mercredi 31 janvier 2024

HOMÉLIE 5ème Dimanche Ordinaire B. – « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée… » Livre de Job Ch.7, 1. - 4 Février 2024

 

HOMÉLIE 5ème Dimanche Ordinaire B.  – Mc 1, 29-39

4 Février 2024

« Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée… » Livre de Job Ch.7, 1.

Combien ce cri de Job, entendu dans la 1ère Lecture de ce jour, rejoint ceux d’innombrables hommes et de femmes dont l’existence aujourd’hui est un calvaire, pas simplement dans les contrées lointaines, dans les pays en guerre, mais proche de nous : longues et terribles maladies, handicaps profonds, chômages longue durée, immigration forcée… Il en était ainsi du temps de Jésus et c’est bien pour cela qu’au soir du Sabbat, Jésus accompagne son annonce de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle, par toutes sortes de guérisons, jusque tard dans la nuit tant la demande était grande.

         Où Jésus puise-t-Il cette énergie qui le pousse au petit matin à « aller ailleurs dans les villages voisins » ? N’est-ce pas la mission que lui a confiée son Père : « C’est pour cela que je suis sorti ! ». Pas simplement de Capharnaüm, mais d’auprès de Dieu.

Remarquons que c’est la même mission qui a été confiée à Paul. Celui-ci se conduit donc comme son maître, convaincu d’annoncer cette Bonne Nouvelle « pour en gagner le plus grand nombre possible…et en sauver à tout prix quelques-uns. » 1 Co 9, 23

L’un et l’autre ne cherche pas leur « avantage matériel » ou « une récompense » dira Paul. Quant à Jésus, Il empêche les démons de révéler qui il était, car Il ne voulait pas de contresens sur son identité : Il ne voulait pas qu’on le prenne seulement pour un super guérisseur.

         Ce qui nourrit sa mission, ce sont les temps de rencontre qu’Il vit dans la prière avec son Père : “Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva”. Et quand donc, un jour,  Jésus se lèvera-t-Il avant l’aube ? A Pâque : car ce mot, qui est utilisé ici ( “anastasis”)  désignera la résurrection. De plus, Jésus, comme Moïse et quelques grands personnages de la première Alliance, se rend « dans un lieu désert » et pour y rencontrer son Père : “Et là, Il priait.”

Que retenir de ce récit inaugural de la mission de Jésus ?

Jésus est venu nous donner une Bonne Nouvelle, dont le propre est de nous libérer de tout ce qui nous empêche de vivre dans l’amour en enfants de Dieu. Cet Évangile, Il l’a confié à ses Apôtres : Pierre…Paul… Il nous le confie aujourd’hui : il en va du salut, de la “santé” de nos contemporains.

Quelle peut être notre participation à cette annonce ?

D’abord retrouver, réveiller en nous cette passion de l’Évangile. Si je ne rencontre pas le Père comme Jésus le fait quotidiennement, je ne le pourrai pas. Mgr. Coffy disait “Jésus ne serait pas allé si loin dans l’évangélisation s’il ne s’était pas retiré si loin dans la prière.” Et un autre évêque le rejoignait en disant : “Un évangélisateur qui ne prie plus, bientôt n’évangélisera plus”.

 

Jésus annonce la Bonne Nouvelle qui donne sens à la vie mais en même temps, Il se bat contre la maladie et la souffrance.

Il nous invite, là où nous sommes et avec nos propres moyens, d’accompagner, de soulager chaque fois qu’il est possible ceux qui traversent des épreuves. Mais s’Il a pu guérir de nombreux malades, il ne les a pas guérit tous. Les miracles qu’Il a généreusement accomplis sont le signe que le règne de Dieu est déjà là ; mais le risque est de n’y voir que le prodige et de passer à côté de la présence du Seigneur et de son salut profond et définitif. Face à la souffrance de milliards d’êtres humains si bien exprimée par Job, Jésus à sa Passion, entrera Lui-même solidairement dans la souffrance, mais il faudra l’avènement du monde nouveau promis par Dieu et annoncé par Isaïe (65, 17) puis par l’Apocalypse, pour que la souffrance et la mort disparaissent totalement.

Ap 21,4 : “Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n'y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé."

         En attendant cet avènement, retroussons nos manches, soyons les mains de Dieu : “J’étais malade et vous m’avez visité” Mt 25, 36 et ne cessons pas de prier comme Jésus.

AMEN !

jeudi 25 janvier 2024

HOMÉLIE 4ème Dimanche Ordinaire B. "Il enseignait en homme qui a autorité" Mc 1, 21-28. - 28.01.2024

 

HOMÉLIE 4ème Dimanche Ordinaire B. Mc 1, 21-28.

28.01.2024

 

« Il enseignait en homme qui a autorité »

 

Ce que Jésus a enseigné lors de son premier séjour à Capharnaüm à la synagogue, Marc ne nous le rapporte pas. Par contre, il nous montre une assemblée frappée par son enseignement “car il enseigne avec autorité et non pas comme les scribes.”  

Qui sont les scribes ? Ce sont les spécialistes et les interprètes officiels des Saintes Écritures. Au terme de longues études, vers l’âge de 40 ans, on était ordonné scribe, ce qui conférait autorité dans les décisions juridiques. Souvenez-vous du roi Hérode, qui lors de la venue des mages, s’adresse à eux pour savoir où, d’après les Écritures, devait naître le roi des juifs.

Mais qu’est-ce donc que l’autorité ? Le mot vient du verbe latin “augere” qui signifie “croître”, et aussi “faire croître, faire grandir”. L’autorité a donc pour fonction essentielle de permettre à celui qui l’exerce d’aider ou de faciliter quelqu’un à devenir lui-même, homme à part entière, responsable de son histoire, capable d’initiative et de solidarité. “Une autorité véritable autorise l’autre à être auteur de sa vie”.

Les scribes avaient une autorité qui tenait à leurs connaissances, mais, nous l’avons vu avec la venue des mages, s’ils savaient quantité de choses, cela ne les faisait pas bouger pour autant. Ils transmettaient quantité de règles de tout genre, mais faisaient-ils grandir ?  Jésus plus tard, dans l’Évangile, les prendra à partie, car “ils disent et ne font pas”. Il leur reproche les excès dus à leur science et le souci des honneurs.

Jésus par contre exerçait une autorité de service, avec une compassion active, en particulier pour ceux qui étaient les plus fragilisés, et c’est le cas de ce pauvre homme, tourmenté par un esprit mauvais. Que fait-il ? Il fait comme Dieu son Père, au début du monde. Il "sépare" cet homme de l’esprit mauvais qui s’est installé en lui, là où il ne devait pas être. Dieu n’a-t-Il pas créé les êtres humains pour qu’ils soient libres et non pas aliénés par les forces du mal ? Jésus, à la surprise générale, se comporte à l’inverse de cet esprit du mal : il l’interpelle vivement, lui commande de quitter le pauvre homme. On comprend que l’assistance ait eu très peur, tant cela était inhabituel, et comment elle se mit à s’interroger sur la personne de Jésus à l’écoute et au vu de ce qu’il venait d’accomplir : « Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent !

Le règne de Dieu est donc arrivé. Il révèle un Dieu qui veut tirer les hommes de toutes les puissances de mal qui le rende prisonnier de lui-même.

Aujourd’hui, Jésus nous associe à ce salut et en particulier, dans toutes les formes d’autorité que nous pouvons exercer, dans la mesure où nous détenons une responsabilité et donc un pouvoir qui lui est lié.

Comment exerçons nous cette autorité ? Dominatrice ? Pour nous mettre en valeur ? Ou en respectant l’autre ; en accueillant son désir lorsqu’il est bon; en lui faisant confiance. Savons-nous appeler ? Essayons-nous de rendre notre proche auteur de sa propre vie ?

Jésus nous montre une autorité qui aime : il ouvre aux autres, sur son Père.

Savons-nous saisir ou provoquer des temps de parole entre nous sur ce qui est important pour nous dans la vie? Nous donnons-nous des occasions de partager en famille, parfois en voisins ou au travail ce qui fonde nos attitudes face aux évènements ? Echangez-vous sur les textes de la Parole de Dieu que vous avez écoutés à la messe ? Sur l’homélie, pourquoi pas ? Donnez-vous la parole à ceux qui n’osent pas la prendre ?

Bon Dimanche ! Bonne semaine ! Que la Parole et la présence du Seigneur vous fassent grandir à son image !

AMEN !

mercredi 17 janvier 2024

HOMÉLIE 3° DIMANCHE Ordinaire B.- "Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes" Mc 1, 14-20 - 21 Janvier 2024 .

 

HOMÉLIE 3° DIMANCHE Ordinaire B. Mc 1, 14-20

21 Janvier 2024

« Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes »

A entendre cet Évangile, qui n’est pas surpris de la rapidité avec laquelle les premiers disciples répondent à l’appel de Jésus ? « Aussitôt, laissant là leur filet, (leur gagne-pain), ils le suivirent ... Aussitôt, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent dernière lui ». Pouvoir magnétique de Jésus ? Fascination d’un gourou ? Toute chose qui serait dénoncée aujourd’hui comme une atteinte à la liberté des personnes.

Pourtant, les évangiles des dimanches précédents nous avaient présentés les premières rencontres de Jésus avec ces mêmes disciples sous le parrainage de Jean-Baptiste. Ils connaissaient donc Jésus et avaient déjà pris conscience de sa personne : « Nous avons trouvé le Messie » dit André à son frère Simon-Pierre avant de le présenter à Jésus. Et le sceptique Nathanaël de professer : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ! ». Que s’est-il donc passé ?

Après son Baptême dans le Jourdain, Jésus s’est retiré au désert. Ce n’est qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste, qui ne peut plus exercer son ministère de prophète, que Jésus va commencer le sien. Il va donc retrouver ces hommes que Jean-Baptiste lui avait désignés et avec lesquels il avait passé quelque temps, pour les appeler à participer à l’annonce de la Bonne Nouvelle, car « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ». Et on ne peut pas y rester indifférent : il y a urgence, comme pour les habitants de Ninive en réponse à la prédication de Jonas : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle= Évangile ».        

Mais il y a plus dans leur décision, me semble-t-il.

Jésus les invite à devenir des pêcheurs d’hommes. Comment comprenez-vous ces images ? Un filet  qui enserre et capture…Un pêcheur qui donne la mort à ses captures…même si c’est pour la bonne cause : nourrir !

 Seulement pour un juif, plongé dans la mentalité et la symbolique biblique, il n’en va pas ainsi.

Jésus, écrit St Marc, « chemine auprès de la mer… » La Mer : Thalassa et non Lac : limnén comme écrit St Luc, qui lui n’est pas juif. Et en effet, le lac de Génésareth, (de Galilée ou de Tibériade) est bien un lac de 21 kms N/S et 13 kms dans sa plus grande largeur, E/O, à moins de 210 m. en-dessous du niveau de la mer. Alors pourquoi Marc, mais aussi Matthieu et Jean, qui sont juifs, le désignent toujours par “Mer” ? Parce que la mer, dans la symbolique juive, est toujours considérée comme le lieu des puissances du mal et de la mort. Des eaux du Déluge et celles de la Mer Rouge engloutissant tous les violents de la terre, jusqu’à la mer qui a englouti Jonas fuyant l’ordre de Dieu d’aller proclamer la conversion aux ninivites, en passant par la prière de nombreux psaumes parlant du monstre, le Léviathan, et enfin, bien sûr, Jésus qui s’adresse aux flots en furie ou qui marchera sur la mer annonçant qu’Il vaincra la mort par son amour, sur la Croix : il est donc bien question de tirer des hommes de ces lieux de morts, de les sauver des puissances du mal. Les premiers disciples le pressentent déjà et suivent sans hésiter Celui qui sera leur Sauveur.

N’est-ce pas d’une certaine manière la pensée de Paul qui s’est exprimée dans la 2ème lecture de ce jour (1 Co 6,13-20) et qui peut nous paraître à juste titre excessive. Mais l’urgence d’accueillir le Seigneur et son Évangile ne justifie-t-elle pas cette prise de recul devant ce qui appartient au monde qui passe ? « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Proclame Jésus, comme à la suite de Jonas.

Il ne s’agit pas de suivre Jésus pour faire nombre mais pour faire connaître ce merveilleux Sauveur, qui nous invite à certains détachements pour nous libérer. Nous avons tous à nous convertir, croire à la Bonne Nouvelle et proposer cet Évangile à tous : c’est ainsi que se fera le plus tôt possible l’Unité des chrétiens, lorsque toutes les Églises et communautés chrétiennes, avec leurs diversités, n’auront qu’un souci, celui de leur Seigneur : Sauver le monde. Devenons pêcheurs d’hommes.          

AMEN !

mercredi 10 janvier 2024

HOMÉLIE 2ème Dimanche ordinaire. Année B "Voici l'Agneau de Dieu..." Jn 1,35-42 - 14.01.24

 

HOMÉLIE 2ème Dimanche ordinaire. Année B

14.01.24 - Jn 1,35-42

"Voici l'Agneau de Dieu..."

 

« Voici l’Agneau de Dieu ! ». Comment Jean-Baptiste pouvait-il désigner ainsi, à deux de ses disciples, ce cousin qu’était Jésus, fils de sa tante Marie de Nazareth ? Et comment, tout célébrant, en vous invitant à venir communier, peut-il vous présenter l’hostie consacrée en reprenant les mêmes termes ?

                   Or il se trouve que dans la langue parlée par Jésus et Jean-Baptiste, qui est l’araméen, proche de l’hébreu, le mot qui désigne l’agneau, “talya”, signifie également “jeune homme” et “serviteur”. Lorsque l’évangéliste rapporte, longtemps après, cette première rencontre de Jésus avec ses deux premiers disciples, Jésus a vécu sa Pâque et s’est bien montré le Serviteur qu’annonçait Isaïe sur lequel pesait le péché du peuple et qui par son sacrifice allait le racheter  (Is 53,7 ;10-11) : « Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire… il verra une postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé s'accomplira. A la suite de l'épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes ».

                   Par le don de sa vie sur la Croix à la veille de la Pâque, Jésus était vainqueur de la mort et accomplissait le dessein de Dieu : nous sauver. Dès lors, il a été considéré par les premiers chrétiens comme l’agneau pascal, non pas celui que devaient sacrifier les hébreux avant d’être libérés de l’esclavage d’Égypte, mais celui qui libère de la mort et de l’esclavage du péché. En désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu, Jean-Baptiste, en prophète, prédit la destinée de Jésus.

                   Ceci semble confirmé par un petit détail qui à priori, semble sans intérêt. L’évangéliste se rappelle l’heure de cette rencontre si importante. « C’était vers quatre heure du soir ». En fait, il est écrit : « C’était environ la dixième heure ». Pourquoi cette précision ? Elle a une valeur hautement symbolique. Car d’après une tradition juive, la veille de la Pâque, il fallait avoir terminé le sacrifice de l’agneau pascal avant la dixième heure pour avoir le temps de le rôtir et pouvoir le consommer durant la nuit de Pâque. Après la résurrection du Christ, les Apôtres comprendront qui est le véritable et définitif Agneau pascal et bien sûr ils se souviendront de cette première rencontre avec leur Seigneur, qui avait du être déterminante pour eux.

                   Ce qui est d’ailleurs remarquable dans cette première rencontre, c’est la manière dont Jésus aborde ses premiers futurs disciples (et pourquoi pas chacun de nous). Il leur pose la question : « Que cherchez-vous ? ». Il n’annonce rien, n’affirme rien : Il nous interroge sur notre recherche. Le désir est la condition pour avancer dans la foi. C’est d’ailleurs la question que l’on pose aux catéchumènes à leur entrée en catéchuménat. Cette question est une invitation à faire la lumière sur nous-mêmes, nos désirs, nos projets, ce qui compte réellement pour nous, ce qui a le plus de prix à nos yeux…

                   La réponse des disciples à la question de Jésus est assez déconcertante : « Maître, où demeures-tu ? » Mais si c’était la bonne, la seule et unique question  que l’on pouvait faire à Dieu: savoir où Il demeure pour être avec Lui, tant Il nous a montré qu’Il voulait être avec nous !

                   La réponse de Jésus est non moins étonnante : « Venez et vous verrez ! » N’exprime-t-elle pas l’infini respect que nous porte Dieu et qui en appelle à notre pleine liberté ?

                   A Gethsémani, la question de Jésus à ceux qui viennent l’arrêter ne sera plus : « Que cherchez-vous ? » mais « Qui cherchez-vous ?». Au bout de notre recherche, de notre désir, il n’y a pas des idées, des biens matériels, des réussites, la gloire… que sais-je ! Il y a quelqu’un.            

                   En communiant, accueillons l’Agneau de Dieu qui “soulève” nos péchés pour les extirper de notre cœur et de notre pauvre monde et nous invite à le connaître de mieux en mieux et demeurer avec Lui.

                    AMEN !