vendredi 30 novembre 2012

HOMELIE 1er Dimanche de l’AVENT- C. Lc 21,25-28 ; 34-36 2 Décembre 2012


HOMELIE 1er Dimanche de l’AVENT- C. Lc 21,25-28 ; 34-36
2 Décembre 2012

Redressez-vous, relevez la tête… ” Lc 21,28
 
Apocalyptique, le discours de Jésus annonçant sa venue dans l’Evangile de ce jour. « Le ciel nous tombera sur la tête » selon la menace tant redoutée de nos ancêtres…Comment comprendre ces paroles de la bouche de Celui qui s’est montré « Doux et humble de cœur » ?  
Tout d’abord, à quel moment Jésus les prononce-t-il ? Jésus est dans le Temple de Jérusalem. Les disciples en admirent la beauté. Jésus leur annonce qu’il n’en restera pas pierre sur pierre. A leur question : « Quand cela arrivera-t-il ? » Jésus répond par ce discours de style apocalyptique. C’est un langage codé, pétri d’images de l’Ancien Testament, qu’il ne s’agit pas de prendre au premier degré. Jésus dévoile en effet le projet de Dieu. Contrairement aux philosophes de l’Antiquité qui pensent l’histoire du monde comme un éternel recommencement, Il affirme que cette histoire a un sens ; que le monde a été créé par Dieu et qu’il est appelé à se renouveler avec le retour glorieux du Fils de l’Homme. Cette expression est tirée du livre du prophète Daniel. Dn 7. Dans une vision, celui-ci a vu des bêtes monstrueuses surgir de la mer et ravager successivement la terre. Elles représentaient les différents empires qui ont dominé la région. Elles furent remplacées par un fils d’homme qui vient sur les nuées du ciel et à qui un vieillard assis sur le trône a accordé une domination éternelle, une royauté qui ne sera pas détruite.
Jésus, en évoquant le bouleversement des repères habituels de notre monde (le soleil, la lune et les étoiles) ne fait qu’annoncer l’avènement de ce Royaume, qui ira de pair avec le renversement des pseudo-valeurs de ce monde : violence, mensonge, dérèglements de toutes sortes…de quoi susciter une panique profonde chez ceux qui s’y attachent aujourd’hui.
  Jésus recommande alors de rester éveillés, [mot à mot : « soyez sans sommeil » – (hupnos=sommeil) ] ce qui pourrait signifier deux choses :
·         Sortez de vos « hypnoses » que Jésus énumère dans ce passage d’Evangile : débauche, ivrognerie, soucis de la vie, bref toutes formes d’addictions qui alourdissent le cœur et la volonté…
·         Mais aussi, veiller à suivre les “chemins de justice” dont parlent les psaumes, de chercher à “s’ajuster” à la volonté de Dieu et, par exemple, « à faire aux autres ce que nous aimerions qu’ils nous fassent : là est la Loi et le Prophètes » Matthieu 7, 12.  Nous n’aurons plus à ressentir d’angoisse : nous nous redresserons, nous relèverons la tête, nous rendrons courage et espoir aux gens blessés ou même écrasés par les évènements de leur vie, car notre libération sera proche et nous paraîtrons debout devant le Fils de l’Homme.

Un des signes de l’espérance que nous pourrons montrer au monde, ce sont nos gestes de solidarité, inspirés par la compassion et l’Esprit du Seigneur qui nous rend proche de nos frères. C’est en ce sens que nous sommes appelés par notre évêque et tous ceux de notre pays, au nom de notre Baptême et de notre Confirmation, “à manifester la charité de Dieu, à vivre en actes dans le concret de nos vies, l’amour que nous donne le Père, comme annonce de sa tendresse pour tous les hommes.”     

A la demande de Jésus, prions en tout temps pour demeurer, dans cette attitude de recherche de vie fraternelle ainsi que  d’accueil de la volonté de Dieu. Ce temps de l’Avent nous est propice : préparons dès maintenant la Fête lumineuse et paisible de Noël. 
                                                                   

AMEN !

vendredi 23 novembre 2012

HOMELIE CHRIST, Roi de l’univers B - Jn 18, 33-37. 21 Novembre 2012



HOMELIE CHRIST, Roi de l’univers B -  Jn 18, 33-37.
21 Novembre 2012

Un roi étonnant, alors même qu’il comparait devant le représentant de l’immense empire romain, Pilate, qui a sur lui pouvoir de vie et de mort. Jésus qui, jusque là n’a guère parlé de sa royauté, va la faire affirmer par ce fonctionnaire romain. « C’est toi qui dis que je suis roi » Mais Pilate ne le voit-il pas à la manière des hommes, c'est-à-dire comme celui qui exerce un pouvoir sur les autres hommes, souvent tyrannique et arbitraire ?
Jésus poursuit comme pour ouvrir Pilate à un autre monde : « Moi, je vais te dire comment je suis roi : « Je suis venu dans ce monde, ton monde, pour rendre témoignage à la vérité… »
Mais là encore, de quelle vérité s’agit-il ? Dans la langue biblique, le mot « vérité », en hébreu, “èmeth” est de la même racine que “amen” ou “èmouna”, la fidélité. Comme dans le Psaume 92 d’aujourd’hui : « Dès l’origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es », elle désigne quelque chose de ferme, solide, stable, immuable, sur laquelle on peut s’appuyer, parce qu’elle a fait ses preuves ; quelque chose ou quelqu’un de sûr, de fidèle, qui ne trompe pas, qui ne déçoit pas. Cette vérité alors n’est pas une notion abstraite, philosophique mais une personne. Elle est « l’Alpha et l’Oméga, Celui qui est, qui était et qui vient » (2ème Lecture, Ap 1, 8) qui aura le dernier mot parce qu’Il est l’Amour. Et cette personne vient humblement à notre rencontre pour que nous écoutions sa voix, c'est-à-dire pour que nous l’imitions.
         Pas facile aujourd’hui pour nous de vivre souvent à contre-courant des valeurs présentées par ce monde comme des vérités, alors qu’elles ne sont que des “modes” de pensées ou de comportements ; des orientations de régimes politiques, souvent idéologiques ; ou encore des tendances culturelles véhiculées par un monde médiatique replié sur lui-même. Tout cela passe  avec le temps, chassé d’ailleurs par d’autres “modes” ou courants, souvent opposés.
Mais il ne faut pas se situer sur le même terrain : car si la vérité est une personne, qui est Dieu, elle ne se possède pas. Par contre, si nous écoutons sa voix, comme le propose Jésus à Pilate, alors nous appartenons à la vérité. Nous laissons régner Jésus sur notre vie. Elle devient remplie de pensées, de paroles, de gestes d’amour et même de pardon. Notre manière de vivre révèle, à notre petite mesure, la zone d’influence du Christ et donne sans doute à d’autres l’envie de partager cette appartenance : elle devient évangélisatrice. C’est dire qu’au cœur de nos souffrances et de nos joies, de nos fatigues et de nos attentes, de toutes nos rencontres, il nous faut chercher chaque jour, à nous laisser guider par la Parole et l’Esprit de Celui qui est Vérité et Vie. Cela ne nous dispense pas pour autant de faire appel à notre raison humaine, créée elle aussi par Dieu, mais de le vérifier à la lumière de l’Evangile.
Invitation à des moments de recueillement avec le Seigneur à la lecture de sa Parole et de la voix intérieure de nous-mêmes pour des prises de conscience personnelles, mais aussi écoute de ce que nous disent des témoins actuels de la foi, les personnes en responsabilité, ministres de la Parole ou compétents en certains domaines qui touchent à la fidélité (ou à l’oubli) de la volonté de Dieu : respect de la vie, attention aux pauvres de tout genre et à leur service, recherche de la justice et de la vie fraternelle : c’est en tout point ce que propose la démarche de Diaconia 2013 et ce que nous vous invitons instamment  à suivre pour le 1er Dimanche de l’Avent, à savoir : échanger sur les expériences de partage vécues au niveau des quartiers, de la paroisse et de la ville et mettre en lumière les points forts et les faiblesses rencontrées en matière de solidarité et de vie fraternelle.
Appartenir à la vérité, n’est-ce pas chercher à faire la vérité dans sa vie et finalement trouver Dieu ? Que nos messes dominicales deviennent des moments privilégiés pour l’écoute de la Parole, la rencontre avec Celui qui nous parle au cœur et avec nos frères qui font la même démarche. Ainsi, tout au long de la semaine, le Christ règnera à sa manière, pour notre bien, celui de nos proches et par extension celui de notre humanité. AMEN !

jeudi 15 novembre 2012

EXTRAIT du DISCOURS D’OUVERTURE de Mgr . André VINGT-TROIS


Au sujet du projet de loi du mariage pour tous:

EXTRAIT du DISCOURS D’OUVERTURE
de Mgr . André VINGT-TROIS à l’Assemblée des Evêques de France, Lourdes 3 Novembre 2012

……
3. La loi républicaine.

La crise économique atteint de plus en plus l’ensemble de notre société. Des entreprises ferment et la précarité s’étend. Des actes de violence barbares heureusement isolés, montrent l’extrême fragilité de notre tissu social et le désarroi de nombreuses familles qui ont besoin d’être soutenues et confortées dans leur mission éducative.

C’est dans ce contexte préoccupant que le gouvernement fait passer en urgence des mutations profondes de notre législation qui pourraient transformer radicalement les modalités des relations fondatrices de notre société. Des changements de cette ampleur imposaient un large débat national qui ne se contente pas d’enregistrer des sondages aléatoires ou la pression ostentatoire de quelques lobbies. Nous aurions été heureux, comme dans d’autres occasions, notamment pour les lois de bio éthique, d’apporter notre contribution à ce débat. L’élection présidentielle et les élections législatives ne constituent pas un blanc-seing automatique, surtout pour des réformes qui touchent très profondément les équilibres de notre société. Puisque ce débat n’a pas encore été organisé, nous voulons du moins exprimer un certain nombre de convictions et alerter nos concitoyens sur la gravité de l’enjeu.

Contrairement à ce que l’on nous présente, le projet législatif  concernant le mariage n’est pas simplement une ouverture généreuse du mariage à de nouvelles catégories de concitoyens, c’est une transformation du mariage qui toucherait tout le monde. Ce ne serait pas le « mariage pour tous » (étrange formule qu’il ne faut sans doute pas prendre au pied de la lettre !). Ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous. Les conséquences qui en découlent pour l’état civil en sont suffisamment éloquentes : a-t-on demandé aux citoyens s’ils étaient d’accord pour ne plus être le père ou la mère de leur enfant et ne devenir qu’un parent indifférencié : parent A ou parent B ? La question fondamentale est celle du respect de la réalité sexuée de l’existence humaine et de sa gestion par la société. Alors que l’on prescrit la parité stricte dans de nombreux domaines de la vie sociale, imposer, dans le mariage et la famille où la parité est nécessaire et constitutive, une vision de l’être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des
fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants.

Que pouvons-nous faire ? Face à ces mesures qui menacent notre société, que pouvons-nous faire ? Que devons-nous faire ? Nous devons d’abord inviter à prier puisqu’il s’agit de provoquer et soutenir la liberté de conscience de chacun. Comme pasteurs de notre Église, il nous incombe d’éclairer les consciences, de dissiper les confusions, de formuler le plus clairement possible les enjeux. Comme évêques, nous nous efforçons d’être des interlocuteurs pour les responsables politiques et les parlementaires.

Nous n’hésitons pas à faire appel à leur liberté de conscience pour des projets et des votes qui engagent plus qu’une simple alternance politique. Nous en appelons à leur sens du bien commun qui ne se réduit pas à la somme des intérêts particuliers.  Nous continuons d’appeler les chrétiens, et tous ceux qui partagent  notre analyse et nos questions, à saisir leurs élus en leur écrivant des lettres personnelles, en les rencontrant et en leur exprimant leurs convictions. Comme citoyens, ils peuvent, et peut-être doivent, utiliser les moyens d’expression qui sont ceux d’une société démocratique, d’une « démocratie participative », pour faire connaître et entendre leur point de vue. Les sites de la conférence épiscopale et ceux de nos diocèses présentent toutes sortes d’arguments qui sont finalement assez connus. Une chose doit être claire : nous ne sommes pas dans une défense de je ne sais quels privilèges
confessionnels. Nous parlons pour ce que nous estimons le bien de tous.  C’est pourquoi nous ne mettons pas en avant la question du sacrement de mariage qui est une vocation particulière, mais la fonction sociale du mariage qui ne dépend d’aucune religion.
Notre société est très sensible et vigilante sur le respect dû aux enfants. Elle attend de ses responsables qu’ils prennent la défense des plus faibles et qu’elle les protège. C’est pourquoi, dans cette période il est important de rappeler un certain nombre de droits fondamentaux, qui sont le fruit de la sagesse cumulée de notre civilisation et qui ont marqué sa sortie progressive de la barbarie. Chacun des droits et des impératifs  éthiques qui en découle et que nous énonçons ici s’impose à la conscience morale des hommes, quelle que soit leur croyance religieuse ou leur
incroyance. Aucune règle, et a fortiori aucune loi, ne pourra jamais nous décharger de notre responsabilité personnelle et des enjeux de notre liberté.

1/ Aucun être humain n’a le pouvoir de disposer de la vie de son  semblable, à quelque stade que ce soit de son développement ou de son itinéraire et quels que soient les handicaps dont il peut être frappé ou la détérioration de son état de santé. Chacun de nous est responsable du respect de cet interdit absolu du meurtre et notre société doit s’employer à éliminer les manquements à cette obligation. Dès lors que le respect absolu de la vie humaine ne serait plus la règle défendue par la société, les
individus entreraient dans une dynamique de suspicion et d’angoisse. Qui va décider si et jusqu’à quand je peux vivre, jusqu’à quel seuil de handicap, quel seuil de douleur, quel seuil de gêne pour les autres, quel coût pour la société ?

2/ Tout être humain conçu a le droit de vivre à quelque moment que  ce soit de son développement. Celui et celle qui l’ont appelé à la vie en sont responsables et la société doit les soutenir et les aider dans l’exercice de cette responsabilité. Le respect de l’embryon participe de cette protection que la société doit aux plus faibles de ses membres. Alors que les recherches sur les cellules souches adultes donnent déjà lieu à des applications thérapeutiques et que le prix Nobel de médecine vient d’être attribué au Professeur Yamanaka et au Professeur Gurdon pour leurs travaux sur la reprogrammation des cellules différenciées en cellules pluripotentes, certains voudraient autoriser plus largement encore la recherche sur des cellules souches embryonnaires. De telles recherches restent moralement inacceptables et économiquement hasardeuses.

3/ Tout enfant venu au monde a droit à connaître ceux qui l’ont  engendré et à être élevé par eux, conformément à la Convention Internationale relative aux droits de l’enfant ratifiée par la France en 1990 (article 7 /1 : « L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux. »). Ce droit impose de ne pas légaliser les procréations anonymes qui rendent cet
impératif impossible à tenir. Dans certaines situations exceptionnelles des personnes peuvent, pour le bien de l’enfant, assumer généreusement la responsabilité parentale. Elles ne peuvent jamais se substituer totalement à l’homme et à la femme qui ont engendré l’enfant.

4/ Tout enfant a droit à être éduqué. Cette obligation repose d’abord  sur les parents qui sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. La société doit les soutenir et les aider dans cette mission, aussi bien par les aides financières, qui reconnaissent leur apport pour un meilleur avenir de l’ensemble de notre société, que par des aides pédagogiques qui sont souvent très nécessaires.

L’obligation de l’éducation repose ensuite sur l’institution scolaire  qui a la charge de transmettre les savoirs nécessaires à l’exercice de la liberté personnelle, mais aussi le devoir de développer chez les jeunes la reconnaissance et le développement d’un certain nombre de qualités morales sur lesquelles reposent le consensus social et l’apprentissage de relations respectueuses et pacifiques entre les membres du corps social. Nommer le bien et le mal fait partie de cette responsabilité collective.

5/ Les enfants ou les jeunes délinquants, quels que soient leur statut juridique : français, étrangers, en situation régulière ou non, ne doivent pas être traités par la seule incarcération. Dans une démarche éducative, la punition peut être nécessaire. Elle doit toujours avoir pour objectif la transformation positive de celui qui l’a méritée. Elle ne doit pas éluder les responsabilités des adultes dans le déclenchement, l’organisation ou l’exploitation de la délinquance : réseaux organisés de mendicité, institution du trafic de drogues, prostitution, pornographie publique, etc.

Pour terminer, je voudrais évoquer un droit qui concerne directement l’exercice de notre religion et qui, à ce titre, fait partie des éléments constitutifs de la laïcité, comme l’avait très bien compris et institutionnalisé J. Ferry. Il s’agit du droit des enfants à recevoir une formation chrétienne librement choisie par leur famille comme le complément de leur formation scolaire. Il est trop clair que nous ne sommes plus dans la même situation qu’à la fin du XIX° siècle. Mais puisque le ministre de l’Éducation Nationale veut entreprendre un réaménagement de l’ensemble du temps scolaire et qu’il souhaite le faire dans une pratique de la concertation, il serait assez étrange que cette concertation exclue la consultation de l’Église qui catéchise plus du quart des enfants de France. À ce jour, nous suivons avec intérêt la liste des organisations consultées. Nous attendons toujours de savoir quand et comment nous le serons.

Pour nous, cette question est primordiale puisqu’elle touche plus particulièrement les enfants dont les familles ont le moins de possibilités concrètes d’organiser le temps libre de leurs enfants. Ce sont ces enfants qui ont aussi souvent le plus de difficultés à trouver les chemins d’une bonne insertion sociale. Ils n’y seront pas aidés si le temps de la catéchèse devient une sorte de créneau négligé dans l’organisation du temps scolaire. Les
enfants catholiques, comme ceux des autres religions, ont le droit de disposer d’un temps convenable pour cette formation.