jeudi 11 février 2021

HOMELIE 6ème Dimanche ordinaire. Année B. "Guérison du lépreux " - Mc 1,40-45 - 14 Février 2021

 

HOMELIE 6ème Dimanche ordinaire. Année B. Mc 1,40-45

14 Février 2021

 

Guérison du lépreux 

         La première lecture du Lévitique nous a rappelé combien cette maladie, que l’on peut à présent guérir, pouvait être non seulement physiquement mais psychologiquement douloureuse. Il montre à quel point le malade était considéré comme un  “mort vivant », exclu de la communauté qu’il pouvait contaminer. A cela s’ajoutait la croyance que cette maladie était la conséquence d’un grave péché et d’une punition de Dieu. La lèpre était devenue symbole du péché grave qui dégrade l’homme et l’exclut de la communion avec les autres et avec Dieu.

         Jésus va bouleverser cette manière de voir. Sans doute, le lépreux avait-il entendu parler des nombreuses guérisons que Jésus accomplissait. Il pensait que la force de vie qui émanait de Lui l’emporterait sur la force de mort émanant de sa propre personne atteinte par la maladie. Toujours est-il qu’il enfreint la Loi de Moïse et s’approche de Jésus en tombant à ses genoux.

         Jésus est “ému aux entrailles”, expression très forte qui dit combien Il compatit à cette détresse humaine. Il enfreint à son tour la Loi et touche le lépreux. Pourquoi le fait-Il ? La Loi est faite pour la vie. Il est la Vie. Jésus signifie par là qu’il va apporter un flux vital : au lieu qu’il aille de l’homme malade vers l’homme sain pour le contaminer, il va de l’homme sain (et trois fois saint !) vers le malade pour le guérir. Jésus accompagne son geste d’une parole : « Je le veux, sois purifié. » Et pourtant, sa parole est vigoureuse : mot à mot, « Après l’avoir menacé, aussitôt, il le jette dehors et lui dit : “Vois : Ne dis rien à personne, mais va, montre-toi au prêtre et apporte pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi…” » Jésus indique donc qu’il n’a pas voulu transgresser la Loi, qui elle aussi conduit à la vie (Deutéronome 30,15-20), mais il invite le lépreux à s’y conformer pour être réintégré dans le peuple de Dieu.

         Mais alors, pourquoi cette consigne de silence ? Pourquoi demander un silence impossible à garder, tant la joie de cette guérison est grande et tant la reconnaissance de ce lépreux veut s’exprimer ?  Il est vrai que cela a quelque chose d’étonnant. Le résultat de cet enthousiasme devrait nous aider à comprendre.

Jésus est en effet empêché dans sa mission : le lépreux a parlé des “prouesses” médicales de Jésus : est-il vraiment entré dans la vocation de Jésus qui est de guérir les cœurs du péché ? Jésus pourra atteindre le cœur des pécheurs lorsqu’il ne se montrera plus tout-puissant mais rempli d’amour sur la Croix, jusque pour ses bourreaux. C’est bien ainsi que le comprendra le bon larron. Les miracles de Jésus ne sont pas des preuves pour croire. Ils sont là pour manifester qui est Celui qui les opère ; quelle est sa vraie mission, quelle autorité et quel pouvoir l’habitent.

         Une paroissienne me disait un jour dans une réunion à laquelle je participais : « Je n’aime pas qu’on mette en avant les guérisons miraculeuses obtenues grâce à des prières, même si je m’en réjouis et remercie le Seigneur. Car que dire à ceux qui, ayant prié, ne sont pas exaucés ? » En faisant la publicité de ces faits, on risque de les blesser,  et d’oublier que la vraie guérison profonde, intérieure, exigeante, est celle qui nous met en relation totale avec Dieu et tous nos frères. En cela, le lépreux a fait erreur : par son témoignage tonitruant et la désobéissance à la demande de Jésus, ne l’a-t-il pas fait exclure des villes en le forçant à rester « dehors dans les lieux déserts » ?

Lorsque nous parlons de notre foi, gardons-nous de présenter ces ”miracles” d’aujourd’hui de façon “utilitaire” “performante” et si nous pouvons en témoigner, (car il y en a encore aujourd’hui, notamment à Lourdes), c’est davantage pour révéler la foi de ceux qui ont été guéris ou de leur entourage, comme l’évangile le racontait dans la guérison du paralytique à Capharnaüm (Marc 2,1-12). Sinon, nous pourrions à notre tour exclure, sans le vouloir bien sûr, des personnes ou leur entourage restées dehors, parce que non exaucées, contrairement aux miraculés.

Seigneur, donne-nous de bien comprendre ta mission, Toi qui es venu nous guérir de nos péchés de jugement et d’exclusion. Aide-nous à purifier nos relations envers Toi et envers les autres et qu’elles deviennent contagieuses d’amour vrai, désintéressé et engagé.

AMEN !

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