HOMÉLIE 3ème Dimanche de Pâques Jn 21, 1-19. –
4 Mai 2025.
« Le Seigneur : Il est [Dieu] !»
La scène de la troisième et dernière manifestation de Jésus ressuscité à ses disciples clôt l’Évangile de St Jean et se situe après Pâques, au bord de la Mer de Galilée. Les disciples ont repris leur premier travail, la pêche, car il leur faut bien vivre en attendant la venue de l’Esprit Saint promis par Jésus. Ils sont sept, chiffre parfait, chiffre de l’universalité, chiffre de la rencontre du divin et de l’humain. Ils passent donc la nuit à jeter leurs filets mais ne prennent rien. Jésus se tient au bord du rivage : il ne se fait pas reconnaître. Pourtant Il n’en est pas à sa première rencontre avec eux après sa résurrection. Seulement, Il veut les faire aller plus loin dans leur foi : comment ?
Pas de “Bonjour !” ou de “La paix soit avec vous !” Juste une demande : « Les enfants, avez-vous quelque nourriture ? ». Puis, à leur réponse, Il leur adresse une invitation qui ressemble étrangement à celle qu’ils avaient déjà entendue : « Jetez vos filets à droite de la barque, et vous trouverez » C’était au jour de leur premier appel. Le miracle s’accomplit et aussitôt, le “disciple que Jésus aimait” le reconnaît : « C’est le Seigneur ! » mais l’on peut traduire par : « Le Seigneur : Il est ! » C'est-à-dire que Jésus, Seigneur, ressuscité, est vraiment Dieu Lui-même : qui seul est par excellence ; d’ailleurs, n’est-ce pas le nom même de Dieu, difficilement traduisible, qui a été révélé à Moïse au buisson ardent du Sinaï ? “Je suis qui je suis” “ Je suis celui qui est” ou encore : “Je suis Celui qui sera” (sous-entendu, avec toi et avec mon peuple).(Ex 3,13-14)
Plus que leur maître, plus qu’un prophète, plus que le Messie, Jésus est Dieu : trois fois, nous aurons cette expression : « Le Seigneur : Il est ! » A la troisième, l’évangéliste écrit : « Aucun disciple n’osait Lui demander : « Qui es-tu ? ». Ils savaient que le Seigneur, Il est ». Leur foi en la personne de Jésus devient complète : de la confiance en Jésus de Nazareth, ils passent à la foi en Jésus, Dieu, Fils de Dieu.
Il ne s’agit pas simplement d’une définition de catéchisme : il s’agit pour nous aussi d’apprendre à dire, avec tout ce que cela entraîne de conséquences, que Jésus est Notre Seigneur et Notre Dieu. Et donc qu’Il est au cœur de notre vie ; que nous avons à le chercher et le trouver dans tout ce qui fait notre existence. Certes, Il peut, comme pour les disciples, nous sembler plus souvent absent que présent, mais il est des temps et des moments où Il nous donne rendez-vous pour percevoir plus clairement qu’Il est là ; qu’Il nous éclaire et nous aide dans les moments où nous ne pêchons rien, c'est-à-dire où nos efforts humains pour aimer, pour vivre avec notre entourage de façon harmonieuse ; pour rendre la société plus juste et fraternelle n’aboutissent pas, ne donnent rien. Cela peut se faire dans les rencontres personnelles de notre prière. Cela peut se faire en Communauté lorsque Sa parole est proclamée, écoutée, méditée : qu’elle donne sens à ce que nous faisons et nous rend courage et espoir. Cela est vécu dans le signe, non plus du pain et du poisson grillé, mais du Pain de Vie, donné, reçu et partagé qui nourrit nos cœurs affamés et vides. De nouveau, Jésus, ressuscité, veut nous nourrir en nous donnant son Corps, c'est-à-dire Lui-même, Fils de Dieu : et pourquoi ? Tout simplement parce qu’Il nous aime et que nous sommes les fils et filles bien-aimés de son Père du ciel. Avec
l’assemblée des frères qui nous entourent nous pouvons ensemble
proclamer : « Toi, Seigneur,
Tu es notre Dieu ! »
Seigneur, Tu as fait des premiers disciples des pêcheurs
d’hommes, tirant dans leur filet 153 gros poissons, chiffre qui, d’après
les naturalistes de l’époque, relate St Jérôme, correspondait au nombre
d’espèces connues. Ces 153 gros poissons désignent
symboliquement la totalité des peuples de la terre. De plus, il ne s’agit
pas de « fretins » (« opharion ») comme ce poisson qui
était au-dessus du feu de braise mais de poisson « ictus »
« iktuon » icquwn, mot qui désignera
les fidèles du Christ au début de l’ère chrétienne: « ICTUS »« Iesou Chistos Théo Uios Sator »: "Jésus
Christ Fils de Dieu Sauveur "
(que l’on voit souvent cousu sur les ornements du prêtre) .
Les hommes ont à être tirés de la Mer, lieu symbolique de la
mort et donc sauvés des puissances du mal.
Toi, notre Seigneur et Notre Dieu, Tu peux alors faire de nous les pêcheurs d’hommes d’aujourd’hui, Toi qui nous as ramené à la Vie pour que nous les ramenions à Toi qui es la Vie, à Toi qui es Dieu.