HOMELIE 32ème Dimanche du
Temps Ordinaire B. Mc 12, 38-44
11 Novembre 2018
« L’offrande de la veuve du
Temple »
L’Évangile de ce dimanche nous présente deux
séquences aux personnages bien opposés. D’une part, les scribes, plein de
vanité et d’hypocrisie et une pauvre veuve effacée et généreuse. Jésus mets en
garde contre l’attitude des premiers qui pourrait être parfois la nôtre si nous
n’y prenions garde, et s’intéresse davantage à cette pauvre veuve.
Qu’a-t-elle de si intéressant ?
Au temps de Jésus, une veuve était dans une très grande précarité.
Femme dans un monde plutôt masculin, elle était privée de la protection de son
mari et de ce fait ne disposait pas de ressources propres ni d’assistance. Elle
faisait partie des trois catégories de pauvres que la Bible mentionne tout au
long de ses livres : l’orphelin, l’étranger et la veuve. La Loi juive, la Torah,
prescrit plusieurs mesures en leur faveur : « Tu ne prendras pas en gage
le vêtement d’une veuve » « Tu leur laisseras les épis de blés que tu
n’auras pas moissonnés » « « Tu leur laisseras les olives que tu
n’auras pas ramassées » « Tu leur laisseras quelques grappes sur la
vigne que tu auras vendangée » (Dt 24, 17-22).
Jésus observe donc la foule qui vient apporter ses offrandes au
Trésor du Temple. Les riches mettent des grosses sommes : c’est alors,
dit-on, que l’on sonnait la trompette pour que les fidèles reconnaissent,
admirent et imitent éventuellement ces généreux donateurs. La « pauvre
veuve » ne dépose que deux piécettes (un quadrant, le 1/64 d’une journée
de travail, autrement dit, pas grand-chose, de fait). Mais pour Jésus, il en va
autrement !
« Amen, je vous le dis :… » Parole solennelle, qui va en étonner plus d’un, à commencer peut-être par les disciples. « …cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde ! » Pourquoi ? « … car tous, ils ont pris sur leur “périsseuntos” [mot à mot : “ce qu’ils ont en plus autour d’eux”], leur superflu, ce qu’il ne leur est pas nécessaire. « …mais elle, de son indigence (de son manque), elle jeta toute sa subsistance “bion” (vie, ressources pour vivre) »
Jésus s’émerveille de cette pauvre veuve. Il nous invite à voir
au-delà du visible, particulièrement, le
spectaculaire qui nous attire voire, nous fascine. Certains médias sont
redoutables pour cela. Lui, Jésus, nous conduit à ce qui est invisible mais à
l’œuvre dans un cœur capable de donner.
La 1ère lecture de ce dimanche (1R 17, 10-16) nous
présente également une veuve de Sarepta, au Liban actuel. Celle-ci offre au
prophète Élie tout ce qui lui reste de nourriture représentant quelques heures
à vivre avec son fils. Elle fait confiance au prophète et, à travers lui, à
Dieu. Ces veuves ont su découvrir, sans doute avec l’épreuve de leur deuil,
qu’elles n’avaient plus d’autre appui que Dieu seul. Par leurs gestes, elles
révèlent où est leur vrai trésor. Jésus
ne s’y trompe pas, Lui qui quelque temps après fera la même démarche en donnant
sur la Croix tout ce qu’Il a pour vivre, sa vie d’homme.
La veuve de Sarepta, la pauvre veuve du Temple et Jésus sont de la
même famille : généreux, humbles et discrets, mais si profondément croyants.
C’est ce que Jésus essaye d’apprendre aux disciples qui, comme les scribes,
s’intéressent jusqu’au bout aux premières places. Au lieu de cela, Il les
invite et Il nous invite à être discrètement généreux, et en même temps,
audacieux dans le don d’eux-mêmes.
Que la célébration de cette Eucharistie où le Christ une nouvelle
fois se livre à nous, nous aide à voir ce qui est discret, petit aux yeux du
monde mais si grand au regard de Dieu. Qu’Il nous donne, par son Esprit Saint,
le courage et la grâce de Le suivre.
AMEN !
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