HOMELIE 13ème
Dimanche Ordinaire, Année A Mt 10,37-42
28 Juin 2020
“Celui
qui ne haïra pas son père…”
Voici des paroles de Jésus qui peuvent nous paraître bien sévères : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne
de moi ; Qui aime son père ou sa mère
plus que moi n'est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n'est pas digne de moi. Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi
n'est pas digne de moi. Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa
vie à cause de moi la trouvera. » Mt 10, 37-39.
Et ce, juste au
moment où commencent les vacances estivales qui sont un temps privilégié pour
que les familles se retrouvent, se re-créent. Comment comprendre ce passage
d’Évangile ?
Cette parole porte sur l’amour filial et semble contredire le
4ème Commandement : « Honore
ton père et ta mère, afin
que se prolongent tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu. (Ex
20, 12) et celui qui maudit son père ou sa
mère, qu’il soit puni de mort. (Ex 21, 17)
Jésus reprend d’ailleurs ce commandement à son compte pour
dénoncer l’hypocrisie des pharisiens : « Mais vous, vous dites: Quiconque dira à son père ou à sa mère: "Les
biens dont j'aurais pu t'assister, je les consacre" [sous-entendu au Temple de Jérusalem], celui-là sera quitte de ses devoirs envers son père ou sa mère. Et vous
avez annulé la parole de Dieu au nom de votre tradition.
Hypocrites ! » Mt
15, 5-7.
Reprenons
la parole de Jésus : « Celui qui aime son père…. »
Dans
ce verset, le mot “aimer”, que l’Évangile utilise, est le mot grec philein qui n’est pas celui qui,
dans les synoptiques, désigne l’amour de
Dieu et du prochain. (agapân). Il
a même chez Matthieu un sens péjoratif : « Et quand vous priez, ne
soyez pas comme les hypocrites: ils aiment (philein), pour faire leurs prières,
à se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu'on les voie »
Mt 6, 5 ou « [Les scribes et les pharisiens]
aiment (philein) à occuper le premier divan dans les festins et les premiers
sièges dans les synagogues, à recevoir les salutations sur les places publiques
et à s'entendre appeler Rabbi par les gens ». Mt 23,6-7. Jésus veut faire comprendre à
ses disciples que les liens familiaux, certes légitimes, peuvent devenir
des obstacles sur le chemin de ceux qui veulent suivre Jésus. Les disciples
eux-mêmes n’ont-ils pas quitté leur père (et leur filets…) pour suivre
Jésus ? Il en a été ainsi, pour bien des saints, par exemple, pour St
François d’Assise.
Il
s’agit donc de faire un choix nécessaire : les proches et la famille peuvent
être ou une aide ou un obstacle : « Nul
n’est prophète en son pays ! » Lc 4,24 et Jésus le
rappelle à sa famille même, sans remettre en cause l’amour filial, fondement
des liens entre générations. L’amour de Dieu ne peut qu’élever l’amour
filial en lui apportant toute sa force purificatrice, puisqu’à l’exemple du
Christ, il peut aller jusqu’au don de sa vie. L’amour de Jésus pour Marie,
sa mère, n’en est-il pas la meilleure illustration ?
Prenons donc ce temps estival pour
renforcer, par l’attention, l’écoute, le service et le bon temps à partager
ensemble, les liens d’affection et d’amour avec ceux que nous côtoyons tout au
long de l’année : enfants et parents ; épouses et époux ;
petits-enfants et grands parents ; voisins ou personnes isolées. Nous
rendrons gloire ainsi au Seigneur et ferons grandir les petites cellules
d’Église que sont nos familles ou nos proches. Que nous soyons deux ou trois ou
une ribambelle, c’est sans doute en pensant à tous les couples et à toutes les
familles que le Seigneur a dit un jour à ses disciples : “De
même, je vous le dis en vérité, si deux d'entre vous, sur la terre, unissent
leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père
qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je
suis là au milieu d'eux." (Mt 18, 19-20)
AMEN !