samedi 30 décembre 2023

HOMÉLIE 1er Janvier B. "Sainte Marie, Mère de Dieu" - Nb 6, 22-27. - Le 1er Janvier 2024

 

HOMÉLIE 1er Janvier B. Sainte Marie, Mère de Dieu.

Le 1er Janvier 2024 - Nb 6, 22-27.

Les Bénédictions, que nous recevons de la première Lecture (Nb 6, 22-27) de ce Nouvel An 2021, me semblent tout à fait appropriées pour vous présenter mes Vœux.

Dans sa nouvelle Déclaration "Fiducia supplicans", qui soulève tant de réactions de refus chez certains (mais l’ont-ils seulement lue ?), le pape François cite ce beau texte de la Première Alliance du livre des Nombres que nous avons entendu en première lecture :

15. « Que le Seigneur te bénisse et te garde. Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il te prenne en grâce. Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t'apporte la paix » (Nb 6, 24-26). Cette « bénédiction sacerdotale » que nous trouvons donc dans l'Ancien Testament a un caractère « descendant » puisqu'elle représente l'invocation de la bénédiction qui descend de Dieu sur l'homme : elle constitue l'un des plus anciens textes de bénédiction divine. Il y a ensuite un deuxième type de bénédiction que nous trouvons dans les pages bibliques, celle qui « monte » de la terre vers le ciel, vers Dieu. La bénédiction équivaut alors à louer, célébrer, remercier Dieu pour sa miséricorde et sa fidélité, pour les merveilles qu'il a créées et pour tout ce qui est arrivé par sa volonté : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être » (Ps 103,1).

Le pape François ajoute un peu après :

19. Dans son mystère d'amour, à travers le Christ, Dieu communique à son Église le pouvoir de bénir. Accordée par Dieu à l'être humain et octroyée par lui à son prochain, la bénédiction se transforme en inclusion, en solidarité et en pacification. C'est un message positif de réconfort, de sollicitude et d'encouragement. La bénédiction exprime l'étreinte miséricordieuse de Dieu et la maternité de l'Église qui invite les fidèles à avoir les mêmes sentiments que Dieu envers leurs frères et sœurs.

Ainsi : 21. « Lorsqu’on demande une bénédiction, il s’agit d’une demande d’aide adressée à Dieu, d’une prière pour pouvoir vivre mieux, d’une confiance en un Père qui peut nous aider à vivre mieux

 « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage ! Ce qui pourrait signifier que Dieu te confie d’être témoin de Sa lumière, car, de même que la lumière de la lune reflète celle du soleil, de même, tu n’es pas la lumière mais tu reçois de Dieu Sa Lumière et tu  peux en être porteur auprès des autres !

« Qu’Il se penche vers toi … Que le Seigneur tourne vers toi son visage… ». Dieu te regarde avec amour, avec douceur même, et veut vivre avec toi, faire alliance avec toi. Pensons-nous suffisamment à cette incroyable initiative de Dieu à l’égard de tous et de chacun, quel qu’il soit, car « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons comme et pleuvoir sur les justes et les injustes » (Mt 5,45) ?

         « Qu’Il t’apporte la paix ! »  La Paix : Shalom  ml$.  Cette paix est aujourd’hui partout particulièrement demandée. Elle  a également une dimension de plénitude au plan de la santé, du bien-être, de la prospérité et avec Dieu en particulier dans la relation d’Alliance qu’Il a faite avec nous.

         A présent, c’est au Nom de Jésus/“Dieu sauve”, accompagné de Marie, mère de Dieu que nous célébrons aujourd’hui, que nous sommes bénis. C’est Lui, qui scelle la Nouvelle Alliance avec chacun au baptême et qui la renouvelle dans l’Eucharistie. Il fait briller sur nous son visage, Il nous fait témoin de sa Lumière et Il se penche vers nous, apporte la Paix sur notre vie, à plus forte raison si elle est marquée par les épreuves et les souffrances, voire la détresse.    

Les vœux  que nous formulons pour nos proches, nos amis ou nos relations peuvent être empreints de la force de notre foi. Nous pouvons même les bénir : leur vie est précieuse sous le visage de Dieu qui se penche sur chacun d’eux !

         Que la Vierge Marie, qui a accueilli les bénédictions de Dieu comme une humble servante, nous aide à placer cette année qui s’ouvre sous le signe de la foi et de l’accueil de la grâce divine. Quelle bénisse notre communauté qui verra la consécration de notre future église placée sous le patronage de St Joseph qui a veillé sur Marie et Jésus avec tant d’attentions, protégeant la mère du Sauveur et éduquant le Fils de Dieu ! Qu’à leurs exemples, chacun fasse fructifier la bénédiction divine et nous aide à devenir un peu plus son fils ou sa fille, porteur de la lumière de l’Évangile à notre entourage.   AMEN !

vendredi 29 décembre 2023

HOMÉLIE Dimanche de la Sainte Famille Année B - Lc 2, 22-40 - 31 Décembre 2023

 

HOMÉLIE Dimanche de la Sainte Famille Année B

Lc 2, 22-40  -  31 Décembre 2023

 

Entre Noël et le 1er Janvier,  l’Église nous présente pour modèle "la Sainte Famille”

Un paroissien me confiait qu’il avait beaucoup de mal à considérer comme “modèle” cette famille en tout point tellement originale : un fils qui est Dieu, né d’une vierge avec un père adoptif ! Alors, en quoi cette famille si particulière peut-elle être proposée comme modèle pour nos familles ?

         Il est vrai que, la plupart du temps, lorsque nous parlons de la famille, nous avons à l’esprit un homme marié à une femme avec des enfants. Mais ce modèle n’est-il pas étranger aujourd’hui à bien des personnes ? Divorcés ; divorcés remariés ; mère ou père célibataire avec enfants ; famille où l’un de conjoints a rejoint le Père ; enfant unique que l’on a eu tant de difficulté à accueillir qui a fait de même ?

Ce mot famille ne se devrait-il pas être ouvert à toutes les formes de vie où l’on accueille comme frère celui ou celle qui trouvera un toit ? "Famille", ne vient-il pas du latin "famulus", serviteur, vivant sous le même toit que ses maîtres ?

Alors, n’hésitons pas à suivre cette "Sainte Famille".

         Cela commence par une “Annonciation” et un accueil confiant d’un merveilleux message mais aussi d’une situation délicate et hors du commun pour Marie et Joseph.

         Puis après l’attente, vient l’humble naissance et la visite  d’autres personnages : les bergers et les mages. Suit la fuite en Égypte et la tragédie des “Saints Innocents”

         Enfin la présentation au Temple et la rencontre avec ces deux “justes” que sont ces “anciens”, Anne (qui veut dire "grâce") et Siméon (qui veut dire "Dieu a entendu"), livrant à leur tour leurs prophéties et leurs actions de grâce.

         Une famille bien insérée dans l’histoire de son temps, se rendant à Bethléem pour s’y faire recenser ; obligé de fuir devant la cruauté du tyran de l’époque et accomplissant les rites de la présentation du premier-né tel que le voulait la foi de leur peuple.

« Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui ».

Voilà : tout revient dans le cours du temps. Rien ne se passera jusqu’aux 12 ans de Jésus, lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Jésus essaiera alors de faire comprendre à ses parents "qui" Il était : « Ton père et moi nous avons souffert en te cherchant ! – Il leur dit : Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? Mais ils ne comprirent pas ce qu’Il leur disait » Lc 2,48-50. Réponse étonnante, mais de quel père s’agit-il ? Joseph, père adoptif ou Le Père des cieux ? Facile pour nous de répondre, qui savons que Jésus est Fils de Dieu. St Luc a simplement voulu nous faire entrer dans le mystère de l’Incarnation dans lequel Jésus est à la fois Dieu et homme par Marie.

Puis plus rien jusqu’aux environs des trente ans de Jésus.

Que comprendre ? Le temps de Dieu n’est pas seulement celui des évènements extraordinaires : il est le temps de tous les jours. La vie de famille est humble mais grande par la multitude des gestes d’amour, d’affections, d’écoute, d’échanges, d’obstacles et de conflits dépassés. Elle est grande aussi par la foi. Combien d’actes de foi ont été faits par Marie et Joseph depuis l’Annonciation jusqu’au pied de la Croix, pour Marie ! Faire confiance à Dieu, comme Abraham et Sarah, comme Marie et Joseph, même si à hauteur de vie humaine, l’avenir semble fermé ou extravagant pour nos enfants, nos parents ou nos grands parents, et même cousins, oncles et tantes. Garder confiance quand vient la maladie physique ou psychique de l’un ou l’autre de ses membres, quand les relations conjugales parfois fatiguées par le travail ou la perte des échanges deviennent plus difficiles. Espérer dans le délicat dialogue envers les adolescents ou encore dans la prise en charge de nos parents âgés et devenant dépendants

La “Sainte Famille” est celle qui ose croire, malgré tout, à la présence de Dieu dans son histoire et en particulier, à l’immense force du pardon vrai et de l’amour donné par l’Esprit Saint, cet amour qui peut toujours être vécu et même renaître plus profond encore.

Que le Seigneur bénisse toutes nos différentes familles !

AMEN !                

mardi 19 décembre 2023

HOMÉLIE 4ème Dimanche de l’Avent Année B – “Qu’advienne en moi ta Parole…” Lc 1,26-38 - 24 Décembre 2023

 

HOMÉLIE 4ème Dimanche de l’Avent Année B – Lc 1,26-38

24 Décembre 2023

 

“Qu’advienne en moi ta Parole…”

 

A l’approche de Noël, la liturgie de ce dernier Dimanche de l’Avent nous fait entendre le récit de l’Annonciation, que nous connaissons bien, puisqu’il est souvent choisi pour les fêtes mariales. Qu’il nous aide à entrer dans le Mystère de Dieu qui va venir.

Les acteurs ? L’ange Gabriel et Marie

L’ange Gabriel : Son nom l’indique : c’est l’ « homme fort de Dieu », le héraut de Dieu, l’annonciateur du temps de salut envoyé au prophète Daniel, dans ses visions (Dn 8, 16-17 et 9, 21-27). Celui qui a déjà été envoyé à Zacharie, six mois auparavant : Lc 1, 19.

Marie : Son nom signifierait : « Dame ». Une jeune fille promise en mariage à Joseph, un descendant de David. Dieu n’a-t-Il pas de la suite dans les idées ?  Il est fidèle à la promesse faite à David, mille ans auparavant, par le prophète Nathan (2 S 7,13-16)

Réjouis-toi ! Lorsque Dieu prend une initiative, lance un appel, la joie l’accompagne et c’est un critère d’authenticité de sa part, même si cet appel peut susciter quelque crainte, notamment en raison de la distance qu’il y a entre ce que nous connaissons de Lui et ce qu’Il est réellement.

Suit alors le message de l’ange, tissé de citations et références bibliques : Jésus (Yéoshua) = Josué = Dieu sauve ; Grand (qui est même passé dans la profession de foi musulmane : Allah est grand !) ; Fils du Très-Haut ; trône de David son père ; il règnera sur la maison de Jacob…. Ces expressions garantissent une fois de plus l’origine divine du message, conforme aux promesses. Dieu est « cohérent » parce qu’Il est la sainteté même qui s’exprime dans la pureté de ses Paroles (pour les comprendre, il est donc nécessaire de bien connaître sa façon de parler, et ainsi devenir « familier » des Saintes Écritures).

« Comment cela se fera-t-il… ? » Non pas : « A quoi le saurai-je puisque je ne connais point d’homme ? » à la façon dont Zacharie, dubitatif, voire incrédule, avait répondu à Gabriel. Autrement dit, « Que dois-je faire pour que cela se réalise ? ». Marie a déjà accepté le projet de Dieu et elle veut participer à sa réalisation. Cela est confirmé par la réponse de l’ange : « L’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Ces termes, là encore, désignent la pure intervention divine. Et Gabriel continue : « C’est pourquoi, mot à mot, celui qui est entrain d’être engendré sera saint… » La conception de Jésus ne se fait pas attendre, tant la réponse de Marie est totale et immédiate.

Enfin, après l’annonce de la naissance d’un fils à la « femme stérile », qui est donné à Marie comme signe de l’amour tout-puissant de Dieu (et qu’elle n’a pas demandé !), Marie dit son « fiat » (en latin) mais qui dans l’original grec, pourrait se traduire ainsi : « Qu’advienne en moi ta parole ! »

Voilà donc un récit riche et dense où se manifeste le grand respect du Créateur envers sa créature qui l’accueille sans réserve. Les cieux réconciliés avec la terre ; Marie, nouvelle Eve renouant dans la plus grande confiance avec le Créateur. Ne porte-t-elle pas en elle le nouvel Adam ? Contemplons et louons le Seigneur pour ce merveilleux Mystère de l’Incarnation.

Avec Marie et comme elle, faisons confiance, même dans les situations qui nous apparaissent fermées, bloquées, sans issues, à la toute-puissance de l’amour de Dieu. En ces temps troublés, n’ayons pas peur, car comme pour Marie, le « Seigneur est avec nous ». Laissons ses Paroles advenir en nous, afin qu’elles portent du fruit en nous et par nous,         

AMEN !         

mercredi 13 décembre 2023

HOMÉLIE 3ème Dimanche de l’Avent Année B "Réjouissez-vous ! Gaudete !" Jn 1,6-8 ; 19-28 - 17.12.2023

 

HOMÉLIE 3ème Dimanche de l’Avent Année B

17.12.2023 – Jn 1,6-8 ; 19-28

 

  Réjouissez-vous ! Gaudete !

 Quel serait le motif de nous réjouir aujourd’hui alors que nous sommes abreuvés des drames de ce monde et que nous nous sentons bien souvent impuissants ! Et dans ce climat anxiogène, à l’approche de Noël, l’Église nous met en présence d’un personnage tout à fait exceptionnel, qui, à lui seul, est une prophétie : Jean le Baptiste.

                   Tout d’abord, sa naissance est miraculeuse, dans ce foyer sans enfant, Zacharie et Élisabeth, étant par ailleurs avancés en âge. Son nom ? Jean “YoHan” : le Seigneur fait grâce. C’est un homme du désert, vêtu comme un prophète, homme d’absolu, n’ayant peur de personne, fustigeant les autorités politiques et religieuses qui se moquent de Dieu, homme sans concession (cela lui vaudra sa tête), mais homme libre. Mais plus encore, il est l’envoyé de Dieu Jn 1,6. Il est le pro-phète, “celui qui parle devant”, appelant à la conversion  (retournement vers Dieu), à la pénitence pour déblayer la voie de Dieu : Aplanissez les collines de votre orgueil, de votre volonté de puissance, de vos égoïsmes, de vos cupidités et de vos violences…Comblez les ravins de vos vanités, des vides de vos vies sans avenir et sans partage, remplies de leurs lâchetés quotidiennes …

                   Une fois qu’il a dit ce qu’il était et ce qu’il n’était pas, il fait une curieuse annonce. Jn 1,26: « … Au milieu de vous se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas… ». Ce qui veut dire : Le Messie annoncé que vous attendez, il est déjà parmi vous et vous ne le connaissez pas. D’ailleurs, Jean lui-même avouera que lui non plus ne le connaissait pas, bien qu’il fût cousin de Jésus. Voilà quel est cet envoyé de Dieu, totalement disponible à ses appels, car totalement humble : Jn 1, 27 « …celui qui vient derrière moi, dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale. »

                    Lorsqu’il sera en prison, et au fond d’un cachot il sera même assailli de doutes au sujet de ce cousin, Jésus. Jean-Baptiste envoie alors ses disciples poser à Jésus la question de confiance : Lc 7, 20-23 « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?" Et c’est jésus Lui-même qui, à cette heure-là, « guérit beaucoup de gens affligés de maladies, d'infirmités, d'esprits mauvais, et rend la vue à beaucoup d'aveugles » répond  aux envoyés: “Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres; et heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi!" (N’est-ce pas la prophétie même d’Isaïe que nous avons entendu lors de la 1ère Lecture de ce jour ! Jean-Baptiste a dû être rassuré, lui qui connaissait bien ses Écritures !

                   Ne nous arrive-t-il pas aussi de chercher des signes de la présence du Christ dans notre monde si abîmé, où Dieu semble bien absent ? Si nous voulons discerner les signes de sa présence, demandons d’abord l’Esprit du Père : « ne l’éteignons pas car Il nous aide à discerner la valeur de toute chose » Th 5,20). Puis, en suivant Isaïe (1ère Lecture) regardons les pauvres, quelque soit leur “ pauvreté” : victimes de violence, éprouvés dans leur corps ou leur cœur, prisonniers, malheureux de toutes sortes…Là où ils reçoivent écoute, accueil, prise en compte de leur détresse, matérielle, psychologique ou spirituelle, là est Dieu ; là se trouvent les signes de la présence de Dieu.

                    Participons nous-mêmes à la manifestation de ces signes : par toute initiative de bonté, rendons présent Celui dont nous tenons cette bonté : apportons sa joie et sortons de cette atmosphère sans espérance qui ignore Celui qui nous appelle à sa Vie.

                    Bonne préparation à Noël !                                                                    

AMEN !