HOMELIE 25ème
Dimanche ordinaire B. Mc 9,30-37
23 Septembre 2012.
"Accueillir Dieu comme un enfant"
Jésus, faisant une dernière halte dans
la maison à Capharnaüm, avant de monter vers Jérusalem,
annonce une deuxième fois aux Apôtres sa passion, mais il n’a pas plus de
succès que Dimanche dernier. C’est l’incompréhension la plus totale. Cette
fois-ci, même Pierre n’ose plus rien dire. De nouveau, pour se désigner lui-même, Jésus emploie le
mystérieux titre de « Fils de l’homme ». C’est probablement une citation
du prophète Daniel qui annonçait un « Fils d’homme » venant
dans les nuées du ciel (Dn 7, 13). S’appuyant sur cette prophétie, les Juifs de
l’époque de Jésus attendaient un Messie triomphant, venant établir sur terre le
Royaume de Dieu. Les disciples de Jésus sont dans cette optique-là. Ils rêvent
de grandeur et de premières places dans le Royaume à venir. Jésus les invite
alors à exprimer le sujet de leurs échanges en chemin. Pris comme des gamins en
faute, ils se taisent « car ils avaient discuté entre eux
pour savoir qui était le plus grand »
Jésus fait alors un geste parlant. Prenant
un petit enfant (au-dessous de 7 ans, l’âge dit de raison), Il le place au
centre du groupe des disciples grâce auxquels Il fondera Son Eglise. Il le
prend dans ses bras comme on serre contre soi ce qu’on a de plus cher, et leur
dit : « Celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme celui-ci,
c’est moi qu’il accueille… » Ce geste a du étonner, et en tout
premier lieu les Apôtres, tant à son époque, l’enfant ne comptait pour
rien : il n’avait pas son mot à dire. (D’ailleurs notre mot « enfant » vient du latin « infans » signifiant “qui ne
parle pas” traduisez : “qui n’a pas droit à la parole”!).
Jésus ne choisit pas un enfant pour sa
grâce, son sourire ou son innocence, mais pour sa vulnérabilité, sa faiblesse,
sa dépendance totale aux autres. L’enfant est celui que l’on repousse souvent
comme turbulent, imprévisible et fatiguant, dont on est parfois tenté de se
débarrasser. C’est ce pauvre-là que Jésus montre aux disciples comme son
préféré. Mais plus encore : il le présente comme un modèle pour nous ou au
moins une référence : de quelle façon ?
D’abord, un petit enfant, naturellement, est capable de tout recevoir comme un don (sans en
être toujours conscient) ; il n’a
donc pas de droits à faire valoir ou à défendre. Il se situe au niveau de l’amour spontané et non au niveau du droit.
Il sait qu’il ne sait pas tout et il questionne parce que pour lui, beaucoup de
choses sont nouvelles. Sommes-nous encore étonnés, voire émerveillés ?
Avons-nous soif de connaître, de chercher à comprendre, de questionner, même la
Parole de Dieu ?
Un enfant sait qu’il ne peut pas tout, alors après avoir essayé, il
demande de l’aide en toute confiance, sûr d’être entendu. Savons-nous demander
en osant comme un enfant ? Savons-nous prier, non pas d’une prière
mauvaise comme le fait remarquer St Jacques dans la deuxième lecture de
ce jour (Jc 4,3) « parce que nous demanderions “plus” pour satisfaire nos
instincts » mais parce que nous pensons que c’est nécessaire et
que le Père des cieux, qui veille sur nous à tout instant, nous exaucera encore
mieux que ce que nous Lui aurons demandé.
Un enfant fait confiance et croit ce qu’on lui dit, ce qu’on lui
montre. Faisons-nous confiance à ceux qui ont reçu mission de nous éclairer, de
nous éduquer, de nous guider ? La Parole de Dieu, l’Eglise, ses serviteurs
et ministres ? En gardant un esprit de discernement et de questionnement
absolument nécessaire et responsable, mais en rejetant toute forme de soupçon
qui altère ou détruit la confiance.
Et si comme Jésus, nous mettions
l’enfant au cœur de notre
Communauté ? C’est l’avenir du monde et de l’Eglise. Ne faut-il pas en
prendre un soin tout particulier ? Se mettre à leur service, n’est-ce pas
essentiel ? Mais ce service n’est pas
qu’une tâche indispensable à notre Communauté et à l’Eglise ; il est aussi
un merveilleux chemin de transformation de nous-mêmes. Il développe en nous des
qualités de cœur qui sommeillaient peut-être : la délicatesse, la
bienveillance, l’écoute, l’attention, la compassion et la joie de compter pour
quelqu’un, l’enfant ou le jeune. Il permet de créer un monde fraternel non
fondé uniquement sur des règles et des droits, mais sur un “service d’amis”.
AMEN !
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