HOMELIE 2° Dimanche de
Pâques. 2 Avril 2016
La foi de Thomas - Jn 20,19-31
Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
Pourquoi Thomas a-t-il douté ? Il
est courageux ; il a du caractère ; c’est le seul Apôtre à être sorti
du Cénacle où les autres, la peur au ventre, s’étaient verrouillés. C’était un
réaliste, qui avait bien compris qu’en montant à Jérusalem avec Jésus pour se
rendre auprès de Lazare qui était mort, il risquait la mort avec son
maître : "Allons, nous aussi, pour mourir
avec lui!" Jn 11, 16. Il était prêt à
donner sa vie pour Jésus qu’il aimait passionnément. Sa mort l’avait
profondément déstabilisé : il était persuadé que Jésus saurait s’en
sortir, Lui qui était capable de ressusciter Lazare. Et voilà qu’Il était bien
mort.
Tout
devenait pour lui une immense question :
quel était le sens de la vie de Jésus ? De son témoignage ? De la
pertinence de ses paroles et de son enseignement puisqu’Il avait fini sa vie
comme un pauvre malfaiteur, abandonné de tous. Qu’on lui annonce que Jésus
était vivant, alors là, c’était trop pour lui : il ne voulait plus être trompé
et déçu.
Son refus
de croire sans preuve venait peut-être aussi de ce que Jésus, s’étant manifesté
aux autres apôtres en son absence, il en était un peu jaloux et frustré d’avoir
manqué ce moment qu’il désirait inconsciemment si fort au fond de lui.
En tout cas, le dimanche suivant, de
nouveau Jésus se trouve au milieu d’eux : Il ne lui en veut pas et au
contraire s’adresse à lui pour combler son attente. Aussitôt éclate sa belle profession
de foi, la première qui désigne Jésus comme Dieu : « Mon Seigneur et mon
Dieu ! ». Jésus peut alors l’inviter à passer du voir au croire.
Sur le
chemin de la foi, nous sommes invités nous aussi à dépasser le désir bien
légitime de preuves visibles, concrètes pour accéder à une adhésion basée sur
la confiance.
Mais confiance en quoi ou en qui ?
D’abord,
confiance dans les témoins qui ont
donné leur vie pour dire ce qu’ils avaient vu et entendu et qui nous est
précieusement rapporté dans les Evangiles.
Confiance
dans la pertinence, la grandeur, la beauté et le bonheur qu’apporte la vie selon l’Evangile. Et, en ce
dimanche de la miséricorde, il est heureux d’évoquer la “présence” concrète,
réelle, visible du Christ dans celui qui a faim, froid, qui est malade, nu,
prisonnier chaque fois que nous allons à leur rencontre.
Confiance dans la Communauté réunie comme les
apôtres au Cénacle qui continue, dimanches après dimanches, à écouter les
paroles du Christ, à comprendre ses enseignements et à se nourrir de son Corps.
Enfin,
confiance dans le don de l’Esprit Saint
qu’au soir de sa résurrection, Jésus “souffle” sur les Apôtres et qu’Il donne
aujourd’hui à tous ceux qui le Lui demandent.
Non !
Le doute de Thomas
n’est pas le doute du sceptique, du
soupçonneux, limité par sa raison,
étranger au sens des réalités qui lui échappent et qui se ferme à toute
nouveauté, qui finalement reste seul avec lui-même. Il est de ceux qui questionnent devant
l’extraordinaire, l’insolite, l’inattendu, “l’incroyable” : ils veulent
vérifier qu’ils ne rêvent pas, qu’ils sont bien dans la cohérence et la vérité de
ce qu’ils croient et que c’est accessible à tous ceux qui le veulent bien.
Dieu est tellement “autre” et les évènements,
comme pour Thomas, sont tellement déconcertants qu’il est courant, dans la
Bible, d’entendre des croyants et particulièrement des priants lui lancer des
questions : « Pourquoi… ? » (Psaumes 10,1 ;
42,10 ;43,2 ;44,24) et « Où es-tu ? Que fais-tu ?
Jusqu’à quand nous laisseras-tu dans cette détresse ? ».
Souvenez-vous du dernier cri de Jésus Lui-même sur la croix : « Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Début du Ps 22
qui se termine par un chant de louange : « 23 J'annoncerai ton nom à mes frères, en pleine
assemblée je te louerai ».
Ce sont des doute-questions qui débouchent sur la foi-louange.
Bienheureux
Thomas qui éduque nos propres doutes, nous invitant à poser les bonnes
questions ; à les partager entre nous ; à les porter et à les
dépasser jusqu’à exprimer joyeusement notre foi.
Et qui est son “jumeau” ? Ne le
serions-nous pas tous un peu ?
AMEN !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire