jeudi 8 octobre 2020

28ème Dimanche Ordinaire A. “Beaucoup en effet sont appelés, mais peu sont élus” Mt 22,1-14 -11.10.2020

 

28ème Dimanche Ordinaire A. Mt 22,1-14

11 Octobre 2020

“Beaucoup en effet sont appelés, mais peu sont élus”

 

Cette Parole du Christ conclut la parabole du festin de noce. Elle pourrait faire frémir si cette parabole ne disait exactement le contraire, puisqu’un seul invité finalement est exclu de ce festin.

Comme bien souvent dans les paraboles, il y a des extravagances, des comportements étonnants pouvant mettre mal à l’aise :

-   Qui sont ces invités qui refusent de se rendre à des noces, alors que bien de nos contemporains traversent aujourd’hui la France entière pour ne pas en manquer une ? Qui sont ces invités qui maltraitent et même tuent les envoyés du roi ?

-   Quel est ce roi, qui, après avoir convié ses invités, envoie ses troupes punir les meurtriers et massacrer leurs villes ?

-   Quel est ce roi qui s’obstine à vouloir, coûte que coûte, remplir la salle de noces de convives, avec des “mauvais et des bons”, que les serviteurs ont été cherché mot à mot “jusqu’à la sortie des chemins”, c’est à dire le point où l’on sort d’un pays, la frontière ?

Cette première partie de la parabole exprime l’immense désir, allant presque jusqu’à l’obsession, de Dieu qui veut voir tous les hommes rassemblés pour les noces de Son Fils avec l’humanité. La parabole manifeste l’universalisme du salut et la gratuité de l’appel.

         La deuxième partie présente un aspect tout à fait autre de ce festin de noce qui n’est pas non plus sans poser question. Le roi vient visiter les convives et il remarque qu’il y en a un qui n’a pas le vêtement de noces. Que peut bien signifier ce vêtement de noces ?

         Dans la Bible, les significations du vêtement sont diverses et nombreuses. Non seulement le vêtement est indispensable pour vivre [Si 29,21 ; 1 Tm 6], mais il caractérise l’individu et sa fonction : prophète, roi, grand prêtre, esclave,  ainsi que son état : fête/travail ; apparat/deuil… Quant aux expressions, elles ne manquent pas ; “déchirer ses vêtements” face à une provocation ou un blasphème (procès de Jésus) ; “toucher la frange du manteau” pour en retirer quelque bienfait (femme hémorragique auprès de Jésus, Lc 8,44; "ne pas souiller ses vêtements", Ap 3,5, c’est à dire ne pas pécher ; laver ses vêtements, donc se purifier ou être purifié ; déposer/reprendre son vêtement, équivaut à servir (lavement des pieds), se tenir prêt…Enfin, le vêtement révèle l’intégrité définitive de l’homme : Dieu fait des tuniques à Adam et Eve, Gn 3,21; le père revêt l’enfant prodigue d’une nouvelle robe, Luc 15, 22 ; Jésus est transfiguré et ses vêtements éblouissants révèlent qui Il est réellement, Mc 9,3. Paul reprendra la symbolique du vêtement pour déclarer qu’avec le Christ, nous dépouillons le vieil homme et ses prétentions pour revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu, Ep 4, 22-24.  En Ga 3,27  “Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ”.  Tout homme, à son Baptême, est ainsi revêtu du vêtement blanc des noces et, invité à recevoir le Corps de Son Seigneur, il s’entendra dire : “Heureux les invités au repas du Seigneur”.

         Quant à l’homme de la parabole qui ne porte pas le vêtement de noce, il n’est pas dit qu’il est mauvais. Il est simplement dit qu’il resta muet. L’invitation au festin de noces ne l’a pas changé ; il n’a pas revêtu l’habit de fête, il n’a pas répondu à l’appel à se réjouir, à être associé au bonheur qui lui est offert, à rendre grâces à Celui qui l’a invité : il reste cois, sans réponse, (mot à mot “muselé”). Ainsi pour que cette parabole, qui ouvre à tous l’invitation au festin, ne soit pas comprise de travers, laissant croire que, quoiqu’on fasse, comme le disait la chanson : “On ira tous au paradis…”, Jésus a mis en présence cet homme qui ne portait pas le vêtement des noces éternelles  demandant que nous revêtions l’habit de noces, que nous “revêtions Jésus Lui-même”, que nous Lui soyons unis.

Quant à savoir combien il y aura d’élus ?  Jésus ne répond pas. Il le fait indirectement  comme dans un autre passage d’Évangile quand on Lui pose la même question : « Quelqu'un lui dit: “Seigneur, n'y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés? ” -  Il leur répondit: « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. » Lc 13, 23-24. Autrement dit, prenez vos responsabilités, je ne ferai rien sans vous. Le grand nombre des élus dépend donc et de l’effort de chacun et de la miséricorde divine.

Mais pour notre plus grande espérance et notre plus grande joie, le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, lève le voile sur cet avenir et nous montre ainsi la cité céleste : « Après quoi, voici qu'apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue; debout devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main… » Ap 7, 9                 AMEN !

jeudi 1 octobre 2020

HOMELIE 27ème Dimanche Ordinaire A – “Les vignerons homicides" - Mt 21, 33-43 04.10.2020

 

HOMELIE 27ème  Dimanche Ordinaire  A – Mt 21, 33-43

04.10.2020

 

“Les vignerons homicides »

 

En ce Dimanche, il est encore question d’une vigne, ou plutôt, d’un propriétaire qui avait une vigne qu’il avait confié à des serviteurs vignerons.

Qu’est-ce qu’une vigne ?

Un petit arbuste qui donne du raisin ? On appelle cela un plant de vigne et en général, il n’est pas tout seul : il y en a des centaines pour que la récolte de raisin soit abondante. Alors la vigne désigne tout le terrain où se trouvent ces plants de vigne. Dans le midi de la France, la Drôme, le Gard, mais aussi l’Hérault et le Bordelais et le Beaujolais et le Pays Nantais etc…, il y a des vignes à perte de vue.

Quel est le produit la vigne ? Le raisin… à déguster ou pour faire un jus et ce jus, travaillé, peut devenir du vin.

         Quelque fois, on trouve une vigne qui est devenue tellement grande qu’elle fait comme un toit au-dessus d’une terrasse et abrite du soleil quand on a envie de déjeuner dehors ou de se retrouver avec des amis.

         Au Pays de Jésus, une vigne est très précieuse et on en prend grand soin. Alors la Bible compare souvent le peuple de Dieu à la vigne pour bien faire comprendre à quel point nous sommes précieux aux yeux de Dieu (Ps 79). Dieu est comme cet ami dont parle le prophète Isaïe (Is 5,1-7), des siècles avant Jésus-Christ qui fait tout ce qu’on peut faire de mieux pour sa vigne. Retourner la terre, enlever les pierres, mettre des plants sélectionnés ; puis construire une tour de garde pour qu’on ne vienne pas voler ses fruits ; enfin, bâtir un pressoir pour recueillir le jus et en faire du bon vin.

         Dans la parabole de Jésus, quelle est cette vigne et qui sont ces vignerons ? Une lecture rapide et superficielle de cet Évangile pourrait nous faire penser que Dieu, le propriétaire de la vigne, en colère contre ces vignerons qui ont tué son propre Fils, enlèverait le Royaume de Dieu au peuple élu, le peuple juif, pour le donner aux païens et nous serions aujourd’hui ces païens. En réalité,  Dieu, qui est fidèle à ses promesses et ne revient jamais sur les dons qu’Il fait, garde son peuple choisi (Rm 11,1) ; mais Il lui a adjoint les nations païennes.

Par ailleurs,  la violence du châtiment qui clôt la parabole pourrait nous scandaliser. Mais Jésus n’a aucune intention de punir. Il le montre en suscitant une réponse chez ceux qui l’écoutent et Il pose la question : « Quand le maître viendra, que pensez-vous qu’il fera à ces vignerons ? » Ce sont ses interlocuteurs qui donnent le verdict : Jésus n’en reprend que la seconde partie : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire du fruit ».

Ceux qui sont en cause dans cette parabole, ce sont les pasteurs, « les chefs des prêtres et des pharisiens » qui feront mettre à mort Jésus, croyant s’en  débarrasser ! Mais n’est-il pas cette pierre rejetée par les bâtisseurs devenue « pierre angulaire » (Ps 117,22) pour les païens comme pour les juifs ? C’est sur Lui que tout homme est invité à bâtir son existence.

 

Dieu notre Père compte donc sur nous, ouvriers de sa vigne, pour que nous lui fassions produire du fruit, c'est-à-dire que nous rendions le monde meilleur autour de nous. Le pape François; en la fête de St François d'Assise, publie aujourd'hui une Encyclique allant dans ce sens: L’Encyclique « Fratelli tutti » : « La fraternité, c’est avoir une attention à l’autre qui n’est pas moi  ».

Quelle déception si nous ne les écoutons pas ! Si nous ne donnons rien, si nous vivons en égoïstes, uniquement pour nous-mêmes… Çà, Il ne s’y fait pas, Il ne s’y fera jamais et Il cherchera à confier sa vigne à des gens qui lui feront donner du fruit, c'est-à-dire, qui feront sa volonté qui est bonne pour tous.

         Enfin, Il demande que nous ne nous comportions pas en propriétaire, comme ces vignerons qui voyant venir l’héritier se sont dit qu’ils pourraient devenir propriétaires de la vigne, ne plus avoir de maître et faire, en toute liberté, ce qu’ils veulent de leur bien, même s’il ne porte pas de fruit ! Ce serait vouloir  un monde sans Dieu, comme c’est le cas aujourd’hui pour beaucoup de nos contemporains.

          

AMEN !

vendredi 25 septembre 2020

HOMELIE 26ème Dimanche Ordinaire, A – “Parabole des deux fils » - Mt 21,28-32 27 Septembre 2020

 

HOMELIE 26ème  Dimanche Ordinaire, A – Mt 21,28-32

27 Septembre 2020

 

“Parabole des deux fils »

 

« La conduite du Seigneur est étrange »  disent les compatriotes du prophète Ézéchiel. Et de fait, les textes de ce Dimanche l’illustrent bien :

« Jésus, qui était dans la condition de Dieu s’est dépouillé pour prendre la condition d’esclave » dit l’hymne de St Paul aux Philippiens (sans doute l’un des hymnes liturgiques le plus ancien du christianisme).

« Les voleurs et les prostituées vous précèdent dans le Royaume des cieux » dit Jésus aux responsables religieux de son peuple.

Pour qui donc ces paroles sont-elles étranges ?

Peut-être pour certains qui se sont fait un Dieu à leur image. C’était bien l’attitude des chefs des prêtres et des anciens qui n’estimaient pas le besoin de se convertir lorsque Jean-Baptiste les y invitait : en quoi des gens qui suivaient fidèlement les prescriptions de la Loi donnée par Moïse, et donc par Dieu, avaient-ils besoin de conversion ? Une espèce de suffisance les empêche de se remettre en question. Ils savent ce qu’il en est des choses de Dieu et ils ne peuvent plus voir autre chose que leurs propres certitudes. C’est ce que leur reproche Jésus : «  Même après avoir vu Jean-Baptiste vivant selon la justice… même après avoir vu la conversion des pécheurs… vous n’avez pas voulu croire »

         Les publicains et les prostituées ont réagi tout autrement. Ce sont des pécheurs publics, certes, et ce n’est pas cela que Jésus complimente. Ils sont comme le premier fils de la parabole : ils ont commencé par refuser de travailler à la vigne : jusque-là, rien d’admirable ! Seulement voilà : Jean Baptiste les a touchés, ils ont écouté sa parole et ils se sont convertis, ils ont changé leur vie. Ce n’est pas parce qu’ils sont pécheurs qu’ils entrent dans le Royaume, mais parce qu’ils se sont convertis. Se sachant pécheurs et ayant un sentiment très vif de leur indignité, de leur pauvreté, ils étaient sans doute plus aptes à se convertir, ils avaient les oreilles et le cœur plus prêts à s’ouvrir.

         Avoir les oreilles et le cœur prêts à s’ouvrir, voilà l’attitude fondamentale du croyant dans la Bible.

Dans cette courte parabole, avez-vous remarqué que chez les deux fils, la parole ne correspond pas aux actes car ni l’un ni l’autre ne fait vraiment ce qu’il dit. Mais leur différence c’est que l’un fait et l’autre ne fait pas ce que le Père a demandé. Quel est la portée de notre "Oui" au Seigneur ? Nous engage-t-il ? Manifeste-t-il notre amour pour Lui ? Et, a contrario, quel pourrait signifier notre "Non" ?

Jésus laisse entendre que Son Père prend le temps et laisse à chacun la possibilité de revenir sur sa réponse première. Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive: rien n’est définitivement joué et de ce fait, le juste peut faillir et le pécheur se convertir.

         C’est pourquoi Jésus demande que nous ayons les oreilles et le cœur ouverts chaque jour pour le suivre, sans que nous connaissions toujours bien où nous allons avec Lui. Il faut donc savoir remettre en question ce que l’on fait, pour se maintenir toujours en état de disponibilité devant Dieu.

Comment ?  Le seul moyen de connaître la volonté de Dieu, c’est de L’aimer, c’est de préférer sa volonté à la nôtre, de la rechercher dans Sa Parole (familiarité avec les Saintes Écritures), de méditer cette Parole écoutée et gardée dans son cœur. C’est aussi d’accepter d’entendre ce que disent les différents services et lieux de réflexion dans notre Église ; par ses responsables, notre pape François, nos évêques, nos prêtres, nos diacres, qui indiquent souvent un chemin, font des propositions, et même publient des articles ou des documents. Enfin, c’est en ouvrant les yeux et étant attentif aux appels et besoins de nos frères, puisque Dieu nous fait signe en eux.

         Alors, même si nous avons pu avoir une première réaction de refus, nous étant repris, nous goûterons combien il est bon et heureux d’aller travailler avec beaucoup d’autres à la vigne du Père, car Lui-même s’en réjouit.

AMEN !