HOMÉLIE 32ème Dimanche du Temps Ordinaire B. Mc 12, 38-44
10 Novembre 2024
« Les veuves de la Première et la Nouvelle Alliance »
L’Évangile de ce dimanche nous présente deux séquences aux personnages bien opposés. D’une part, les scribes, plein de vanité et d’hypocrisie et une pauvre veuve effacée et généreuse. Pourquoi Jésus s’intéresse-t-Il davantage à cette pauvre veuve ?
Au temps de Jésus, une veuve était dans une très grande précarité. Femme dans un monde plutôt masculin, elle était privée de la protection de son mari et de ce fait ne disposait pas de ressources propres ni d’assistance. Elle faisait partie des trois catégories de pauvres que la Bible mentionne tout au long de ses livres : l’orphelin, l’étranger et la veuve. La Loi juive, la Torah, prescrit plusieurs mesures en leur faveur : « Tu ne prendras pas en gage le vêtement d’une veuve » « Tu leur laisseras les épis de blés que tu n’auras pas moissonnés » « « Tu leur laisseras les olives que tu n’auras pas ramassées » « Tu leur laisseras quelques grappes sur la vigne que tu auras vendangée » (Dt 24, 17-22).
Jésus observe donc la foule qui vient apporter ses offrandes au Trésor du Temple. Les riches mettent des grosses sommes : c’est alors, dit-on, que l’on sonnait la trompette pour que les fidèles reconnaissent, admirent et imitent éventuellement ces généreux donateurs. La « pauvre veuve » ne dépose que deux piécettes (un quadrant, le 1/64ème d’une journée de travail, autrement dit, pas grand-chose, de fait). Mais pour Jésus, il en va autrement !
« Amen, je vous le dis :… » Parole solennelle, qui va en étonner plus d’un, à commencer peut-être par les disciples. « …cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde ! » Pourquoi ? « … car tous, ils ont pris sur leur “périsseuntos : perisseuntoV” [mot à mot : “ce qu’ils ont en plus autour d’eux”], leur superflu, ce qui ne leur est pas nécessaire. « …mais elle, de son indigence (de son manque), elle jeta toute sa subsistance “bion” (vie, ressources pour vivre) »
Jésus s’émerveille de cette pauvre veuve. Il nous invite à voir au-delà du visible, particulièrement, à ce qui est à l’œuvre dans un cœur capable de donner.
La 1ère lecture de ce dimanche (1R 17, 10-16) nous présente également une veuve de Sarepta, au Liban actuel. Celle-ci offre au prophète Élie tout ce qui lui reste de nourriture représentant quelques heures à vivre avec son fils. Elle fait confiance au prophète et, à travers lui, à Dieu.
Ces veuves ont su découvrir, sans doute avec l’épreuve de leur deuil, qu’elles n’avaient plus d’autre appui que Dieu seul. Par leurs gestes, elles révèlent où est leur vrai trésor. Jésus ne s’y trompe pas, Lui qui quelque temps après fera la même démarche en donnant sur la Croix tout ce qu’Il a pour vivre, sa vie d’homme.
Le Christ attire donc notre attention sur les dispositions de cœur de ces deux veuves. Malgré leur indigence profonde, elles ont su faire pour Élie et pour Dieu une folie en se remettant à eux pour leur avenir. Aussi démunies qu’elles pouvaient l’être, elles ont fait de leur pauvreté un don.
Nous pourrions, nous aussi nous sentir par moments démunis, non pas simplement de biens ou d’argent, mais de moyens et d’atouts pour faire route dans la vie ; démunis peut-être aussi de santé ou de grâce physique ; ou encore démunis d’appuis ou d’amitiés. Ces manques pourraient nous conduire à nous déprécier à nos yeux et aux yeux des autres. Alors, à la suite du Christ, sachons reconnaître nos pauvretés et les présenter au Seigneur, pour sans tarder, se mettre au service des autres et de Son Royaume, tels que nous sommes, tels que Dieu nous voit et nous aime.
Que la célébration de cette Eucharistie où le Christ une nouvelle fois se livre à nous, nous aide à voir ce qui est discret, petit aux yeux du monde mais si grand au regard de Dieu. Qu’Il nous donne, par son Esprit Saint, le courage et la grâce de Le suivre.
AMEN !
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