mercredi 31 mai 2023

HOMÉLIE FÊTE de la TRINITE A – " Un Dieu Trinité, pourquoi ?" Jn 3,16-18 - 4 Juin 2023

 

HOMÉLIE FÊTE de la TRINITE A – Jn 3,16-18

4 Juin 2023

Un Dieu Trinité, pourquoi ?

Car personne n’est capable d’attribuer un nom à Dieu qui est au-dessus de toute parole, et si quelqu’un ose prétendre qu’il y en a un, il est atteint d’une folie mortelle. Ces mots : Père, Dieu, créateur, Seigneur et Maître ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et par ses œuvres. Le mot Dieu n’est pas un nom, mais une approximation naturelle à l’homme pour désigner une chose inexplicable »  

St Justin, philosophe, originaire de Palestine, martyr à Rome 2ème siècle, sous Marc-Aurèle, dans : Apologie pour les chrétiens.

 

Alors pourquoi les théologiens ont-ils inventé ce nom de Trinité, [Tri-Unitas=Trois en Un] pour parler de Dieu ?

Après les persécutions qui ont duré trois siècles, l’Église va être amenée à préciser ce en quoi elle croit. Il ne s’agit pas de retomber dans la présentation d’une trilogie de divinités païennes que la vie civile et religieuse vient d’abandonner en même temps que l’empereur Constantin, vers 313, Édit de Milan. Il s’agit, tout en gardant la fidélité à la Révélation, transmise dans la Sainte Écriture (Dieu est Un, Dt 6,4), de tenir compte de la venue dans l’Histoire de Jésus, Christ et Seigneur, et de l’Esprit Saint de Dieu, qui se répand sur toute la terre et tous les peuples. Oui Dieu est UN, mais s’Il est l’Amour, comment peut-Il rester seul ? Et c’est la proposition faite par les Pères d’introduire la notion de “personne”, être unique, capable de relations, distincte au cœur même de l’intimité de Dieu : un seul Dieu en trois personnes, de même nature, non-créées… Nous entrons dans l’un des trois grands “Mystères” de notre foi : Incarnation, Rédemption et Trinité. C’est à dire que nous n’aurons jamais fini de comprendre qui est Dieu. Alors, pourquoi se casser la tête ?

 

Eh bien je pense que ça vaut le coup de s’arrêter un instant sur cette proposition de foi en Dieu. Un Dieu seul, on peut l’enfermer dans une définition, une conception qui peut devenir vite oppressante, exclusive : Dieu de justice, Dieu tout-puissant, Dieu éternel…Elles rejoignent volontiers nos frustrations, nos limites pour les transcender en Dieu, qui est forcément “avec nous” (Gott mit uns !), de notre côté…

Dieu n’est pas pour le chrétien une idée,  pas plus qu’Il n’est le “Dieu du Livre” : il est quelqu’un de vivant, qui a fait alliance avec les hommes et leur parle à travers de nombreux personnages. Il entretient avec son peuple et avec chacun une relation personnelle, jusqu’à la réaliser en son Fils venu “planter sa tente” parmi nous. C’est la grande différence que nous avons avec le Dieu des musulmans qui n’a pas fait alliance avec personne.

         De plus, avec Dieu Trinité, nous avons un Dieu en Trois personnes unies dans une relation d’amour incessante qui nous empêche de l’enfermer dans une idéologie quelconque, car Il est un courant de Vie. Et si nous prenons au sérieux les premières paroles de la Bible qui nous définissent, nous les hommes, “comme créés à son image, comme sa ressemblance”, alors il existe en nous, inscrit dans notre nature, cette nécessité, cette exigence de vivre en relation avec les autres, sans laquelle il ne peut y avoir de vrai bonheur. La Trinité Sainte, loin d’être une simple notion théologique, est ce “Dieu tendre et miséricordieux” (Ex 34,6) déjà révélé à Moïse au Sinaï et rappelé par St Jean dans l’Évangile d’aujourd’hui : “Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils Unique” et tout homme qui croit… entrera dans la vie de Dieu… par l’Esprit Saint. De plus, ce Dieu ne veut pas “juger le monde, mais le sauver par son Fils”.

Ce qui sauve, c’est de croire, c’est à dire d’accueillir le don de Dieu, cet Amour de Dieu : le laisser nous envahir, pour qu’il nous imprègne et nous transforme, pour qu’Il nous “divinise” à son image et ressemblance ! Cela se vérifie par l’amour que nous portons aux autres.

S’il y a jugement, c’est pour nous inviter à prendre conscience de notre refus de croire en la miséricorde de Dieu qui, pourtant, nous recrée et nous demande de vivre en lien fraternel avec les autres. Ainsi, nous éviterons le malheur de rester seul, sans amour : tout le contraire de la vie du Dieu Trinité qui nous est offerte.  

AMEN !

jeudi 25 mai 2023

HOMÉLIE du Dimanche de Pentecôte. A. "Recevez l’Esprit-Saint ! " Jn 20, 19-23 - 28 Mai 2023

 

HOMÉLIE du Dimanche de Pentecôte. Année A. Jn 20, 19-23

28 Mai 2023

« Recevez l’Esprit-Saint ! ».

La Pentecôte était en fait la “Fête juive des Semaines” (“Chavouot” : 7 semaines de jours après la Pâque, soit 49 jours) et donc le cinquantième jour : en grec, pentécostès penthkosthV. On y célébrait le don de la Torah au peuple de l’Alliance, en même temps que la fête des moissons, plus précoces que chez nous en ce pays chaud.

Alors pourquoi l’Église a-t-elle choisi comme Évangile de cette Fête d’aujourd’hui un évènement qui a lieu le soir de Pâques ou plutôt, comme il est écrit dans l’évangile de St Jean “le soir du premier jour de la semaine” Jn 20,19 ?

N’y aurait-il pas comme une allusion à un récit du début du livre de la Genèse que nous avons entendu dans la nuit de Pâques : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ; la terre était informe,  et vide, et les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux…Dieu sépara la lumière des ténèbres… Il y eu un soir, il y eut un matin : premier jour » (Gn 1, 1-5). Et dans l’Évangile d’aujourd’hui : "Au soir du premier jour de la semaine", Jésus, vivant ressuscité, se tient au milieu des Apôtres réunis, paralysés par la peur, enfermés, “toutes portes closes” et, soufflant sur eux leur offre généreusement le souffle sacré : Pneuma aguion pneuma agion,  en disant : « Recevez l’Esprit Saint ! ». Là encore, en filigrane, Dieu n’a-t-Il pas insufflé son propre Souffle, son “haleine de vie”, en l’homme dès sa création, pour qu’il vive ? (Gn 2, 7).

Voici donc, au soir de la Résurrection de Jésus, une première Pentecôte, un premier don de l’Esprit Saint aux Apôtres. Cela ressemble bien à une nouvelle création que Jésus inaugure grâce à sa mort et à sa résurrection.

Plus encore, Jésus en donnant à ses Apôtres pleins pouvoirs sur les péchés (remettre les péchés… retenir les péchés…) permet que, blessés par le péché, nous puissions guérir, et donc renaître à une vie nouvelle animée par l’Esprit Saint. Voilà de quoi rendre grâce pour ce don merveilleux qui nous remet dans l’amitié du Père et  nous rétablit membre du Corps du Christ, aptes « à recevoir les dons de l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Cor 12,7).

Comment opère-t-il ? Jésus était sans cesse animé par l’Esprit-Saint ; Il l’a constamment écouté, suivi, tant Il en était imprégné. A notre tour, Il nous en fait le don si bien qu’avec l’Esprit Saint, Jésus inscrit sa présence en nous et nous pouvons nous conformer à Lui. Il nous rend frère et sœur du Christ et par conséquent, fils et fille du Père. Avec Lui, « nous pouvons  crier : Abba ! Père ! » Rm 8,15. L’Esprit nous apprend à voir le monde avec les yeux du Christ, à mener notre existence de façon évangélique.

Mais loin de Le recevoir de façon individualiste, puisque nous sommes frères et sœurs les uns les autres par le Christ, sa présence en nous nous met en communion avec tous ceux qui cherchent à faire connaître ce Seigneur et à procurer la Paix qu’Il nous a apportée. (C’est d’ailleurs l’une des significations du “geste de Paix” que nous pouvons recevoir et donner de la part du Christ avant d’aller communier). Tous, en effet, nous “travaillons à la moisson”, les uns avec les autres ; tous, nous nous encourageons, nous soutenons, nous prions les uns pour les autres ; nous nous réjouissons quand elle produit de beaux fruits ou pleurons quand elle manque son but, voire scandalise ; tous, nous apprécions la tâche de chacun et louons le Seigneur pour la diversité des dons accordés: « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7). Voilà qui est à rechercher et développer dans nos communautés chrétiennes : familles, mouvements, paroisses, Églises.

Ensemble, aujourd’hui, réjouissons-nous et unissons-nous par la prière, aux nombreux adultes dont 3 de notre paroisse qui sont confirmés par notre évêque ce Week-end. Le dynamisme de la Pentecôte est comme ce merveilleux  “parler en d'autre langues que nous a présenté la première lecture, cette “langue” comprise et goûtée avec joie par tout le monde, parce que l’on vit  en communion d’amour les uns avec les autres.      

 AMEN !

jeudi 18 mai 2023

HOMÉLIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A– "Ce n’est pas pour le monde que je prie..." Jn 17, 1b-11a - 21 Mai 2023

 

HOMÉLIE 7ème Dimanche de Pâques– Année A– Jn 17, 1b-11a
21 Mai 2023
 

« Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné… ».

Voilà des paroles de Jésus qui, au premier abord, peuvent paraître étranges, voire même sectaires !

         Il faut les replacer dans leur contexte. Jésus est à la veille de sa mort. Il a célébré la Sainte Cène avec les disciples et Il se rend aux Jardin des Oliviers où Il sera arrêté dans la nuit. Le lendemain, le Vendredi-Saint, Il aura donné sa vie sur la croix. Il aura donc quitté ce monde, mais les disciples, eux, resteront dans ce monde.

         Quant Jésus parle du monde, de quoi parle-t-Il ?

St Jean emploi le mot “Cosmos” qui vient du verbe grec “Kosmeo” kosmew: orner (d’où vient le mot “cosmétique”) et ordonner, agencer]. Il désigne non seulement l’univers, ensemble organisé, comme dans notre langue française, mais le lieu où vivent les humains.

Dans l’usage qu’en fait l’évangéliste, le monde” est d’abord synonyme de toutes les forces hostiles à Dieu et à Jésus. En effet, le lieu où les hommes vivent est devenu le théâtre des méfaits du “prince de ce monde” (Jn 12,31 ;14,31 ; 16.12) le malin ; plus encore, le monde est tombé en son pouvoir et de ce fait, ne connaît ni Dieu, ni Jésus, ni ses disciples et, même, il les a pris en haine : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous ; si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; c’est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait » Jn 15, 18-19. De plus, il ne connaît même pas l’être humain en tant que tel : il ne cesse de le défigurer et de le réduire à toutes formes d’esclavages. En ce sens, Jésus n’a pas pu prier pour ce monde, celui du malin.

Paroles irréelles ?

L’actualité n’illustre-telle pas ce constat d’un monde déshumanisé qui conduit aux pires monstruosités dans bien des pays du monde ? Des forces de libérations se lèvent, mais à quel prix ! Et la suppression de ces maux n’est pas encore achevée : on peut légitimement penser que le cœur de l’homme se laissera encore longtemps saisir par l’esprit de toute puissance et de domination, de convoitise et de perversion du prince de ce monde

Mais de ce monde, ne nous arrive-t-il pas parfois  d’en être ?

Voilà pourquoi l’évangéliste présente aussi le monde comme l’objet de toute la sollicitude de Dieu Lui-même, qui vient le visiter dans sa profonde détresse. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit, ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,16).

Croire en Lui, c’est partager ses valeurs de respect de tout être humain, depuis sa conception, jusqu’à sa mort en passant par les conditions matérielles, sociales, psychologiques, morales, culturelles et spirituelles décentes de sa vie humaine.

Quant à la “vie éternelle” qu’Il promet, ce n’est ni un lieu, ni un moment qui se situerait après la mort : c’est un état dans lequel il nous est possible, dès à présent, de demeurer, de vivre et d’aimer Celui qui nous sauve de l’esprit du monde et rend notre vie libre, joyeuse, en communion avec les autres. A cette vie éternelle, Jésus associe la gloire, car la gloire, qui en hébreu se dit “kavod”, désigne dans la Bible ce qui est dense, qui a de la consistance, qui est lourd [“kaved” en hébreu], ce qui a du sens et rayonne. Comme ceux qui généreusement vont jusqu’au don d’eux-mêmes, contrairement à l’esprit du monde.

Il n’est pas si facile de vivre ainsi et c’est pourquoi Jésus prie pour ceux qui ont à « rester dans le monde sans être du monde », gardant fidèlement sa Parole. Sa Parole nous permettra d’éclairer et de donner sens à nos existences et à notre Histoire. Il recrute toujours des ouvriers pour, avec Lui, continuer de transformer le monde qu’Il aime tellement.

Alors, qui que nous soyons, ne crayons pas de le suivre !

 

AMEN !

lundi 8 mai 2023

HOMÉLIE 6° Dimanche de Pâques A . "Il vous donnera un autre Défenseur"Jn 14,15-21 - 28 Mai 2023

 

HOMÉLIE 6° Dimanche de Pâques  A  Jn 14,15-21

28 Mai 2023

« Il vous donnera un autre Défenseur »

 

Ces paroles de Jésus, rapportées par St Jean, conviennent parfaitement à ce temps liturgique de préparation à Pentecôte, que nous célébrerons dans 15 Jours. Elles ressemblent vraiment à celles d’un Testament que Jésus laisse à ses disciples et amis.

D’abord, si nous l’aimons, nous resterons fidèles à ses commandements. Ce mot commandement ne convient pas bien à des relations d’amitié : mais le mot utilisé par l’Évangile (entwlaV) devrait plutôt être traduit par : recommandation, prescription, un peu comme la prescription du médecin qui nous soigne (une ordonnance en somme) que nous sommes invités à suivre si nous voulons guérir. Les fameux “10 commandements” que nous attribuons à Moïse (qui d’ailleurs sont bien plus nombreux que cela !), ne sont jamais appelés ainsi par les juifs: ils les désignent par les “Dix Paroles”, c’est à dire comme un message divin fait pour nous guider vers la vie. Ainsi en est-il des “commandements de Jésus”.

La suite d’ailleurs confirme cette approche plus amicale qu’autoritaire et contraignante. « Moi, je prierai le Père… » Nous avons un merveilleux intercesseur : le Fils du Père qui est aux cieux !

« …et Il vous donnera un autre Défenseur… » Le mot qui est utilisé ici est : Paraclèton (paraklhton). Étymologiquement, cela signifie : para = à côté, auprès de… (On retrouve cette préposition dans “parabole”, une petite histoire que l’on jette [ballo-balw] à côté de notre vie pour que nous en comprenions le sens) ; Klètos klhtoV = appelé, convoqué comme dans “Ekklésia” : assemblée des invités par le Seigneur, Église…

    Ce Défenseur succède à celui qui était jusqu’à présent avec les disciples, c’est à dire Jésus Lui-même. « Qui sera pour toujours avec vous… » «  Il demeure auprès de vous », c’est comme un nouvel Emmanuel =  “Dieu avec nous”. Plus loin dans l’Évangile, Jésus leur dira en parlant de Lui : « Il vous conduira vers la vérité tout entière » (Jn 16,13). Il est en nous cette présence vivante, divine, proche, qui nous fait découvrir que nous ne sommes jamais seuls. À notre Confirmation, il nous est rappelé qu’Il est « esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de courage, de connaissance et de crainte du Seigneur ».

         Ainsi nous pouvons compter sur Lui pour nous éclairer tout particulièrement lorsque nous sommes pris à partie au sujet de notre foi. Dans la 2ème lecture de ce dimanche, St Pierre nous invitait « à être toujours prêts à nous justifier devant quiconque nous demande de rendre compte de l’espérance qui est en nous »  Et il ajoutait : « mais faites-le avec douceur et respect » C’est en priant l’Esprit Saint  que l’inspiration nous sera donnée pour répondre avec justesse à notre interlocuteur.

Pensons-nous à l’appeler plus souvent et à nous mettre en sa présence chaque fois que nous avons des choix et des décisions importantes à prendre ? Pensons-nous à le demander pour les autres, particulièrement, pour ceux qui entrent en grandes épreuves ou turbulences ?

Voici une prière que je Lui adresse, plusieurs fois par jour :

« Viens Esprit-Saint, remplis le cœur  de tes fidèles ;

Allume en nous le feu de ton Amour.

Envoie ton Esprit et tout sera créé

Et tu renouvelleras la face de la terre.

O Dieu qui a instruit le cœur de tes fidèles par la lumière du Saint Esprit, donne-nous, par ce même Esprit,  de goûter la vraie sagesse et de nous réjouir toujours de sa présence,

Nous te le demandons par Jésus le Christ, Notre Seigneur »

AMEN !