mercredi 26 juin 2024

HOMÉLIE 13ème Dimanche Ordinaire B. – Résurrection de la fille de Jaïre – Guérison d’une femme Mc 5,21-43 - 30.06.2024

 

HOMÉLIE 13ème Dimanche Ordinaire B. – 30.06.2024

Résurrection de la fille de Jaïre – Guérison d’une femme Mc 5,21-43

 

« Eveille-toi ! » « Va ta foi t’a sauvée ! »

 

L’Évangile de ce 13ème Dimanche est fait de deux récits  qui ont ceci en commun de nous présenter deux femmes : l’une très jeune (12 ans ! Mais c’est dans la Bible l’âge de la puberté légale et l’âge auquel la jeune fille juive était ordinairement donnée en mariage). L’autre femme, certainement plus âgée, subissant des pertes de sang depuis 12 ans, chiffre qui rejoint la jeune fille et qui est signe de plénitude (12 mois de l’année, mais aussi signe de choix du Seigneur). Ces deux femmes sont privées de la possibilité de donner la vie : la première à cause de sa mort, la seconde en raison de son infirmité qui l’excluait de tout contact avec les hommes, (d’après les préceptes de pureté de la Loi juive) la privant d’une éventuelle maternité.

La première lecture de ce Dimanche, tirée du livre de la Sagesse, affirme avec force que « Dieu n’a pas fait la mort ; Il ne se réjouit pas de voir mourir des êtres vivants… Sa création est bienfaisante et on n’y trouve pas de poison de mort… Il a créé l’homme pour une existence impérissable ». Quelle magnifique espérance exprimée là, avant même celle de l’Évangile qui éclatera dans la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ  annonçant la nôtre !

Jésus va illustrer ces paroles par les deux signes qu’Il va réaliser à Capharnaüm « village du consolateur » [de Kfar=village et Nahoum= consolation, compassion]. De plus, Il se tient au bord de la mer, là où symboliquement demeurent les puissances de la mort. Il va rendre ces deux femmes à la plénitude de la vie, à la possibilité pour elles de la maternité qui donne vie. En les guérissant, Il se révèle comme le Dieu présenté dans le livre de la Sagesse, Celui qui donne vie. « Eveille-toi »  en grec : egueirè [egeire], dit-Il à la plus jeune et « elle se lève »  en grec: anestè [anesth]: deux mots qui désignent la résurrection. Enfin, il dit à la femme : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ta souffrance ». Et à l’entourage de la petite : « …Puis Il leur dit de la faire manger », le fait de manger étant l’expression de la vie (comme le Christ ressuscité mangera devant ses disciples étonnés ou sceptiques).

Jésus est-Il pour nous ce maître de la vie qui répond à nos appels pour que triomphe la vie, comme Jaïre l’a fait pour sa fille ? Nous avons tellement d’occasions pour l’appeler pour nous et pour ceux autour de nous ! 

Jésus, touché par la foi de cette femme, privée de donner vie qui souhaite qu’elle l’exprime devant tous, en la félicitant : Manifestons-nous la foi en faveur de la vie lorsqu’elle est menacée et soutenons-nous ceux qui se battent pour qu’elle soit respectée de son origine à la fin ?

Jésus, qui encourage le père de la jeune fille en lui disant « Ne crains pas ! Crois seulement » Risquons-nous une parole, une action qui montre notre confiance en Lui afin de compatir avec ceux qui sont éprouvés ?

Jésus, qui prend la main de la jeune fille pour l’éveiller et la rendre à la vie : lorsqu’il nous arrive parfois d’être comme mort, frappé par une épreuve, un échec, un deuil… pensons-nous à Lui qui nous prend par la main pour une vie nouvelle à construire !

Bref, Jésus qui veut la vie pour nous 

En ces jours d’ordinations presbytérales, remercions le Seigneur pour les appels qu’il a adressés à ces hommes et pour les réponses qu’ils leur ont fait. Nos communautés et notre Église a bien raison de faire monter vers le ciel  d’intenses prières, non seulement pour que le Seigneur appelle des ouvriers à sa moisson, mais pour qu’Il ait ces réponses généreuses comme celles de ces jeunes. Leurs témoignages manifestent leur foi, leur grande générosité, leur enthousiasme. Ils n’ont pas peur de relever certains défis d’aujourd’hui, non sans crainte des résistances et des combats, mais avec la force du Seigneur, car ils savent qu’ils servent Jésus-Christ qui est pour nous tous notre maître, Lui qui est le prince de la Vie !

Ensemble, prions pour eux et rendons-Lui grâce !

AMEN ! 

jeudi 20 juin 2024

HOMÉLIE 12ème Dimanche Ordinaire. B - Mc 4,35-41 23 Juin 2024 Confiance dans la tempête.

 

HOMÉLIE 12ème Dimanche Ordinaire. B - Mc 4,35-41

23 Juin 2024

 

Confiance dans la tempête.

 

Qui, dans une vie qui se déroulait sans histoire, n’a pas vu surgir un évènement qui le touche, lui ou un proche (accident de santé ou de la route, rupture, échec, violence subie…) qui ressemble à une tempête ? Nos repères sont bouleversés ; nous nous sentons petits, perdus. Dieu Lui-même nous semble absent.

 

Pourquoi l’évangile nous raconte-t-il cette histoire survenue aux disciples qui avaient déjà bien commencé à suivre Jésus ? Et n’y aurait-il pas un autre moment où ces mêmes disciples traverseront une autre tempête ? Un moment où ils éprouveront une peur profonde et une incompréhension devant le maître qui s’est endormi dans la mort. Et ce même Maître qui, « Réveillé  », invective la mer comme s’il s’adressait à une personne : « Silence ! Soit muselée ! Le vent tomba et il se fit un grand calme. » Enfin, de nouveau, le Maître étonné devant leur panique et sa question : « N’avez-vous pas encore la foi ? ».

Oui, cet autre moment ils le vivront lorsque Jésus, arrêté, seul, abandonné, condamné, torturé, crucifié, s’est « endormi dans la mort », les laissant désemparés : p« Réveillé d’entre les morts » (c'est ainsi qu'on parle de la Résurrection), leur reprochant même encore leur peu de  foi. Alors, ils se souviendront d’avoir traversé une autre tempête, quelque temps auparavant, sur la Mer de Galilée. Ils nous la racontent pour nous laisser un message d’espérance et de foi, nous qui pourrions crier comme eux : « Maître, nous sommes perdus ! Cela ne te fait rien ?»

    

Aujourd’hui, que répondrions-nous ? Certes, si nous éprouvons parfois que le Seigneur semble « dormir », n’oublions pas qu’il est « sur le coussin à l’arrière de la barque », c’est-à-dire qu’Il est là où se trouve le gouvernail. Il sait où il nous conduit. Ressuscité, vainqueur de la mort, Lui le seul est capable de museler les forces du mal et de la mort. Lui seul peut nous sauver. Alors, « qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? ».

 

La réponse est dans les versets du Psaume que nous avons  chanté avant la deuxième lecture : « Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur et lui les a tirés de la détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues » Ps 107(106), 28-29. Il est le Fils de Dieu, Celui qui lorsque nous mettons notre foi en Lui et Lui faisons confiance, nous fait entrer dans un monde nouveau.

 

C’est bien ce qu’exprime St Paul dans l’extrait de la 2ème lettre aux Corinthiens que nous avons entendu ce dimanche.

« Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur Lui, qui est mort et ressuscité pour eux. Désormais, nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine… Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né »

 

Une tempête peut nous faire prendre conscience de notre peu de foi mais aussi de notre vocation à être de plus en plus dans le Christ et de passer petit à petit avec Lui sur l’autre rive, dans ce monde nouveau.

 

« Ils se réjouissent de les voir s’apaiser [le vent et les flots]

D’être conduits au port qu’ils désiraient.

Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour,

De ses merveilles pour les hommes » Ps 107 (106) ,30-31

 

AMEN !

vendredi 14 juin 2024

HOMÉLIE 11ème Dimanche Ordinaire B. "Paraboles du grain semé et du grain de moutarde." Mc 4,26-34 - 16 Juin 2024

 

HOMÉLIE 11ème Dimanche Ordinaire B. Mc 4,26-34

16 Juin 2024

Paraboles du grain semé et du grain de moutarde.

 

Dans ce passage d’Évangile, Jésus vient nous parler du Règne de Dieu, ce Règne qui peut nous paraître étrange et loin d’être réalisé : alors écoutons-Le, que dit-Il ?

Il le compare d’abord à « un homme qui a jeté en terre une semence… Qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit ». Cette comparaison exprime clairement la force interne, secrète et dynamique du Règne de Dieu qui agit sans que les hommes y soient les seuls acteurs. C’est bien rassurant quand, au terme d’une année pastorale, nous faisons des bilans, ayant œuvrés autant que nous le pouvions au champ du Seigneur. La puissance de Dieu a en effet agit dans le silence pour faire germer la vie nouvelle. C’est donc une parole d’espérance invitant à la patience pour tous ceux qui aimeraient que le Royaume de Dieu vienne plus vite et plus nettement, ou même aujourd’hui, pour les nombreux chrétiens humiliés ou persécutés pour leur foi.

L’autre comparaison du Règne de Dieu, c’est la graine de moutarde, “la plus petite de toutes les semences du monde”, pas plus grosse qu’une tête d’épingle : elle exprime quant à elle le contraste saisissant entre la petitesse de la graine et la grande plante qu’elle devient. Cette parabole s’adressait tout particulièrement aux premières communautés chrétiennes, toutes petites, qui risquaient de se décourager devant l’immensité de la mission auprès du monde païen. Ne serait-elle pas d’actualité face à une laïcisation croissante de notre société et, en contrepartie, d’une déchristianisation que nous constatons tous les jours ?

Le Seigneur nous confirme qu’Il est toujours avec nous et que la réussite de notre apostolat nous dépasse, mais que la progression est inéluctable. Il en est ainsi de la pérennité de l’Église depuis 2000 ans, mais aussi de tout ce qui se vit en Église aujourd’hui : depuis toutes les communautés de religieux et religieuses, monastères et lieux de vie, si divers,  et tous les groupes et mouvements chrétiens qui sont apparus depuis plusieurs années et même siècles pour certains : scoutisme ; Équipes Notre Dame, parcours ALPHA, Vie Chrétienne (CVX), Communautés de l’Emmanuel ou du Chemin Neuf, sans compter les publications chrétiennes de bonne tenue, émissions radio Notre-Dame ou RCF, télévisuelles KTO. Mais aussi dans le domaine social : services d’entraide et solidarité, associations chrétiennes ouvertes au monde et en particulier à ceux qui sont plus fragiles et démunis de notre société: Fondations anciennes comme celle de l’abbé Pierre, des Conférences St Vincent de Paul, du Secours Catholique… Nouvelles : "Le Rocher", jeunes coopérants,  "Enfants du Mékong", ANAK aux Philippines, missions des MEP, de la DCC… enfin, plus proches de nous en cette période de l’année, de nombreuses propositions pour se ressourcer cet été : pèlerinage des mères de famille qui a eu lieu au Mt St Michel ; bientôt, des pères de famille à Vézelay ; et pour les 170 jeunes collégiens en lycéens de nos paroisses, « "L’échappée belle".  S’ajoute à ce panorama réconfortant, Étienne DELBENDE de notre paroisse, Grégoire KANENGIESER et Guillaume LEMOINE qui seront ordonnés prêtres dans notre diocèse le 30 juin. Enfin constatons la croissance non négligeable des séminaristes dans bien des pays récemment évangélisés.  Dans l’Église, comme le prophète Ézéchiel, dans la première lecture de ce Dimanche l’annonçait à propos de l’arbre planté par Dieu Lui-même : « Toutes sortes d’oiseaux habiteront à l’ombre de ses branches” Ez 17,23. Il désignait ainsi tout homme (dont les païens), qui pourront bénéficier de la venue du Règne de Dieu.

Jésus « leur annonçait la Parole dans la mesure où ils étaient capables de comprendre ». Mais les paraboles restent des énigmes pour beaucoup. C’est que le mystère de Jésus, sa personne et son message, a quelque chose d'inaccessible. Car pour entrer dans ce mystère, il y a une condition essentielle: il faut Lui faire confiance, "cheminer dans la foi, non dans la claire vision" écrivait St Paul aux premiers chrétiens de Corinthe (2 Co 5, 6) et davantage encore, se mettre à Sa suite sur le chemin qui mène à Sa Passion et Sa Résurrection. Les disciples vivront ces évènements, mais Jésus les prends à part pour les préparer, avant qu’ils n’arrivent, en leur expliquant clairement le sens de ces paraboles.

Quant à nous,  « Laissons-nous rejoindre par le mystère d’une vie qui ne vient pas de nous mais qui ne se donne pas sans nous,  en nous disposant  intérieurement à entrer plus avant dans la confiance » (Anna Da, Xavière, prions en Église p.124), avec la grâce de son Esprit Saint.

AMEN ! 

vendredi 7 juin 2024

HOMÉLIE du 10° Dim. Ordinaire B "Si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'aura jamais de pardon". Mc 3,29 - 09.06.2024

 

HOMÉLIE du 10° Dim. Ordinaire B Mc 3,20-35

09.06.2024

 

"Si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'aura jamais de pardon". Mc 3,29

 

 

« Amen je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'aura jamais de pardon" Mc 3, 28-29

 

Autant la première partie de ces paroles de Jésus ne nous  étonne pas, puisque la miséricorde de Dieu est sans limite, autant la seconde partie peut nous choquer et même nous paraître contradictoire avec ce que nous entendons habituellement de la bouche de Jésus. Il dit clairement qu’il y aurait un péché impardonnable.

 

Mais d’abord, qu’est-ce qu’un blasphème ?

Un blasphème, c’est toute parole offensante contre Dieu (au fond du cœur ou extérieure), manifestant une haine, un manque profond de respect envers Lui et en dénigrant  ses œuvres. C’est également abuser de son Nom pour couvrir des actes mauvais. Le blasphème s’étend également quand il est proféré contre l’Église, les saints ou les choses sacrées.

 

Jésus introduit cependant une différence entre les blasphèmes. Elle apparaît clairement dans un passage parallèle de cet Évangile dans l’Évangile de St Matthieu, (Mt 12.32), Voici ce qu’Il dit : « Si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné » L’homme en effet peut méconnaître le mystère du Fils de l’homme, qui est Fils de Dieu.

Et Jésus ajoute également : « Mais s’il parle contre l’Esprit-Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce monde, ni dans le monde à venir ».

 

     Là, Jésus se montre plus radical : pourquoi ?

C’est bien parce que l’homme n’est pas excusable de ne pas reconnaître les bonnes œuvres que Dieu opère auprès des hommes. Dans le cas présent, c’est au moment où Il vient de guérir un possédé du démon que les scribes traitent Jésus de démon : « C’est par Béelzéboul qu’il expulse les démons ». Ils interprètent mal le signe que Jésus vient d’opérer dans l’Esprit et Ils ne reconnaissent pas l’œuvre de Dieu ! Ils ne comprennent rien à l’Amour de Dieu qui vient de libérer un pauvre homme par l’action de Jésus. Alors quel que  soit ce Jésus, ils devraient rendre grâce de cette libération donnée par Dieu et l’accueillir avec joie et  reconnaissance.

 

Cette malveillance envers celui qui a agi au nom de Dieu enferme leurs cœurs et leurs intelligences et les empêchent de discerner le bienfait de Dieu : c’est cela qui constitue le blasphème contre l’Esprit Saint et Dieu ne peut leur offrir Son Pardon car ils s’en sont rendus incapables.

 

Frères et sœur, ne croyons pas trop vite que nous soyons à l’abri de cette absence de bienveillance car notre cœur risque fort  de nous empêcher de croire à la bienveillance de Dieu et à son action bienveillante pour l’homme. Notre paroisse a désigné St Joseph comme l’un de ses patrons avec Notre Dame et St Martin et nous lui avons attribué cette merveilleuse vertu de bienveillance qui élargit les dimensions du cœur. Alors, suivons-le avec la grâce de l’Esprit du Seigneur par lequel Jésus libérait les possédés du démon, de l’accusateur, du malveillant extrême.

 

AMEN !