HOMELIE 8ème
Dimanche Ordinaire A. - Mt 6, 24-34
2 Mars 2014
« A chaque jour suffit sa peine »
L’enseignement de Jésus, dans son discours sur la montagne, avait
commencé par les Béatitudes indiquant le chemin pour être heureux. Sur ce
chemin, une fausse proposition de bonheur se présente à tous : l’argent ! Non pas
l’argent-monnaie qui facilite nos échanges, mais l’argent que l’on prend comme
un absolu, un but en soi, une idole, parce qu’il nous fait accéder aux biens
matériels, aux services, aux plaisirs et à toute forme de puissance : on
le voit bien dans l’actualité quotidienne que ce soit dans notre pays ou dans
le monde entier. L’argent, dans ce texte d’Evangile, se dit “Mamon”, dont la racine est “Aman”, qui
a donné également “Amen” : je
crois, j’adhère. Mais Jésus le qualifie de “trompeur”
car il donne une fausse sécurité (Lc 16,9).
Notre bonheur consiste donc à choisir, non pas ce maître trompeur,
mais le seul vrai maître sur lequel nous pouvons compter, Dieu : “Lui seul est mon rocher…Comptez sur Lui en
tout temps” Psaume 61 (62) que nous venons d’entendre.
Cependant, il ne faudrait pas tomber dans une attitude d’abandon
tel en Dieu que nous attendions d’avoir ce qu’il nous faut pour vivre de Lui
seul et faire comme les petits oiseaux ou les lis des champs : contresens
funeste ! En effet, il ne faut pas lire les paroles de Jésus comme une allégorie dans laquelle nous remplaçons
les héros du récit par nous-mêmes. Autrement dit, les oiseaux, ce seraient
nous ; les lis des champs, ce seraient nous et nous n’aurions rien d’autre
à faire que picorer la vie comme les oiseaux du ciel ou nous laisser
nonchalamment dorer par le soleil comme les lis des champs. Cà planerait
beaucoup !
Non, les paroles de Jésus ne fonctionnent pas comme une allégorie,
mais comme une comparaison, comme
une métaphore qui nous dit
ceci : quand l’oiseau fait son activité d’oiseau, il réalise très bien sa vie d’oiseau. Quand le lis
suit sa nature de lis, il réalise très
bien sa vie de lis ; et quand l’homme fait son “métier d’homme”, il réalise
aussi très bien sa vie. Et le métier d’homme consiste à accomplir durant sa vie
tout ce qu’il est capable de faire, mais aussi surtout d’être, et tout particulièrement d’être enfant de Dieu. Qu’on soit
riche ou pauvre, le danger est toujours de se laisser accaparer par l’avoir, et
d’en avoir toujours plus. Trois fois dans ce passage d’Evangile, nous trouvons
l’expression : “Ne vous faites pas tant de souci !”, ne vous inquiétez pas, ne
vous préoccupez pas… ” Certes Jésus n’appelle pas à l’insouciance, pas
plus qu’à l’oisiveté, mais Il appelle à la confiance dans la prière, celle qui
nous relie à Dieu comme un enfant à son Père. (Mt 6,11 ; 7,7-11). St
Pierre nous invite dans sa première lettre ainsi : « Déchargez-vous sur Dieu de
tous vos soucis, car Il prend soin de vous » (1 P 5,7) et Isaïe
dans la lecture d’aujourd’hui invitait Jérusalem éprouvée à ne pas croire que
Dieu l’avait abandonnée : « Même si une femme pouvait oublier son
petit enfant, moi je ne t’oublierai pas ».
Et pour finir, Jésus nous invite à “chercher d’abord le Royaume de
Dieu et Sa justice”, c'est-à-dire à être “ajustés” à sa volonté, à
correspondre à ce que Dieu attend de nous et qu’Il nous fait comprendre au jour
le jour. Ainsi, Il nous libère de toutes nos préoccupations, voire nos
angoisses, car Il nous demande de les Lui remettre.
En cette reprise de travail, après cette courte pause de vacances pour beaucoup, ces paroles de Jésus
n’arrivent-elles pas à point pour lui confier dans une prière confiante nos
activités, nos projets, nos examens, nos orientations, notre vie
professionnelle et aussi l’avenir de notre société, du monde et de l’Eglise.
L’approche du Carême nous aidera spirituellement à recentrer nos vies sur
l’essentiel : être enfant de Dieu,
vivre en enfant de Dieu, aimer et partager en enfant de Dieu comme nous y
appelle notre “métier d’homme”
AMEN !