10-11, 1ère Lecture). Par sa
croix, Jésus nous conduit à la vraie vie et à la résurrection: Il nous invite à
faire comme Lui.
AMEN !