jeudi 30 octobre 2025

COMMÉMORATION des FIDÈLES DÉFUNTS. "Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie". Jn 14,1-12 - Dimanche 02 Novembre 2025

 

COMMÉMORATION des FIDÈLES DÉFUNTS. - Jn 14,1-12.

Dimanche 02 Novembre 2025

 

« Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,12

                   La perte d’un être précieux ou l’approche de son départ de notre terre nous atteint profondément et les disciples de Jésus ont bien connu cette épreuve. En effet, à quelques heures de l’arrestation de leur maître, ils ont le cœur troublé : ils sont même perdus, se demandant ce qu’ils allaient devenir. Malgré les paroles de réconfort plein de promesses de Jésus quant à son départ, l’un d’entre eux, Thomas ne peut s’empêcher de lui exprimer la question que tous se posent : « Nous ne savons pas où Tu vas ! » N’est-ce pas aussi la question qui se pose à nous dans la même situation ?

                  C’est là que nous est précieuse la réponse que Jésus fait à Thomas, qui semble ignorer le chemin. « Moi Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » (Jn 14,12). Il me semble important de bien comprendre le sens de ces paroles.

                   « Moi, Je suis… » Cette expression ne vous rappelle-t-elle pas une réponse que Dieu fit À Moïse ? Il venait de le rencontrer au buisson ardent dans le Sinaï afin de l’envoyer auprès de pharaon en vue de libérer son peuple de l’esclavage (Ex 3,14). Moïse lui demande de révéler son nom. Difficile à traduire car l’hébreu de la Bible autorise à donner plusieurs traductions :

                    « Je suis qui Je suis », qui serait la manière dont Dieu se révèle aux mystiques qui ne cessent de le chercher et de le contempler, Lui, Celui qu’on ne peut précisément nommer dans le mystère de son immensité.

                   Ou encore « Je suis Celui qui est », où Dieu s’adresse davantage aux philosophes qui réfléchissent sur sa nature.

                    Ou enfin « Je suis qui Je serai » où Dieu se révèle comme Celui qui sera avec nous de la manière que nous découvrirons au fur et à mesure que nous marcherons avec Lui. C’est ainsi qu’Il s’est manifesté tout au long de l’histoire biblique et qu’il le fait encore avec nous aujourd’hui en la personne de son Fils « l’Emmanuel, Dieu avec nous ».

                   Je suis « Le Chemin » : odos, odoV. (Qui a donné "Exode : chemin de sortie…d’Egypte). Un chemin est une voie qui permet d’aller d’un lieu à un autre ; qui d’une part fait éviter un tout-terrain pénible et d’autre part, mène quelque part, en évitant bien sûr les fausses-pistes ! De plus, il peut nous faire rencontrer des personnes sur ce chemin. Jésus marche avec nous, Il nous guide : ne nous a-t-Il pas dit qu’Il était le Beau Berger ? (Jn 10,11)

                   Je suis « La Vérité » aléthéia, alhqeia.. La notion biblique de vérité est enracinée dans la notion de solidité, de fiabilité, ce sur quoi l’on peut s’appuyer, bâtir, ce qui fuit les modes et résiste au temps : elle provient de la racine hébraïque "èmet" : la vérité, qui a donné "èmouna" : la foi, la fidélité, la confiance et "amen" : "je crois, j’adhère". C’est le contraire du mensonge, de l’illusion et du paraître. Jésus est notre Lumière (Jn 8,12).

                   Je suis « La Vie » zoë, zwh.  Il ne s'agit pas de la vie biologique (Bios bioV ) mais de ce qui nous anime ; ce qui fait que nous nous levons le matin  pour l’amour de nos proches, louer le Seigneur, gagner notre vie, mettre en œuvre nos projets et donner sens à nos activités.

                   Ainsi Jésus nous donne sa véritable identité, celle qui est unie à Son Père et à tous ceux qui croiront en Lui : ils feront les œuvres qu’Il a faites. Ils en feront même de plus grandes encore parce que, partant vers le Père, Il nous transmet la mission qu’Il a reçue Lui-même du Père et qui pourra être mise en Œuvre par l’effusion de l’Esprit-Saint.

                   Cette commémoration des fidèles Défunts entre en résonance avec les promesses de Jésus à ses disciples et la très belle prophétie d’Isaïe que nous avons entendu dans la première Lecture : « En ce jour-là, le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples un festin sur sa montagne…Il fera disparaître la mort pour toujours. » Nous pourrons alors retrouver ceux qui nous avaient quittés. Oui, nous avons bien un avenir ensemble avec Celui qui nous l’a préparé, notre Seigneur, notre Sauveur.

         « En lui nous espérions, et Il nous a sauvés ! » rendons-Lui grâce. 

                                                                             AMEN !

mercredi 29 octobre 2025

HOMÉLIE TOUSSAINT – LES BÉATITUDES . Mt 5,1-12 - 1er Nov.2025

 

HOMÉLIE TOUSSAINT –  LES BÉATITUDES . Mt 5,1-12 - 1er Nov.2025

Au début du ministère de Jésus, l’évangéliste Matthieu va nous Le présenter comme le nouveau Moïse. Comme lui, Jésus gravit la montagne. Mais cette fois-ci, ce que l’on appelle habituellement les “Dix Commandements”, à la tournure quelque peu impérative, que Moïse reçoit au Sinaï, deviennent les Dix Paroles et elles prennent la forme de dix propositions de chemin de bonheur. Voyons lesquelles.

1. Heureux les pauvres de cœur ! Littéralement : “Heureux les humiliés du souffle”. Les pauvres, ce sont les “dos courbés”, ceux qui ont été humiliés et qui n’ont pas grand-chose… Cœur : “pneuma” (et non "cardia») souffle, Esprit.  Heureux ceux qui ont le souffle court, et donc qui ne se gonflent pas d’orgueil, qui ne sont pas remplis d’eux-mêmes : ils ont de la place pour Dieu et leurs frères ! Ou bien encore: heureux ceux que l'Esprit rend humbles. Cette béatitude commande toutes les autres : elle est au présent, alors que la plupart des autres sont au futur : “Le Royaume des cieux est à eux”.  Le Royaume des cieux, c’est l’espace divin : ils sont donc dans cet espace-là et Dieu leur est présent de façon invisible encore, mais bien réelle. -                           

  2. Heureux les doux !praèi”  Ceux qui ne cherchent pas à s’affirmer eux-mêmes et ne recherchent pas, encore moins, leur seul intérêt propre, mais font attention à Dieu et aux autres ; savent renoncer à leur droit, leur priorité ; cherchent à "arrondir les angles", tant l’existence quotidienne peut être faite de contrariétés diverses. Ils ne sont pas stressés : ils obtiendront la Terre Promise, lieu du repos éternel.                                                                                               

3. Heureux ceux qui pleurent ! Littéralement : “…Ceux qui sont en deuil”. Car ils vivent un manque profond, et ce manque les rendent aptes à chercher et accueillir ce qui les comblera définitivement : “Ils seront consolés” Littéralement : Ils auront la Consolation, le Réconfort : “Paraclèthèsountaï”  Vous reconnaissez le mot Paraclet qui désigne en Israël à la fois le Messie (“Le vieillard Siméon [qui venait tous les jours prier au Temple] attendait la Consolation d’Israël” Luc 2, 25) et chez les chrétiens, l’Esprit-Saint Lui-même, le Paraclet (Jn 14, 16.26). Il ne s’agit pas d’une promesse du genre : “Pleure pas, ça va passer ; après la pluie, le beau temps” mais d’une véritable promesse théologale, divine, où Dieu s’engage bien au-delà de ce que nous aurions pu attendre et qui va combler notre manque en profondeur.                                             

 4. Heureux ceux qui ont faim et soif de justice ! Il ne s’agit pas tant de la justice au sens habituel du mot, (qui est régie par des lois pas toujours justes ou bien adaptées) mais d’être “ajusté à Dieu” ; ceux qui cherchent à comprendre et faire sa volonté, comme Jésus nous a invités à le demander dans le Notre Père.                       

  5. Heureux les miséricordieux ! “Eléèmonès”  qui a donné en français : aumône ; aumônier des hôpitaux, des galères…bref les miséricordieux sont ceux qui, comme Dieu, compatissent à la détresse humaine ; En latin, c’est beau aussi : misericors : “être de cœur avec la misère des autres”                                                 

6. Heureux les cœurs purs ! Littéralement : “Purs [catharoï] de cœur” qui ne sont pas doubles ; qui n’ont qu’un seul comportement avec Dieu comme avec les autres. Nets. “Que votre parole soit oui, oui ! non, non ! Tout le reste vient du mauvais” dira Jésus, dans le discours sur la montagne qui va suivre en Mt 5, 37.          

7. Heureux les artisans de paix ! Ils seront appelés Fils de Dieu. Lorsque Jésus envoie les disciples deux par deux, ils leur demandent de présenter à ceux  à qui ils vont s’adresser la Paix : Shalom ! Salam ! dit-on encore aujourd’hui en Terre Sainte, là où elle fait actuellement cruellement défaut ; mais il s’agit encore d’une autre paix, celle que Jésus présente aux Apôtres au soir de la Résurrection : “La Paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie  Nous sommes mis au rang du Fils pour achever sa mission jusqu’à la fin des temps : en cela, nous sommes vraiment Fils de Dieu. La encore, c’est théologal.-                                                   

8. “Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice”, là encore, à comprendre comme “ajustés au projet ou aux pensées de Dieu” qui ne sont pas celles des hommes et qu’ils rejettent. La dernière béatitude -                                                                    

 9. “Heureux serez-vous si l’on vous insulte…” et la finale :  

10. “Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse…” [Ce qui, tout compte fait, donne bien les Dix Paroles de Jésus] sont là pour parer à toute réaction naturelle face au scandale de ces Béatitudes : en effet, ne prennent-elles pas à contre pieds et à rebrousse poils les propositions de bonheur que le monde proclame sans cesse par toutes sortes de médias ? Eh bien Jésus, au début de sa prédication, veut nous éviter les fausses pistes du vrai bonheur.                                           

Prendre conscience de nos manques ; savoir que nous ne pouvons être heureux tout seul ; que le Seigneur vient nous sauver, nous libérer de nos enfermements, péché d’origine, s’il en est un ! Alors, que ces béatitudes soient nos “Dix Paroles”, celles qui nous entraînent vers la vie et Celui qui est la Vie.                              

Heureux, “Makarios” signifie aussi en grec, Bravo ! Félicitations ! Vous avez tout compris ! Et en hébreu : “Ashréi” En marche !  Tous ensemble, à la suite de tous les Saints, qui Lui ont fait confiance et ont reçu en héritage la Terre Promise,                                                                                                

 AMEN !

mercredi 22 octobre 2025

HOMÉLIE 30ème Dimanche Ordinaire C – Lc 18,9-14 - 26 Octobre 2026

 

HOMÉLIE  30ème Dimanche Ordinaire  C – Lc 18,9-14

26 Octobre 2026

 

Dimanche dernier, Jésus nous invitait à "prier sans se décourager" en présentant le modèle de la veuve contraignant le juge à lui faire justice. Le dimanche d’avant, Jésus louait le samaritain qui avait su "lui rendre grâce" après sa guérison.

Aujourd’hui, Jésus nous présente deux "priants".

Mais avec une telle parabole, si bien présentée, avec deux comportements symétriques et diamétralement opposés, qui n’est pas tenté de s’identifier à l’un ou l’autre de ces deux personnages ? Lequel choisiriez-vous ? Le risque est grand de se mettre du côté de l’un et évidemment, de mépriser l’autre.

Et pourtant, l’un et l’autre ont leur côté touchant et sympathique, mais aussi leurs travers.

Deux hommes montent donc au Temple pour prier. Tous les deux croient en Dieu : ils montrent qu’ils ont la foi puisqu’ils viennent le prier.

Le pharisien (terme qui désigne le « séparé ») n’est pas forcément riche. Il travaille juste ce qu’il faut pour avoir de quoi vivre, lui et sa famille, afin d’étudier la Torah. Ce pharisien loue Dieu ; il observe la Loi et ses interdits ; il va même plus loin que ce qu’elle exige, puisqu’il jeûne deux fois par semaine ; il est généreux et il donne. Mais sa posture en dit long sur les dispositions de son cœur : « Se tenant debout, mot à mot, vers lui-même… ». [pros éautonne, proV eauton] (Attitude très narcissique !), il se décrit comme "juste" à sa manière, selon lui. De plus, il se montre méprisant.

Le publicain, préleveur d’impôts destinés aux romains, est certainement plus riche que lui. Il collabore avec l’occupant ; il est donc détesté de ses compatriotes et il doit sans doute ne pas être très bien en lui-même. Mais sa posture en dit long : « Se tenant à distance, il n’osait même pas lever les yeux vers le ciel » Il se frappe la poitrine en signe de repentance et prie le Seigneur en disant : “Mon Dieu ! Montre-toi favorable au pécheur que je suis !”

Que va faire Dieu ?

Il “justifiera” le publicain, c'est-à-dire qu’Il reconnaîtra que cet homme, loin d’être parfait, s’est bien “ajusté” à son désir qui est de sauver tous ceux qui le Lui demandent, malgré leurs erreurs, leurs manquements, leurs péchés.

Par contre, Il ne pourra rien faire pour le pharisien qui est autosuffisant, qui ne lui a rien demandé et se permet en plus, mot à mot,  de “regarder les autres comme rien”. 

Par cette parabole, loin de vouloir que nous nous identifiions au pharisien ou au publicain, Jésus nous présente Dieu. N’est-Il pas celui qui tout au long des Écritures se penche vers celui qui est faible ; reconnaît qu’il est petit et qu’il ne se sortira pas tout seul de ses faiblesses et de sa situation de pécheur.

La première lecture de ce jour tirée du livre de Ben Sira le Sage décrit bien qui est ce Dieu dont l’attention est tout particulièrement tournée vers le pauvre. « Il écoute la prière de l’opprimé, ne méprise pas la supplication de l’orphelin  ni la plainte répétée de la veuve » car « la prière du pauvre traverse les nuées ! » (Si 35, 21).

Le 9 octobre dernier, le pape Léon XIV publiait son exhortation apostolique « Dilexi te » ("Je t’ai aimé", Ap 3,9, adressé à la communauté chrétienne) qui explique pourquoi les pauvres occupent une place centrale dans la vie chrétienne.

« Dilexi te porte ce message que la vie des pauvres, parfois même leurs simples visages sont comme une bible dans laquelle on peut lire l’amour de Dieu, sa passion pour l’homme et où on découvre sa puissance qui sauve » (Michel Corre)…« Il rappelle que c’est  la longue histoire de l’Église qu’il s’agit de continuer aujourd’hui, partout dans le monde selon que le "souci des pauvres" est comme un phare lumineux qui, à partir de l’Évangile, a éclairé les cœurs et les pas des chrétiens de tous les temps » (Léon XIV)

Je vous encourage vivement à la lire et à la méditer : son texte est facile et rempli de scènes bibliques. 

 AMEN !

 

Vous pouvez trouver ce texte avec cette adresse numérique: 

https://www.vatican.va/content/leoxiv/fr/apost_exhortations/documents/20251004-dilexi-te.html