jeudi 29 novembre 2018

HOMELIE 1er Dimanche de l’AVENT- C. Lc 21,25-28 ; 34-36 2 Décembre 2018


HOMELIE 1er Dimanche de l’AVENT- C. Lc 21,25-28 ; 34-36
2 Décembre 2018

AVENT, Temps de l’Espérance.

Redressez-vous, relevez la tête… ” Lc 21,28
 
Apocalyptique, le discours de Jésus annonçant sa venue dans l’Évangile de ce jour. Tout d’abord, à quel moment Jésus le prononce-t-il ? Dans le passage qui précède cet Évangile (Lc 21,5-24), Jésus est dans le Temple de Jérusalem. Les disciples en admirent la beauté. Jésus leur annonce qu’il n’en restera pas pierre sur pierre. A leur question : « Quand cela arrivera-t-il ? » Jésus répond par ce discours de style apocalyptique.
C’est un langage codé, pétri d’images de l’Ancien Testament, qu’il ne s’agit pas de prendre au premier degré. Jésus dévoile (ce que signifie étymologiquement le mot "apocalypse") en effet le projet de Dieu. Contrairement aux philosophes de l’Antiquité qui pensent l’histoire du monde comme un éternel recommencement, Il affirme que cette histoire a un sens ; que le monde a été créé par Dieu et qu’il est appelé à se renouveler avec le retour glorieux du Fils de l’Homme. Cette expression est tirée du livre du prophète Daniel. Dn 7. Dans une vision, celui-ci a vu des bêtes monstrueuses surgir de la mer et ravager successivement la terre. Elles représentaient les différents empires qui ont dominé la région. Elles furent remplacées par un fils d’homme qui vient sur les nuées du ciel et à qui un vieillard assis sur le trône a accordé une domination éternelle, une royauté qui ne sera pas détruite.
Jésus, en évoquant le bouleversement des repères habituels de notre monde (le soleil, la lune et les étoiles) ne fait qu’annoncer l’avènement de ce Royaume, qui ira de pair avec le renversement des pseudo-valeurs de ce monde : violence, mensonge, dérèglements de toutes sortes…de quoi susciter une panique profonde chez ceux qui s’y attachent aujourd’hui.
  Jésus recommande alors de rester éveillés, [mot à mot : « soyez sans sommeil » – (hupnos=sommeil)] ce qui pourrait signifier deux choses :
·         Sortez de vos « hypnoses » que Jésus énumère dans ce passage d’Évangile : débauche, ivrognerie, soucis de la vie, bref toutes formes d’addictions qui alourdissent le cœur et la volonté…
·         Mais aussi, veiller à suivre les “chemins de justice” dont parlent les psaumes ; chercher à “vous ajuster” à la volonté de Dieu et, par exemple, « à faire aux autres ce que vous aimeriez qu’ils nous fassent : là est la Loi et le Prophètes » Matthieu 7, 12.  Nous n’aurons plus à ressentir d’angoisse : nous nous redresserons, nous relèverons la tête, nous rendrons courage et espoir aux gens blessés ou même écrasés par les évènements de leur vie, car notre libération approche et nous aurons la force pour nous tenir debout devant le Fils de l’Homme.

Un des signes de l’espérance que nous pourrons montrer au monde, ce sont nos gestes de solidarité, inspirés par la compassion et l’Esprit du Seigneur qui nous rend proche de nos frères. Au nom des dons de Dieu que sont  notre Baptême et notre Confirmation, soyons prompts “à manifester la charité de Dieu, à vivre en actes dans le concret de nos vies, l’amour que nous donne le Père, comme annonce de sa tendresse pour tous les hommes.”     

A la demande de Jésus, prions en tout temps pour demeurer, dans cette attitude de recherche de vie fraternelle ainsi que  d’accueil de la volonté de Dieu. Ce temps de l’Avent nous est propice : préparons dès maintenant la Fête lumineuse et paisible de Noël. 
                                                                   
AMEN !

jeudi 22 novembre 2018

HOMELIE CHRIST, Roi de l’univers B - Jn 18, 33-37. 21 Novembre 2018


HOMELIE CHRIST, Roi de l’univers B -  Jn 18, 33-37.
21 Novembre 2018

Un roi étonnant, alors même qu’il comparait devant Pilate, le représentant de l’immense empire romain, qui a sur lui pouvoir de vie et de mort. Jésus qui, jusque là n’a guère parlé de sa royauté, va la faire affirmer par ce fonctionnaire romain. « C’est toi qui dis que je suis roi » Mais Pilate ne le voit-il pas à la manière des hommes, c'est-à-dire comme celui qui exerce un pouvoir sur les autres hommes, souvent tyrannique et arbitraire ?
Jésus poursuit, comme pour ouvrir Pilate à un autre monde : « Moi, je vais te dire comment je suis roi : « Je suis venu dans ce monde, ton monde, pour rendre témoignage à la vérité… »
Mais là encore, de quelle vérité s’agit-il ? Dans la langue biblique, le mot « vérité », en hébreu, “èmeth” est de la même racine que “amen” ou “èmouna”, la fidélité. Comme dans le Psaume 92 d’aujourd’hui : « Dès l’origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es », elle désigne quelque chose de ferme, solide, stable, immuable, sur laquelle on peut s’appuyer, parce qu’elle a fait ses preuves ; quelque chose ou quelqu’un de sûr, de fidèle, qui ne trompe pas, qui ne déçoit pas. Cette vérité alors n’est pas une notion abstraite, philosophique mais une personne. Elle est « l’Alpha et l’Oméga, [1ère et dernière lettre de l’alphabet grec] Celui qui est, qui était et qui vient » (2ème Lecture, Ap 1, 8) qui aura le dernier mot parce qu’Il est l’Amour. Et cette personne vient humblement à notre rencontre pour que nous écoutions sa voix, c'est-à-dire pour que nous l’imitions.
         Pas facile aujourd’hui pour nous de vivre souvent à contre-courant des valeurs présentées par ce monde comme des vérités, alors qu’elles ne sont que des “modes” de pensées ou de comportements ; des orientations de régimes politiques, économiques, souvent idéologiques ; ou encore des tendances culturelles véhiculées par un monde médiatique replié sur lui-même. Tout cela passe  avec le temps, chassé d’ailleurs par d’autres “modes” ou courants, souvent opposés.
Mais il ne faut pas se situer sur le même terrain : car si la vérité est une personne, qui est Dieu, elle ne se possède pas. Par contre, si nous écoutons sa voix, comme le propose Jésus à Pilate, alors nous appartenons à la vérité. Nous laissons régner Jésus sur notre vie. Elle devient remplie de pensées, de paroles, de gestes d’amour et même de pardon. Notre manière de vivre révèle, à notre petite mesure, la zone d’influence du Christ et donne sans doute à d’autres l’envie de partager cette appartenance : elle devient évangélisatrice. C’est dire qu’au cœur de nos souffrances et de nos joies, de nos fatigues et de nos attentes, de toutes nos rencontres, il nous faut chercher chaque jour, à nous laisser guider par la Parole et l’Esprit de Celui qui est Vérité et Vie. Cela ne nous dispense pas pour autant de faire appel à notre raison humaine, créée elle aussi par Dieu, mais de le vérifier à la lumière de l’Évangile.
Invitation à des moments de recueillement avec le Seigneur à la lecture de sa Parole et de la voix intérieure de nous-mêmes pour des prises de conscience personnelles, mais aussi écoute de ce que nous disent des témoins actuels de la foi, les personnes en responsabilité, ministres de la Parole ou compétents en certains domaines qui touchent à la fidélité (ou à l’oubli) de la volonté de Dieu : respect de la vie, attention aux pauvres de tout genre et à leur service, recherche de la justice et de la vie fraternelle. Appartenir à la vérité, n’est-ce pas chercher à faire la vérité dans notre vie et finalement trouver Dieu ?
La proposition paroissiale du parcours « Osons la Mission», qui démarrera en Décembre et se poursuivra jusqu’en Avril, pourra nous aider chacun par les rencontres en équipe à réfléchir aux manières concrètes d’annoncer l’Évangile aujourd’hui autour de nous.
Mais déjà, que nos messes dominicales deviennent des moments privilégiés pour l’écoute de la Parole, la rencontre avec Celui qui nous parle au cœur et avec nos frères qui font la même démarche. Ainsi, tout au long de la semaine, le Christ règnera à sa manière, pour notre bien, celui de nos proches et par extension celui de notre humanité. AMEN !

vendredi 16 novembre 2018

HOMELIE 33ème Dimanche Temps Ordinaire B."Fin du monde ou fin d’un monde ?" - Mc 13, 24-32 18 .11. 2018.


HOMELIE 33ème Dimanche Temps Ordinaire B. Mc 13, 24-32
18 Novembre 2018.

Fin du monde ou fin d’un monde ?

En cette fin d’année liturgique, l’Évangile nous présente un scénario de fin du monde qui sera quelque chose de terrible, d’apocalyptique. L’image populaire en a fait un évènement effroyable qui s’abattra sur la terre, empruntant au livre de l’Apocalypse et aux apocalypses bibliques, des images fantastiques, épouvantables, que l’on a modernisées, à partir des cataclysmes d’aujourd’hui, en annonçant une guerre atomique, des tornades, des tsunamis, des tremblements de terre, des épidémies meurtrières, des dérèglements climatiques provoquant des incendies comme ces derniers jours en Californie ou des pluies diluviennes comme ce dernier mois dans la Sud de la France, en Italie et même en Jordanie : que d’images qui font peur !

Que dit Jésus à ses disciples ? Il utilise Lui aussi les images de son temps : Il annonce une terrible détresse, suivie des astres comme le soleil et la lune, considérés à l’époque comme des divinités païennes, qui perdent leur éclat ; les étoiles qui tombent du ciel… Il ne faut pas prendre ces images au pied de la lettre. Mais Il prend le terme d’Apocalypse dans son sens original : du grec : apocalupsis,  apokaluyis: action de découvrir, de révéler. Il révèle tout simplement  la victoire de Dieu sur les forces du mal et en particulier sur l’idolâtrie païenne ; la fin du vieux monde et l’avènement d’un monde nouveau.  Non pas fin du monde, mais fin d’un monde.
Comment continue-t-Il de présenter cette fin d’un monde ? De façon très différente. Il parle de sa “venue”. Ce sera un grand moment de lumière et de joie. Celui qui a donné sa vie pour tous les hommes viendra sur les “nuées”, c'est-à-dire là où se trouve notre Père des Cieux. Il fait référence à une vision du prophète Daniel : « Je regardais dans les visions de la nuit, et voici qu’avec les nuées du ciel venait comme un Fils d’Homme… » (Dn 7, 13-14) ; le « ciel », c’est le “monde de Dieu”, où tous les gens s’aiment, parce que tous sont devenus comme Lui. Alors par sa puissance, Jésus, le “Fils de l’Homme”, détruira toutes les injustices; Il dénoncera tous les mensonges et fera la vérité sur tous ; Il ne laissera plus de place à l’égoïsme, à la haine, mais toute la place sera faite à l’amour vrai, au partage, au respect de la dignité de chacun,  à l’union entre tous.  
         Si Jésus annonce un événement heureux et définitif, Il nous invite également à l’anticiper pour mieux l’accueillir quand il se produira. Nous ne savons ni le jour ni l’heure de sa venue mais nous pouvons nous y préparer dès maintenant. Sa Parole éclaire déjà notre vie mieux qu’un soleil. En la mettant en pratique, c’est déjà Lui et son Père que nous accueillons : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui. » Jn 14,22.
 En ce Dimanche de l’année, le Secours Catholique nous invite de façon pressante au partage avec ceux plus démunis.  Comment répondre à cet appel urgent aujourd’hui puisque l’on a recensé plus de 9 Millions de pauvres dans notre pays et plus d’un milliard dans le monde entier ? Nous ne pouvons rester  insensibles et indifférents, craintifs sur notre propre avenir particulièrement en ce temps d’incertitude économique.
Nous, les baptisés, marqués par la Croix de l’amour du Christ et qui écoutons et retenons sa Parole, nous savons que son retour est aussi sûr que, lorsque les branches du figuier deviennent tendres et que les feuilles sortent, c’est bientôt l’été et que Ses Paroles ne passeront pas.
Enfin, quand nous constaterons que  la justice, la vérité et la bonté grandissent dans notre cœur et notre intelligence, alors nous saurons que Jésus, “le Fils de l’Homme” est proche, à notre porte. Ce sera un grand bonheur : nous n’aurons vraiment pas peur !
          
    AMEN !

samedi 10 novembre 2018

HOMELIE 32ème Dimanche du Temps Ordinaire B.« L’offrande de la veuve du Temple » Mc 12, 38-44 11 Novembre 2018


HOMELIE 32ème Dimanche du Temps Ordinaire B. Mc  12, 38-44
11 Novembre 2018

« L’offrande de la veuve du Temple »

L’Évangile de ce dimanche  nous présente deux séquences aux personnages bien opposés. D’une part, les scribes, plein de vanité et d’hypocrisie et une pauvre veuve effacée et généreuse. Jésus mets en garde contre l’attitude des premiers qui pourrait être parfois la nôtre si nous n’y prenions garde, et s’intéresse davantage à cette pauvre veuve.
Qu’a-t-elle de si intéressant ?
Au temps de Jésus, une veuve était dans une très grande précarité. Femme dans un monde plutôt masculin, elle était privée de la protection de son mari et de ce fait ne disposait pas de ressources propres ni d’assistance. Elle faisait partie des trois catégories de pauvres que la Bible mentionne tout au long de ses livres : l’orphelin, l’étranger et la veuve. La Loi juive, la Torah, prescrit plusieurs mesures en leur faveur : « Tu ne prendras pas en gage le vêtement d’une veuve » « Tu leur laisseras les épis de blés que tu n’auras pas moissonnés » « « Tu leur laisseras les olives que tu n’auras pas ramassées » « Tu leur laisseras quelques grappes sur la vigne que tu auras vendangée » (Dt 24, 17-22).
Jésus observe donc la foule qui vient apporter ses offrandes au Trésor du Temple. Les riches mettent des grosses sommes : c’est alors, dit-on, que l’on sonnait la trompette pour que les fidèles reconnaissent, admirent et imitent éventuellement ces généreux donateurs. La « pauvre veuve » ne dépose que deux piécettes (un quadrant, le 1/64 d’une journée de travail, autrement dit, pas grand-chose, de fait). Mais pour Jésus, il en va autrement !

« Amen, je vous le dis :… » Parole solennelle, qui va en étonner plus d’un, à commencer peut-être par les disciples. « …cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde ! » Pourquoi ? « … car tous, ils ont pris sur leur “périsseuntos[mot à mot : “ce qu’ils ont en plus autour d’eux”], leur superflu, ce qu’il ne leur est pas nécessaire. « …mais elle, de son indigence (de son manque), elle jeta toute sa subsistance bion (vie, ressources pour vivre) »

Jésus s’émerveille de cette pauvre veuve. Il nous invite à voir au-delà du visible, particulièrement, le  spectaculaire qui nous attire voire, nous fascine. Certains médias sont redoutables pour cela. Lui, Jésus, nous conduit à ce qui est invisible mais à l’œuvre dans un cœur capable de donner.

La 1ère lecture de ce dimanche (1R 17, 10-16) nous présente également une veuve de Sarepta, au Liban actuel. Celle-ci offre au prophète Élie tout ce qui lui reste de nourriture représentant quelques heures à vivre avec son fils. Elle fait confiance au prophète et, à travers lui, à Dieu. Ces veuves ont su découvrir, sans doute avec l’épreuve de leur deuil, qu’elles n’avaient plus d’autre appui que Dieu seul. Par leurs gestes, elles révèlent où est leur vrai trésor. Jésus ne s’y trompe pas, Lui qui quelque temps après fera la même démarche en donnant sur la Croix tout ce qu’Il a pour vivre, sa vie d’homme.

La veuve de Sarepta, la pauvre veuve du Temple et Jésus sont de la même famille : généreux, humbles et discrets, mais si profondément croyants. C’est ce que Jésus essaye d’apprendre aux disciples qui, comme les scribes, s’intéressent jusqu’au bout aux premières places. Au lieu de cela, Il les invite et Il nous invite à être discrètement généreux, et en même temps, audacieux dans le don d’eux-mêmes.
Que la célébration de cette Eucharistie où le Christ une nouvelle fois se livre à nous, nous aide à voir ce qui est discret, petit aux yeux du monde mais si grand au regard de Dieu. Qu’Il nous donne, par son Esprit Saint, le courage et la grâce de Le suivre.
          AMEN !