jeudi 27 février 2025

HOMÉLIE 8ème Dimanche Ordinaire C .« La paille et la poutre » - Lc 6, 39-45 - 2 Mars 2025

 

HOMÉLIE 8ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 6, 39-45

 2 Mars 2025

 

« La paille et la poutre » Lc 6,41

 

L’hiver n’est pas encore terminé, malgré une timide ambiance printanière, que l’Évangile de ce jour nous propose deux petites paraboles, l’une sur les arbres bons ou mauvais et leurs fruits respectifs, l’autre qui est passée dans notre patrimoine culturel commun, je veux parler de la paille et la poutre. Il fait suite à l’Évangile que nous entendions dimanche dernier dans lequel Jésus recommandait de ne pas juger. En effet, le disciple doit, à l’image du Père, qui est miséricordieux, être bienveillant, non seulement envers ses ennemis  mais tout particulièrement, cette fois-ci avec ses frères.

Si Jésus met ainsi en garde, c’est que déjà les premiers chrétiens se jugeaient et se disputaient entre eux, en particulier sur la difficile question de savoir, si ceux qui devenaient chrétiens, devaient observer la Loi juive ou s’ils devaient abandonner ses pratiques pour s’ouvrir à tous les païens accueillant par la foi la grâce de Dieu reçue comme un don et non comme une récompense due aux pratiques de cette Loi. À cette occasion, des échanges vigoureux et enflammés avaient eu lieu entre Pierre et Paul : les Actes des Apôtres (Ac 15,1-35) et la lettre aux Galates de St Paul (2,11-21) y font allusion. Suivront d’ailleurs très vite dans les premières communautés chrétiennes des divisions conduisant à des hérésies dont le gnosticisme (n°36 à 46) et le pélagianisme.

[Le Pape François, dans son exhortation apostolique "Gaudete et Exultate", « La joie et l’allégresse »  du 19 mars 2018, les présente et alerte sur les formes nouvelles qu’elles prennent à notre époque. Ça vaut le coup de la lire !]

Quelles recommandations formule de nouveau Jésus ?

La parabole de la paille et la poutre invite simplement "à balayer devant sa porte" avant de critiquer qui que ce soit et de proposer à autrui une bonne conduite.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Par ailleurs, ce qui révèle la valeur d’une personne, c’est la cohérence entre ses paroles et sa vie, entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. L’exemple même est celui de Jésus qui donnait un enseignement profond sur l’amour, mais surtout, qui l’a montré par le don de sa vie sur la Croix suivi de sa Résurrection, sur laquelle est fondée notre foi et notre espérance.

Suivre Jésus, c’est désirer faire comme Lui. Mais il faut un temps exigeant de découverte, de formation qui conduit, non pas à le dépasser et ne plus se référer à Lui, mais à être comme Lui parce qu’avec Lui.  « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître ».

Le véritable disciple agit en conformité avec sa foi. Quelle est la source de son action ? C’est le trésor de son cœur. S’il est bon, il produit le bien, tout comme les paroles qu’il prononce révèlent ce qu’il est au plus profond de lui-même. L’Esprit Saint dans la prière et  la méditation nous éclaire et nous guide en purifiant notre cœur et en produisant en nous des paroles qui réconfortent et transmettent la vie.

Frère et sœurs, prenons conscience de nos paroles et de nos actes ; discernons : sont-elles fidèles à la réalité des situations et au respect de chaque personne ? Sont-elles bienveillantes ? Produisent-elles le bien autour de nous ? Réconfortent-elles ? Portent-elles un regard d’espérance sur ceux que nous rencontrons ?

Mais ne désespérons pas si nos paroles et nos actes nous révèlent nos imperfections, nos défauts, nos erreurs. Jésus n’est-Il pas là pour nous guérir, nous former et nous faire grandir ? Nous savons que nous pouvons compter sur sa patience sans limite, sinon nous ne serions pas là !

Et comme nous invite le pape François dans son message de Carême que je vous invite à accueillir (il est court et ne fait que deux pages 

« Marchons ensemble dans l’espérance » !

 

                     AMEN !

 

mercredi 19 février 2025

HOMÉLIE 7ème Dimanche Ordinaire C –"A celui qui te frappe sur la joue, tends l’autre" Lc 6, 27-38 - 23 Février 2025

 

HOMÉLIE 7ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 6, 27-38

23 Février 2025

 

 

« A celui qui te frappe sur la joue, tends l’autre » Lc 6,29

 

Avec l’Évangile de ce jour, nous sommes confrontés à certaines exigences de Jésus qui peuvent nous rebuter : "céder sa tunique à celui qui veut prendre son manteau; "Tendre l’autre joue", si l’on est frappé ; n’est-ce pas irréaliste ? Et Jésus Lui-même l’a-t-Il fait lors de son procès lorsque le serviteur du grand-prêtre le frappe sur la joue ? Non bien sûr. (Jn 18,22-23). Mais, dans le cas présent, Il vient de déclarer à ses disciples : « Aimez vos ennemis… ». Ne répondez pas à la violence par la violence, n’ajoutez pas un mal à un autre mal.

Mais Il va plus loin et plus profond : «Ne jugez pas…ne condamnez pas…». S’ Il nous demande de ne pas poser de jugement extérieur ou moral sur les personnes, c’est qu’il veut que notre regard change sur le monde et qu’il devienne progressivement celui de « Dieu qui aime tant le monde » (Jn 3,16).

Qui sommes-nous du reste pour juger quelqu’un ? St Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche écrivait aux Corinthiens : « Comme Adam est fait d’argile, aussi les hommes sont faits d’argile » (1 Co 15,48). Alors que nous sommes "argile", voulons-nous prendre la place de Dieu qui connaît profondément les personnes que nous jugerions et qui les aime comme chacun d’entre nous ?

Dieu donne à chacun la possibilité de faire la lumière sur lui-même, comme du haut de Sa Croix, Jésus a demandé à Son Père « De pardonner à ses bourreaux, car ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient » (Lc 23,34).

Soyons comme Dieu des êtres de compassion. Devenons « fils du Très-Haut, car il est bon Lui, pour les ingrats et les méchants ».

Les exigences qu’Il a énoncées ne reposent pas seulement  sur la bonté foncière de l’être humain, mais sur la bonté de Dieu. C’est Lui le modèle à imiter. « De même que nous sommes invités à être à l’image de Celui qui vient du ciel » (1Co 15,49) écrit St Paul dans le même passage de sa lettre aux Corinthiens, de même, nous sommes créés à l’image de Dieu plein de miséricorde, appelés à jeter un regard miséricordieux sur tous les hommes, y compris les ennemis. Il nous est impossible de le faire sans Sa présence en nous, sans la grâce de son Esprit-Saint.

Quand il nous est humainement impossible de pardonner, c’est Lui qui pardonne en nous ;

Quand il nous est impossible de donner, c’est Lui qui nous aide à relativiser nos biens et à amasser un trésor dans les cieux…

Dans le fond, il n’y a pas de réponse possible aux exigences d’amour de Jésus sans Lui, ce qui revient à dire qu’on ne peut être chrétien sans une communion profonde avec Lui.

Retenons Sa merveilleuse et toute simple invitation : « Faites du bien » et Sa proposition de base : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ».

Puisons Sa Force et Sa Lumière en Lui, en invoquant Son Esprit-Saint et continuons d’entrer dans Son Eucharistie.

                     AMEN !

jeudi 13 février 2025

HOMÉLIE 6ème Dimanche Ordinaire C – " Les Béatitudes selon St Luc" Lc 6, 17.20-26 - 16 Février 2025 –

 

HOMÉLIE 6ème  Dimanche Ordinaire 

16 Février 2025 –

Les Béatitudes selon St Luc Lc 6, 17.20-26

 

Voici des paroles de Jésus, claires et sévères, qui peuvent rebuter, et pourtant on les appelle "Béatitudes", sans doute parce qu’elles commencent par "Heureux".

Mais d’abord, que ne dit pas Jésus ? Jésus ne dit pas que les pauvres sont meilleurs que les riches ou qu’ils ont plus de chance qu’eux, parce qu’ils seraient "heureux".

Que dit-Il alors ? S’adressant aux premiers, Il adresse un message d’espoir à tous ceux que le monde oublie, qui n’ont pas le nécessaire pour une vie pleinement humaine, qui ne mangent pas à leur faim ou qu’une grande épreuve les fait irrésistiblement pleurer, comme un deuil. Enfin, ils s’adressent à ceux qui sont méprisés parce qu’ils croient en Lui. Eh bien, tous ceux-là, paradoxalement, qu’ils se réjouissent et sautent de joie (mot à mot, fassent du sirtaki !), car ils ont une place auprès de Dieu.

S’adressant aux seconds, aux nantis, aux repus, Il leur adresse un avertissement sous forme de plainte (et non de malédiction !) : en grec, "quel malheur" se dit : "Ouaï !" (Bien proche de notre français : "Ahi haï). "Hélas !"  Oui, vous allez être malheureux parce que vous vous appuyez sur votre bien-être qui vous satisfait mais vous enferme sur vous-mêmes et vous rend insensible au monde qui vous entoure. Dans le Psaume 49, 13, on retrouve le même constat : « L’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qui va à l’abattoir ». C’est pourquoi Jérémie pouvait dire encore, dans la première lecture de ce jour : « Maudit soit l’homme qui s’appuie sur un être de chair [comprenez, "sur lui-même" ou un proche], tandis que son cœur se détourne du Seigneur ».  (Jr 17,5). Mais Jésus invite à s’appuyer  sur les deux : l’être aimé et le Seigneur qui nous aime. De fait, trop d’opulence rend aveugle et sourd aux autres et par voie de conséquence, ne permet plus de désirer Dieu : au bout d’un certain temps, elle laisse vide.

En définitive, Jésus nous dit que Dieu nous aime tous de façon différente, mais Il veut nous alerter, les uns pour qu’ils ne se découragent pas ; les autres pour qu’ils n’aillent pas vers des richesses trompeuses qui conduisent finalement à être.

On a traduit "heureux" du grec "Makarios"   Makarioi,

mot qui vient d’un verbe, "Makarizo", qui signifie "qu’on estime quelqu’un heureux" et même : "qu’on l’envie d’être heureux". On le trouve souvent dans la Bible et en hébreu, « ashreï », qui peut se traduire par "En marche ! " ou "Félicitations, Bravo, tu as tout compris ! ". Ce mot désigne la rectitude de l’homme en marche sur un chemin qui mène à Dieu et le conduit à la vie et au bonheur.

Alors, remercions Jésus de nous mettre en garde contre le faux bonheur et, avec l’aide de son Esprit Saint,  soyons ces « arbres plantés près d’un ruisseau qui donnent du fruit en leur temps » Psaume 1,3

                    AMEN !

 

jeudi 6 février 2025

HOMÉLIE 5ème Dimanche Ordinaire C – "La pêche miraculeuse, l'appel des disciples" Lc 5,1-11 - 09 Février 2025 – Journée consacrée aux malades.

 

HOMÉLIE 5ème  Dimanche Ordinaire  C – Lc 5,1-11

09 Février 2025 – Journée consacrée aux malades.

 

« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ! ». Désagréable impression de capturer ou de faire du  prosélytisme malveillant ? Le verbe “prendre” a une connotation possessive qui s’accommode mal avec l’infinie considération que le Christ invite à avoir envers toute personne, dans le respect de sa liberté et de sa conscience.

En fait, le mot “prendre”, dans le texte grec, n’a pas le sens de “s’approprier”. Il signifie “prendre vivant” [zoégrèo contient le mot zoé, qui signifie la “vie” non pas biologique qui se dirait « bios » mais celle qui anime un être]. Et même, il peut signifier : “rendre la vie, ranimer”. Ainsi, Jésus dit à Pierre : « Ne crains pas, désormais ce sont des hommes que tu rendras à la vie ! ». Tâche magnifique que Jésus confie à Pierre et ses compagnons : pas étonnant qu’ils le suivent aussitôt, “quittant tout”.

La scène qui précède est pleine de sens concernant la manière de faire de Jésus.

Tout d’abord, il s’adresse à des hommes en plein travail, au cœur de leur activité humaine. Il leur demande un service : « Prête-moi ta barque ». Simon le fait volontiers.

 Puis s’adressant aux foules restées sur le rivage, Jésus les enseigne. Ayant achevé de parler, il s’adresse à Simon et l’invite à aller pêcher "en profondeur" : Baqoj  Bathos->bathiscaphe.

Qui est-il ce charpentier pour s’adresser à des pêcheurs professionnels et  les envoyer en plein jour de nouveau pêcher, eux qui n’ont rien pris de toute la nuit ?

Simon, qui a du écouter le Rabbi Jésus, est sans doute frappé par son enseignement et lui répond : « Sur Ta Parole, je vais jeter les filets ». C’est la pêche miraculeuse !

Simon en est tout bouleversé ; son nom même en est changé : il devient “Simon-Pierre” et lui-même ne s’adresse plus à Jésus comme  “Maître” mais comme “Seigneur”.

Quel parcours !

Jésus demande : « Prête –moi ta barque »

Simon la met à sa disposition.

Jésus enseigne, puis les envoie en eau profonde

Simon, qui malgré son expérience, l’écoute.

Simon-Pierre prend conscience de l’écart entre lui et Celui qu’il découvre comme son Seigneur. Jésus l’invite à ne pas craindre et à aller “rendre vie à d’autres hommes”

Simon-Pierre et les compagnons quittent tout et partent à la suite de Jésus.

Jésus est-Il aujourd’hui encore pour nous ce Seigneur qui nous demande : « Prête-moi tes oreilles, ta voix, tes mains, tes jambes, ta santé, ton intelligence, ton art, ton cœur, ta foi, ta maladie et ta vieillesse, bref tous tes talents et ta situation de vie, pour vivre et porter La Parole de Dieu, comme le faisait Jésus à ces foules qui se pressaient autour de Lui… pour que Je puisse aller en profondeur vers les gens de tous horizons et particulièrement, pour que Je puisse “rendre vie, ranimer” ceux qui en ont le plus besoin, marqués par les épreuves, la maladie, la vieillesse et les pauvretés de tout genre ? »

« Ne crains pas : Je suis avec toi ! » 

. AMEN !