HOMELIE 2ème
Dimanche du Temps Ordinaire C – (Jn 2, 1-11)
20 Janvier 2013
Les Noces de Cana cherchez la
mariée !
Et dire que certains prétendent que c’est l’Eglise qui a inventé
le mariage ! Entendu sur une radio cette semaine ! N’en déplaise à
cette personne, le mariage existait bel et bien et même depuis longtemps.
D’ailleurs, la première démarche de
Jésus lorsqu’il inaugure sa vie publique, c’est de se rendre à des noces.
Ne serait-ce pas pour manifester que les noces humaines où se dessinent les plus
grands espoirs d’amour, mais aussi les plus grandes déceptions sont à être
habitées par l’Esprit d’amour qu’Il répandra dans les cœurs, au point de faire des Noces le signe
privilégié du lien qui l’unira à son Eglise ?
Si le sens général en est clair, le récit de St Jean recèle
cependant bien des difficultés qui rebutent les lecteurs ou les auditeurs. Et
en premier lieu, n’est-il pas étonnant que dans un récit de noces, il ne
soit jamais question de la
mariée. Et si nous y regardions de plus
près ?
Qui est présent à ces Noces ? La « mère de Jésus »
qui, dans l’évangile de Jean, n’est jamais appelée Marie ; et elle n’est
mentionnée qu’ici et au pied de la Croix. Jésus est
invité, avec ses récents disciples. Il y a aussi les serviteurs, le maître du
repas et l’époux.
« On manqua de vin »
Erreur de prévision quant au nombre des invités ? Pingrerie de la part de
la famille des mariés ? Gloutonnerie de la part des invités, qui
« consomment » jusqu’à l’ivresse-plaisir-évasion de la pauvre
condition humaine ? Rien n’est précisé, mais la mère de Jésus a deviné le
risque de ratage de ces noces et elle se tourne vers son fils, qui n’a pas
encore réalisé de miracles. Au constat du manque de vin que lui adresse sa
mère, Jésus répond d’une manière qui peut nous choquer : mot à mot : « Femme,
quoi à moi et à toi ? ». Femme : Il appellera ainsi sa
mère du haut de la Croix :
« Femme,
voici ton fils » désignant le disciple bien-aimé à côté d’elle
(Jean 19, 26). Rien d’offensant ou de méprisant, mais au contraire un appel
à la femme et à sa capacité d’être mère, de concevoir, d’enfanter et de donner
vie. « Quoi à toi et à moi ? » Non pas un étonnement
du Christ ou une fin de non recevoir, qui seraient contredits par ce qu’Il va
faire par la suite, mais plutôt une question qu’Il adresse à sa mère pour
qu’elle découvre le sens de ce qu’Il va faire, alors même que « son
heure n’est pas encore venue ». Quand viendra-t-elle, en
effet, cette heure ? « Avant la fête de la Pâque, Jésus
sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde à son
Père… » (Jean 13,1). Suivent
le lavement des pieds et la
Sainte Cène (que Jean ne raconte pas) où Jésus prend une
coupe de vin et déclare : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance, versé pour vous… » (Matthieu 26,27). Ce signe sera
concrétisé, une fois pour toutes, sur la Croix, le lendemain, et la mère de
Jésus sera là, entrant avec souffrance dans le « Mystère de la Foi ».
Le texte liturgique de ce dimanche omet le début du verset, qui pourtant
oriente vers le sens du récit. « Et le troisième jour, il y eut des
noces… » Trois jours après la promesse faite à Nathanaël : « Tu
verras des choses bien plus grandes… » (Jean 1, 50). C’est le
commencement des signes qui s’achèveront par le grand signe de la Résurrection, trois jours après “l’heure” de Jésus
et l’effusion de l’Esprit Saint. A la question de Jésus, sa mère répond: « Faites
tout ce qu’Il vous dira ». Mais sait-elle à ce moment même ce
qu’il va faire et s’il va le faire ? Acte
de foi-confiance totale.
S’enclenche alors une activité intense : Jésus commande,
fait puiser environ 600
litres d’eau. Il y a 6 jarres en pierre pour les
ablutions rituelles des juifs ; elles sont non manoeuvrables ; il
semble qu’elles aient été là, vides, donc non utilisées, comme si les rites de la Première Alliance
avaient été abandonnés. Mais Jésus s’en sert pour marquer la continuité avec
cette première Alliance voulue par son Père et qui a façonné pendant des siècles
son peuple. « Remplissez… Puisez… Portez … ». Il ne dira rien de
plus, discret. Tout se passe ensuite entre l’époux et le maître du repas qui s’étonne qu’il ait gardé le bon vin après
que les gens aient bien bu. Aucun émerveillement de sa part, pas plus que
d’enquête pour savoir d’où venait ce vin. Mais
cela n’a pas échappé à d’autres témoins : ce sont les disciples. Ils ont
vu le signe : ils rejoignent la mère de Jésus et croient en Lui.
Ce repas annonce un autre repas : celui des Noces de la
Nouvelle Alliance, évoqué ci-dessus, quand l’heure sera venue où le Fils de la mère de Dieu épousera la “mariée”
(la voilà !), l’humanité en la
personne de ceux qui croiront en Lui, ses disciples. Ils deviendront en même
temps les enfants de la mère de de Jésus,
Marie, mais aussi, Marie, mère de l’Eglise.
AMEN !
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