mardi 27 mai 2025

HOMÉLIE 7ème DIMANCHE de PÂQUES. "Voici que je viens sans tarder !" Ap 22,14-20 – Jn 17,20-26 - 01 Juin 2025.

 

HOMÉLIE 7ème DIMANCHE de PÂQUES.

Ap 22,14-20 – Jn 17,20-26  01 Juin 2025.

 

« Voici que je viens sans tarder ! »

Il ne s’agit pas de l’Esprit-Saint, dont nous attendons la venue à Pentecôte prochaine. La voix que Jean entend est celle de Celui qui se présente comme « l’ “A” (Alpha) et l’ “W” (Oméga), le premier et le dernier, le commencement et la fin » [1ère et dernière lettres de l’alphabet grec avec lequel sont écrits les textes du Nouveau Testament]

Avez-vous remarqué dans cette finale du livre de l’Apocalypse, qui clôt même la Bible, le nombre de fois où “Viens” est exprimé ?  « L’Esprit et l’Épouse disent : “Viens !” » – « Celui qui entend, qu’il dise aussi : “Viens !” » – « Celui qui témoigne de tout déclare : “Oui, je viens sans tarder !” » et enfin l’auteur de l’Apocalypse l’appelant de toute sa force : “Amen ! Viens Seigneur Jésus !” . Loin de clore l’Histoire de la Révélation divine, ces appels manifestent le désir du croyant et de son Seigneur en vue d’une rencontre définitive qui accomplira toutes choses.

Il en va par moments ainsi pour nous. Ne sommes-nous pas, dans une vie bien chargée, souvent en suractivité (ou en manque, en raison de l’âge, de la retraite ou d’un handicap important), poussés par un désir d’être avec Jésus, au repos et en paix ?  Mais la réalité quotidienne reprend vite le dessus et même après une bonne retraite spirituelle, un pèlerinage ou un temps fort, notre désir s’estompe ou plus encore, entre en opposition avec elle.

C’est bien à l’Esprit-Saint qu’il nous faut demander de réveiller en nous une grande soif de l’essentiel. Pour faire les choix nécessaires pour le chercher et l’atteindre, il nous fera le don du discernement et du courage. Une parole libérante de Jésus peut nous aider : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même ? »

En somme, quel est le but de notre vie ?

En sa dernière prière (dite sacerdotale) qui est comme son testament quelques heures avant de donner Sa Vie, Jésus nous manifeste son immense souci et sa grande sollicitude pour le “monde”. Il est venu le sauver. Il prie alors pour ses disciples afin qu’ils soient unis entre eux et avec le Père et Lui-même, tellement unis à eux  “pour que le monde croie qu’Il est bien le Fils de Dieu envoyé pour sauver ce monde”.

St Étienne, dont on évoque le martyr dans la première lecture de ce dimanche (Ac 7,55-60), avait bien compris que son Seigneur était l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Il s’était tout donné à Lui. Il s’était identifié à Lui à tel point que son supplice lui ressemble : il est exécuté “hors de la ville” ; “Il remet à Dieu son esprit”. Mais en proclamant son attachement à Jésus, il n’oublie pas, comme Jésus, l’amour de ses frères jusqu’à pardonner à ses bourreaux : « Ne leur compte pas ce péché ».

Prions l’Esprit-Saint, personnellement ou en communauté, pour que nous puissions accueillir en nous Jésus, “Celui qui vient sans tarder ” et que L’Esprit-Saint nous aide à réaliser l’unité entre nous pour que le monde croie,

AMEN !

 

jeudi 22 mai 2025

HOMÉLIE 6ème Dimanche de PÂQUES C - Jn 14,23-29 25 - Mai 2025.

 

HOMÉLIE 6ème Dimanche de PÂQUES. Jn 14,23-29

25 Mai 2025.

En cette période de l’année, les Églises chrétiennes sont en marche vers la fête de la Pentecôte, où elles célèbreront le don de l’Esprit-Saint. Jésus le désigne comme le Défenseur : dans le texte original grec, on le nomme “Paraclet” (ParaklhtoV  mot à mot : “Celui que l’on appelle (kalew) au côté (para) d’un accusé pour qu’il lui souffle les arguments de sa défense”. (Même sens que "avocat" ("Ad vocatus). Il peut se traduire également par “Consolateur”. Jésus le promets donc à ses disciples, qui dès le début de leur ministère, ont été victimes de persécutions.

La lecture des Actes des Apôtres de ce Dimanche nous présente comment dans l’Église naissante s’exerce la gouvernance face aux affrontements des nouvelles Communautés  Chrétiennes autour des dispositions à prendre telle que la circoncision pratiquée par les juifs pour être baptisé et devenir chrétien. Ce sont les Apôtres et les Anciens qui sont à sa tête qui vont exercer cette gouvernance. Ils donnent mandat à des hommes "ayant autorité reconnue parmi les frères" pour les envoyer, avec Paul et Barnabé, vers ces nouvelles Communautés et leur communiquer les dispositions qu’ils ont prises en commun avec l’Esprit Saint. Envoyé par le Père au nom de son Fils Jésus, ce "Défenseur" aura pour mission de garder Sa Parole, de tout leur enseigner et de leur rappeler tout ce que Jésus leur a dit. (Jn 14,26)

Voilà pourquoi toute gouvernance de l’Église repose sur la Parole de Jésus qui nous a été transmise par les Apôtres, actualisée aujourd’hui, avec l’assistance de l’Esprit Saint.

Mes sœurs et mes frères, qui a permis à ces cardinaux d’envisager (ou de s’exposer) à ce  magnifique défi de présider aujourd’hui à la tête de l’Église du Christ ? Le devoir d’assumer leur tâche ? Ou alors une audace folle ? Une ambition ? Mais aussi une foi dans ses fidèles dont ils se sentent frères, capables de les soutenir ? Sans doute, mais aussi une foi inconditionnelle dans les paroles de Jésus : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon Nom… vous enseignera tout et Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». Il soutient, défend et console par ses dons : Sagesse et Intelligence, Conseil et Force, Connaissance et respect de Dieu… annonçait déjà le prophète Isaïe (Is 11,2) qui nous sont rappelés au moment du sacrement de la Confirmation.

Les Apôtres y croyaient tellement, nous le rappelait la première lecture de ce jour (Ac 15,28), que lorsqu’ils ont dû prendre des décisions graves pour accueillir les païens dans l’Eglise naissante, eux qui étaient juifs, décrètent, comme si cela allait de soi : « L’Esprit-Saint et nous-mêmes… ».

Promesse tenue aux Apôtres, promesse tenue aujourd’hui ! N’en n’avons pas été témoins lors du dernier conclave avec l’élection de Léon XIV et ses premières interventions ? « La Paix soit avec tous » ; « Le mal ne prévaudra pas, nous sommes tous dans les mains de Dieu. » « Sans peur, avançons unis main dans la main, avançons, nous sommes les disciples du Christ pas le dernier mot »

Alors, frères et sœurs, êtes-vous « confirmés » ? Si oui, activez ces dons de l’Esprit qui vous ont été faits ; ne l’êtes-vous pas ? Envisagez sérieusement à recevoir ces dons par ce beau sacrement de la foi adulte.  On s’y prépare tout au long d’une année.

Qui que nous soyons, n’hésitons pas à faire appel à l’Esprit Saint : nous ne serons jamais déçus !

AMEN !

mercredi 14 mai 2025

HOMÉLIE 5ème Dimanche de PÂQUES. “Je vous donne un commandement nouveau…” Jn 13, 31-35 - 18 mai 2025.

 

HOMÉLIE 5ème Dimanche de PÂQUES. Jn 13, 31-35

18 mai 2025.

“Je vous donne un commandement nouveau…” Jn 13,34

         « Aimez-vous les uns les autres » n’est pas à proprement parler un commandement nouveau. La première Alliance le recommandait déjà : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,19).

Pourquoi Jésus le présente-t-il comme nouveau ?

« Aimer comme soi-même », c’est prendre pour mesure notre capacité de s’aimer soi (qui bien souvent n’est pas petite ! Mais qui est, somme toute, limitée) et c’est déjà un pas énorme vers le respect et le don que l’on destine à autre que soi.

« Aimer "comme" je vous ai aimés, "de la façon dont je vous ai aimés" », c’est-à-dire « à la façon de  Jésus Lui-même » cela n’a pas de limite. C’est proprement inatteignable sans Lui. Et pourtant, Il le demande ! Et il parle même d’un commandement !

Mais, peut-on aimer sur commande ?

On ne peut aimer qu’en étant libre et non sous l’effet d’un ordre, si bienveillant soit-il. Ce que l’on a traduit habituellement par commandement (entolh) pourrait plutôt être traduit par “précepte, prescription”, à la façon dont un médecin prescrit des médicaments pour son patient ; une ordonnance (où l’on retrouve la notion d’ordre). Autrement dit : Jésus nous prescrit, en bon médecin, de nous aimer comme Il nous a aimés. Si nous refusons, nous sommes dans la situation du malade qui ne veut pas guérir ou ne fait pas confiance à son médecin. Loin de nous imposer une contrainte, Il veut nous rendre la santé, la Vie.

         Cela va encore plus loin. En l’écoutant et en faisant ce qu’Il nous prescrit, nous élargissons son influence auprès de nos prochains, à tel point que nous devenons disciples du salut qu’Il à apporté à tous les hommes.

En effet, à quoi reconnaît-on un disciple de Jésus ?

·         Parce qu’il va à la Messe, Non !

·         Parce qu’il prie ? Non ! 

·         Parce qu’il est baptisé et qu’il communie ? Non plus !

Alors ?

« A ceci, tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns envers les autres » Jn 13,35.

L’amour fraternel vécu est le signe par excellence de la présence de l’amour de Dieu dans nos vies ; il est le don de guérison que Jésus nous fait par ses prescriptions et la grâce qui les accompagne.

 Si l’annonce de l’Évangile par les premiers Apôtres, comme nous la présente la première lecture de ce Dimanche, n’a pas été sans difficultés et oppositions, elle a pourtant été incroyablement efficace et rapide puisque, 40 ans après la Résurrection du Christ, des “Églises”, certes modestes, étaient présentes partout dans le Bassin Méditerranéen. Sans l’amour fraternel qui les animait, ces missionnaires n’auraient rien pu faire.

Que le Seigneur nous donne la force d’annoncer avec audace l’Évangile autant par nos paroles que par le souci de vivre fraternellement autour de nous et tout particulièrement à l’occasion de nos assemblées dominicales.

Comment ne pas accueillir la devise de notre nouveau pape Léon XIV inscrite sur son blason : « In illo uno unum » : En Celui qui est Un, soyons un. Soyons uns avec le Christ.

AMEN !

 

HOMÉLIE 4ème Dimanche de Pâques "Je suis le Bon Pasteur" Jn 10, 27-30 – 11 Mai 2025.

 

HOMÉLIE  4ème Dimanche de Pâques Jn 10, 27-30

11 Mai  2025.

 

« Je suis le Bon Pasteur »

 

Dans les textes liturgiques de ce Dimanche, avez-vous remarqué deux images qui parlent de Jésus-Christ ? L’apocalypse le présente comme l’Agneau qui a donné son sang ; l’évangile de Jean révèle Jésus se présentant Lui-même comme le Bon Pasteur. Y aurait-il contradiction entre ces deux images ?

L’Apocalypse nous donne déjà une réponse, puisque le texte que nous venons d’entendre dit explicitement : « … L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur Pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie ».

Les images bibliques, si elles peuvent apparaître déroutantes et même opposées, sont là pour nous aider à approcher la riche réalité des situations ou des personnes. Elles ne fonctionnent pas en : « Ou Jésus est l’Agneau, ou Il est le Pasteur » mais « Jésus est à la fois l’Agneau et le Pasteur ».

Comment ? Le Christ est l’Agneau Pascal qui, selon la foi juive, rachète les hommes au prix de son sang ; Il est aussi le Serviteur de Yahvé, agneau muet qui va au sacrifice, dans le livre d’Isaïe (Is 53). (Agneau d’ailleurs dans la langue du Christ, qui est l’araméen, se dit "Talya" qui signifie également serviteur). Jésus n’a-t-Il pas vécu sa Passion comme ce Serviteur ? N’est-il pas mort au moment où l’on sacrifiait l’agneau pascal ?

         Mais Il est aussi, comme l’écrit l’évangile, “Beau Pasteur”, kalos, en grec,  au sens de noble, honnête, vrai ; tout différent du mercenaire qui ne travaille que pour de l’argent. Il est beau parce qu’Il connaît chacune de ses brebis, chacun d’entre nous ; Il fait attention à tous. Nous sommes tous uniques pour Lui ; nous Lui  sommes très précieux à tel point qu’Il ne veut pas se séparer de nous : Il nous donne la vie éternelle !

Le Beau/Bon, le vrai pasteur n’est pas pasteur pour lui-même, mais pour son troupeau et, parce qu’Il est uni à Celui qui est à l’origine de toute vie, Il donne vie, puisque tout son être dans son union au Père, guide le troupeau vers ce qui le nourrit, le désaltère.

Ainsi doit-il en être de ceux que l’Église, au nom du Christ, a appelés comme pasteurs. Tellement unis au Christ qu’ils sont aussi agneaux offerts. Ils donnent leur vie pour leur troupeau ; Ils connaissent les membres de ce troupeau, en prennent soin, le conduisent vers ce qui est vital. Ils restent toujours en union avec le seul Pasteur, Jésus-Christ. C’est cela qui permet de discerner une vocation presbytérale parmi bien d’autres appels non moins nécessaires au peuple de Dieu, mais qui n’est pas destiné à la prise en charge du troupeau, comme il est demandé au Pape, à l’évêque ou au prêtre.

Mais comment discerner un appel de Dieu à ce ministère comme, d’ailleurs, à toute autre mission qu’Il voudrait nous confier ?

La première condition me semble la plus nécessaire : faire taire les bruits extérieurs, images, idéologies ou modes qui nous rendent étrangers à nous-mêmes pour trouver un silence habité. Ce silence nous fait voir l’essentiel, c'est-à-dire le dessein de Celui qui nous a fait venir à la vie parce qu’Il nous aime et qu’Il est fidèle. Alors l’envie est  non seulement de ne plus Le quitter mais de Le faire connaître à d’autres. C’est à mon sens le cœur de toute vocation : laïque, presbytérale ou religieuse, et en tout cas celle à laquelle j’ai répondu pour ma part et à laquelle je réponds encore aujourd’hui avec joie, grâce à vous !

C’est donc avec une immense humilité et la conscience aigüe de ne rien pouvoir faire sans Lui qu’une femme, un homme peut envisager de s’engager à répondre et à vivre son appel.

Prions pour celui Léon XIV qui a été élu à la charge pontificale.

Prions pour tous ceux qui ont répondu à un appel.

Prions pour ceux qui pensent y répondre.

Prions aussi pour ceux qui ont du mal à tenir ou qui ont failli.

Prions pour favoriser l’accueil de tels appels dans nos familles et autour de nous,

Remercions le Seigneur de nous adresser son appel et de nous en avoir jugés dignes malgré nos limites et nos faiblesses.

Enfin, prenons des moments de silence où nous rentrons en nous-mêmes pour entendre sa voix.        AMEN !