jeudi 17 janvier 2013

HOMELIE 2ème Dim. Temps Ordinaire C – (Jn 2, 1-11) 20 Janvier 2013


HOMELIE 2ème Dimanche du Temps  Ordinaire  C (Jn 2, 1-11)
20  Janvier 2013

Les Noces de Cana cherchez la mariée !

Et dire que certains prétendent que c’est l’Eglise qui a inventé le mariage ! Entendu sur une radio cette semaine ! N’en déplaise à cette personne, le mariage existait bel et bien et même depuis longtemps. D’ailleurs, la première démarche de Jésus lorsqu’il inaugure sa vie publique, c’est de se rendre à des noces. Ne serait-ce pas pour manifester que les noces humaines où se dessinent les plus grands espoirs d’amour, mais aussi les plus grandes déceptions sont à être habitées par l’Esprit d’amour qu’Il répandra dans les cœurs, au point de faire des Noces le signe privilégié du lien qui l’unira à son Eglise ? 
Si le sens général en est clair, le récit de St Jean recèle cependant bien des difficultés qui rebutent les lecteurs ou les auditeurs. Et en premier lieu, n’est-il pas étonnant que dans un récit de noces, il ne soit jamais question de la mariée. Et si nous y regardions de plus près ?
Qui est présent à ces Noces ? La « mère de Jésus » qui, dans l’évangile de Jean, n’est jamais appelée Marie ; et elle n’est mentionnée qu’ici et au pied de la Croix. Jésus est invité, avec ses récents disciples. Il y a aussi les serviteurs, le maître du repas et l’époux.
« On manqua de vin » Erreur de prévision quant au nombre des invités ? Pingrerie de la part de la famille des mariés ? Gloutonnerie de la part des invités, qui « consomment » jusqu’à l’ivresse-plaisir-évasion de la pauvre condition humaine ? Rien n’est précisé, mais la mère de Jésus a deviné le risque de ratage de ces noces et elle se tourne vers son fils, qui n’a pas encore réalisé de miracles. Au constat du manque de vin que lui adresse sa mère, Jésus répond d’une manière qui peut nous choquer : mot à mot : « Femme, quoi à moi et à toi ? ». Femme : Il appellera ainsi sa mère du haut de la Croix : « Femme, voici ton fils » désignant le disciple bien-aimé à côté d’elle (Jean 19, 26). Rien d’offensant ou de méprisant, mais au contraire un appel à la femme et à sa capacité d’être mère, de concevoir, d’enfanter et de donner vie. « Quoi à toi et à moi ? » Non pas un étonnement du Christ ou une fin de non recevoir, qui seraient contredits par ce qu’Il va faire par la suite, mais plutôt une question qu’Il adresse à sa mère pour qu’elle découvre le sens de ce qu’Il va faire, alors même que « son heure n’est pas encore venue ». Quand viendra-t-elle, en effet, cette heure ? « Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde à son Père… » (Jean 13,1). Suivent le lavement des pieds et la Sainte Cène (que Jean ne raconte pas) où Jésus prend une coupe de vin et déclare : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour vous… » (Matthieu 26,27). Ce signe sera concrétisé, une fois pour toutes, sur la Croix, le lendemain, et la mère de Jésus sera là, entrant avec souffrance dans le « Mystère de la Foi ». Le texte liturgique de ce dimanche omet le début du verset, qui pourtant oriente vers le sens du récit. « Et le troisième jour, il y eut des noces… » Trois jours après la promesse faite à Nathanaël : « Tu verras des choses bien plus grandes… » (Jean 1, 50). C’est le commencement des signes qui s’achèveront par le grand signe de la Résurrection, trois jours après “l’heure” de Jésus et l’effusion de l’Esprit Saint. A la question de Jésus, sa mère répond: « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Mais sait-elle à ce moment même ce qu’il va faire et s’il va le faire ? Acte de foi-confiance totale.
S’enclenche alors une activité intense : Jésus commande, fait puiser environ 600 litres d’eau. Il y a 6 jarres en pierre pour les ablutions rituelles des juifs ; elles sont non manoeuvrables ; il semble qu’elles aient été là, vides, donc non utilisées, comme si les rites de la Première Alliance avaient été abandonnés. Mais Jésus s’en sert pour marquer la continuité avec cette première Alliance voulue par son Père et qui a façonné pendant des siècles son peuple. « Remplissez… Puisez… Portez … ». Il ne dira rien de plus, discret. Tout se passe ensuite entre l’époux et le maître du repas  qui s’étonne qu’il ait gardé le bon vin après que les gens aient bien bu. Aucun émerveillement de sa part, pas plus que d’enquête pour savoir d’où venait ce vin. Mais cela n’a pas échappé à d’autres témoins : ce sont les disciples. Ils ont vu le signe : ils rejoignent la mère de Jésus et croient en Lui.
Ce repas annonce un autre repas : celui des Noces de la Nouvelle Alliance, évoqué ci-dessus, quand l’heure sera venue où le Fils de la mère de Dieu épousera la “mariée” (la voilà !), l’humanité en la personne de ceux  qui croiront en Lui, ses disciples. Ils deviendront en même temps les enfants de la mère de de Jésus, Marie, mais aussi, Marie, mère de l’Eglise.

AMEN !

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