HOMÉLIE 8ème Dimanche Ordinaire C – Lc 6, 39-45
2 Mars 2025
« La paille et la poutre » Lc 6,41
L’hiver n’est pas encore terminé, malgré une timide ambiance printanière, que l’Évangile de ce jour nous propose deux petites paraboles, l’une sur les arbres bons ou mauvais et leurs fruits respectifs, l’autre qui est passée dans notre patrimoine culturel commun, je veux parler de la paille et la poutre. Il fait suite à l’Évangile que nous entendions dimanche dernier dans lequel Jésus recommandait de ne pas juger. En effet, le disciple doit, à l’image du Père, qui est miséricordieux, être bienveillant, non seulement envers ses ennemis mais tout particulièrement, cette fois-ci avec ses frères.
Si Jésus met ainsi en garde, c’est que déjà les premiers chrétiens se jugeaient et se disputaient entre eux, en particulier sur la difficile question de savoir, si ceux qui devenaient chrétiens, devaient observer la Loi juive ou s’ils devaient abandonner ses pratiques pour s’ouvrir à tous les païens accueillant par la foi la grâce de Dieu reçue comme un don et non comme une récompense due aux pratiques de cette Loi. À cette occasion, des échanges vigoureux et enflammés avaient eu lieu entre Pierre et Paul : les Actes des Apôtres (Ac 15,1-35) et la lettre aux Galates de St Paul (2,11-21) y font allusion. Suivront d’ailleurs très vite dans les premières communautés chrétiennes des divisions conduisant à des hérésies dont le gnosticisme (n°36 à 46) et le pélagianisme.
[Le Pape François, dans son exhortation apostolique "Gaudete et Exultate", « La joie et l’allégresse » du 19 mars 2018, les présente et alerte sur les formes nouvelles qu’elles prennent à notre époque. Ça vaut le coup de la lire !]
Quelles recommandations formule de nouveau Jésus ?
La parabole de la paille et la poutre invite simplement "à balayer devant sa porte" avant de critiquer qui que ce soit et de proposer à autrui une bonne conduite. Par ailleurs, ce qui révèle la valeur d’une personne, c’est la cohérence entre ses paroles et sa vie, entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. L’exemple même est celui de Jésus qui donnait un enseignement profond sur l’amour, mais surtout, qui l’a montré par le don de sa vie sur la Croix suivi de sa Résurrection, sur laquelle est fondée notre foi et notre espérance.
Suivre Jésus, c’est désirer faire comme Lui. Mais il faut un temps exigeant de découverte, de formation qui conduit, non pas à le dépasser et ne plus se référer à Lui, mais à être comme Lui parce qu’avec Lui. « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître ».
Le véritable disciple agit en
conformité avec sa foi. Quelle est la source de son action ? C’est le
trésor de son cœur. S’il est bon, il produit le bien, tout comme les
paroles qu’il prononce révèlent ce qu’il est au plus profond de lui-même.
L’Esprit Saint dans la prière et la
méditation nous éclaire et nous guide en purifiant notre cœur et en produisant
en nous des paroles qui réconfortent et transmettent la vie.
Frère et sœurs, prenons conscience de nos paroles et de nos actes ; discernons : sont-elles fidèles à la réalité des situations et au respect de chaque personne ? Sont-elles bienveillantes ? Produisent-elles le bien autour de nous ? Réconfortent-elles ? Portent-elles un regard d’espérance sur ceux que nous rencontrons ?
Mais ne désespérons pas si nos paroles et nos actes nous révèlent nos imperfections, nos défauts, nos erreurs. Jésus n’est-Il pas là pour nous guérir, nous former et nous faire grandir ? Nous savons que nous pouvons compter sur sa patience sans limite, sinon nous ne serions pas là !
Et comme nous invite le pape François dans son message de Carême que je vous invite à accueillir (il est court et ne fait que deux pages
« Marchons ensemble dans l’espérance » !
AMEN !