jeudi 27 août 2020

HOMELIE 22ème Dimanche Ordinaire. Année A. "Qui veut sauver sa vie..." - Mt 16,21-27. 30 Août 2020

 

HOMELIE  22ème Dimanche Ordinaire. Année A. Mt 16,21-27.

30 Août 2020

 

« Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera » Mt 16, 25

 

En cette période de rentrée, ces paroles de Jésus ont quelque chose de radical qui peut faire peur : comment les comprendre sans les édulcorer ?

Tout d’abord, il convient, comme toujours, de regarder le vocabulaire que Jésus utilise. « Sauver sa vie » : de quelle vie s’agit-il ? Jésus utilise le mot “psychè”, (proche de notre mot "psychisme"  que vous avez sans doute reconnu). Il  désigne d’abord le souffle, mais aussi le siège des sentiments, des désirs, des affections ou aversions ; également l’intelligence, l’esprit et enfin l’âme, principe d’animation d’une personne qui diffère du corps et n’est pas détruite par la mort. Il n’emploie pas le mot vie, “zoé” [zwh], qui désigne l’existence, le fait d’être, comme lorsqu’Il répond à Thomas : « Moi Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie ». Jn 14,6. Jésus ne demande donc pas de mépriser la vie, de façon morbide ou masochiste, car elle est don de Dieu. Il invite au contraire à « choisir la vie »  comme Moïse invitait déjà son peuple à le faire en observant tous les commandements de la Loi donnée par Dieu qui devaient conduire au vrai bonheur. Cf. Deutéronome 30, 15-19.

Pour y arriver, ce n’est pas facile : nous avons tous en nous un “instinct de conservation” précisément de la vie qui nous protège des dangers qui la guettent et surtout, qui nous est bien utile pour nous pousser là où nous ne le souhaiterions pas toujours. Par exemple, nous le ressentons davantage en cette reprise d’année et plus spécialement en cette période incertaine de la pandémie : faire attention à la distance sanitaire, porter un masque, se laver les mains. Mais aussi, reprendre le rythme quotidien : se lever tôt pour aller à l’école ou au travail ; ou veiller la nuit, auprès d’un bébé qui pleure ; s’investir dans l’éducation des enfants, les grands et les plus petits ;  enfin, tout simplement, nous retrouver dans le cadre habituel, avec sa routine et ses contraintes. Cela comporte toujours un effort d’acquisition de bonnes habitudes (que l’on appelle vertus), et de correction des mauvaises (que l’on appelle défauts). Il faut parfois modifier ses loisirs pour veiller sur un malade ou sur une personne âgée. Plus encore, si l’on veut soutenir une cause juste et bonne, il faut se donner sans compter, parfois au risque de sa santé et même de sa vie.

Cela ne va pas sans renoncement à notre “moi”, notre "ego», dans la mesure où il est centré sur lui-même: « Moi, moi et encore moi et toujours moi ! » Vous serez surpris, si vous y êtes attentifs, de découvrir dans la journée ou simplement au cours d’une conversation, le nombre de fois où vous direz ou bien où vous entendrez dire : “Moi je…”. Ce “Moi” vit pour lui-même et ne considère les autres, et jusqu’à Dieu, qu’en fonction de lui-même. Prendre notre croix, c’est prendre part à ce combat contre la mauvaise tendance de notre moi. Il a pour allié le monde présent qui sollicite sans cesse ses intérêts, l’entretient, le flatte, l’enferme sur lui-même au détriment d’autres comportements soucieux du bien des autres et conformes à l’Évangile.

 Qui veut sauver sa « psychè», son principe vital, doit “se transformer en renouvelant sa façon de penser et en ne prenant pas pour modèle le monde présent” écrivait St Paul aux romains (Rm 12,2) dans la lettre que nous venons d’entendre.

Au plus profond de mon être, sanctuaire de Dieu, n’y a-t-il pas ce désir de trouver mon âme, ma “psychè”, mon principe vital qui est Dieu Lui-même ? N’y a-t-il pas cette soif de Dieu que chantait le Psaume tout à l’heure ? Ce Dieu « qui a voulu me séduire » clame Jérémie, n’est-il pas aussi le nôtre, qui m’invite à entrer en relation, en alliance avec Lui et avec toute personne. Il m’a donné son Esprit qui est  « un feu dévorant au plus profond de mon être » soupire encore Jérémie, qui n’arrive pas à le maîtriser, heureux mortel !

 Alors, « Choisis la vie » nous redit Jésus : « Je serai avec toi et tu trouveras la vie, la vraie ! »

Bonne reprise ou bonne continuation !

AMEN !

vendredi 21 août 2020

HOMELIE 21ème Dimanche Ordinaire, Année A –"Pour vous, qui suis-je ?" - Mt 16,13-20 - 23.08.2020

 

HOMELIE 21ème  Dimanche Ordinaire, Année A – Mt 16,13-20

23.08.2020

 

“Pour vous, qui suis-je ? »

 

Aux compagnons qui l’ont suivi depuis plusieurs mois déjà et qui vivent tous les jours avec Lui, Jésus pose cette question qui Lui tient tant à cœur : « Pour vous qui suis-je ? ».

    Mais ne s’adresserait-elle pas à nous aussi aujourd’hui ? Vous qui êtes fidèles au rendez-vous dominical, vous qui le rejoignez chaque jour dans la prière ou qui le visitez de temps en temps dans une église, que connaissez-vous vraiment de lui ?

 

    N’essayez pas de répondre tout de suite à ma question, mais mettez-vous à chercher comment vous présenteriez Jésus à quelqu’un qui ne le connaîtrait pas, et il y en a certainement dans votre entourage, tant notre société est déchristianisée. Pour en faire un portrait sommaire, relisez les évangiles et notez ce qui caractérise Jésus à travers ses gestes et ses paroles.

 

    Mais surtout, ne vous découragez pas, car que nous révèle l’Évangile de ce jour ? C’est que ce n’est pas seulement ce qu’on dit de Jésus, en évoquant, comme à son époque, des personnages connus comme Jean-Baptiste, Élie, Jérémie ou un prophète, mais c’est le Père qui est aux cieux qui nous le révèle, comme Il l’a révélé à Pierre et comme Il nous le révèle à chacun dans le secret de notre cœur. Alors, nous pourrons présenter en vérité Jésus.

 

    L’Évangile d’aujourd’hui nous dit encore que c’est sur la foi de Pierre en la personne divine de Jésus, Fils du Dieu Vivant, que Jésus bâtit et continue de bâtir son Église malgré la faiblesse de ses membres. Jésus complète cette déclaration en ajoutant : « La puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ». Phrase énigmatique mais qui s’éloigne du texte original grec où il est écrit : « Les portes de l’Hadès ne seront pas fortes contre elle ». Qu’est-ce que cela signifie ? L’Hadès en grec, [ou le Shéol en hébreux], est le séjour des morts dont il n’est pas bien précisé ce qu’ils deviennent. Jésus en déclarant que l’Église sera plus forte que les portes de ce séjour qui retiennent les morts les brisera par la puissance de son Seigneur : par sa propre mort n’a-t-Il pas vaincu la mort et les morts ne ressusciteront ils pas ?

 

    Voilà la grande et Bonne Nouvelle que nous avons à annoncer et qui complète absolument ce que nous pourrions dire de plus juste sur Jésus.

 

    Prions l’Esprit Saint pour qu’Il nous inspire et nous guide dans cette merveilleuse mission confiée à chacun là où il se trouve.

 

AMEN !

vendredi 14 août 2020

HOMELIE 20ème Dimanche Ordinaire, A "Jésus et la Cananéenne" - Mt 15,21-28 - 16 Août 2020

 

HOMELIE 20ème  Dimanche Ordinaire, A 16 Août 2020

Jésus et la Cananéenne- Mt 15,21-28

 

“O femme, grande est ta foi ! »

 

Choquants que le silence de Jésus puis sa rudesse envers cette Cananéenne qui, dans sa supplication, fait même une belle profession de foi, elle la païenne : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! ». Car enfin, cette pauvre femme n’a pas choisi d’avoir une fille tourmentée par un démon ni d’être cananéenne et non juive. Jésus semble limité dans sa compassion habituelle par sa propre tradition et se justifie d’une certaine manière auprès des disciples en répondant « qu’Il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël, et en cela, Il accomplit bien la prophétie d’Ézéchiel : “Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu :…La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai ; celle qui est blessée, je la soignerai : celle qui est faible, je lui rendrai ses forces” (Ez 34,16).

La femme souffre de la souffrance de sa fille et elle insiste, elle ne se décourage pas. Au refus méprisant de Jésus à la suite de sa deuxième demande, elle répond par une remarque de bon sens puisée dans la réalité courante : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Elle ne pense qu’à sa fille, tourmentée par un démon et passe au-dessus de cette attitude qui peut lui paraître humiliante. Par sa confiance en Jésus, qu’elle considère comme un envoyé de Dieu, elle reconnaît l’Alliance de Dieu avec le peuple juif, mais elle affirme également l’universalité de l’Amour de ce Dieu qui guérit et qui sauve tout homme.

        

Isaïe l’exprimait bien ainsi dans la  première lecture qui nous a été proposée aujourd’hui : « Mon salut approche, il vient… et il vient pour tous et en particulier pour tous les étrangers qui s’attachent au service du Seigneur pour l’amour de son nom (c’est à dire, par amour pour Lui). Et Je les rendrai heureux dans ma maison de prière…maison de prière pour tous les peuples… (Oracle que Jésus reprendra pour justifier sa colère contre les marchands qui se sont installés sur le parvis du Temple réservé à la prière des non-Juifs. Mt 21,13.)

 

Jésus admire la foi de cette femme et la rejoint dans sa douleur : “O femme ! Grande (en grec : mègalè !) est ta foi ; que tout se passe pour toi comme tu le veux ! Et à l’heure même, sa fille fut guérie”.  Jésus se montre bien ainsi le pasteur qui guérit toute brebis, fut-elle extérieure à son peuple.

 

Quant au peuple juif vers lequel Jésus a été envoyé, Paul nous en parle dans la deuxième lecture de ce dimanche (Rm11, 13-15.29-32) et fait état de ce mystère qui reste toujours d’actualité aujourd’hui encore. Pourquoi ce peuple qui avait été choisi par Dieu Lui-même et qui avait été comblé de dons, de promesses, n’a pas reconnu en Jésus son pasteur ?  Les dons de Dieu restant irrévocables, Paul en conclut que les païens ont alors profité de la miséricorde de Dieu afin que le peuple juif obtienne aussi cette miséricorde.

Nous devons nous souvenir de ce passage d’évangile où c’est l’amour de cette païenne de Cananéenne envers sa fille et la foi qu’elle exprime avec tant de force envers Jésus, qui sauve sa fille. Elle nous invite à regarder toute personne avec considération et bienveillance en n’excluant personne et ainsi à contribuer à l’œuvre d’unité que patiemment l’Esprit-Saint, l’Esprit de Pentecôte, a fait souffler sur l’humanité sauvée de ses divisions et de ses guerres par Jésus Lui-même. Essayons de repérer autour de nous les jugements hâtifs qui mènent aux divisions ; discernons ce qu’il y a de préjugés, de désinformations et même de calomnies.

 

Notre Eglise et en particulier le pape François nous engagent à témoigner que le salut de Dieu s’adresse à tous les êtres humains. Tous sont invités à vivre en fils et filles du même Père et à devenir peuple de l’Alliance pour le plus grand bonheur de tous.

En cette Eucharistie dominicale, que le Seigneur de tous nous donne cette force de communion.

         AMEN !

mercredi 12 août 2020

HOMELIE Assomption, Année A - "Visittion de Marie à Elisabeth" - Lc 1, 39-56 - 15 Août 2020

 

HOMELIE Assomption, Année A -  Lc 1, 39-56

15 Août 2020

La fête de l’ASSOMPTION est une des fêtes les plus anciennes célébrées dès le IV° siècle à Antioche de Syrie et au V° siècle en Palestine où elle est appelée DORMITION, car les premiers chrétiens représentaient Marie "s’endormant dans la mort", expression bien biblique, entourée des Apôtres. De fait, Marie est la première créature humaine dont les chrétiens ont affirmé "qu’elle était montée au ciel sans connaître la corruption.

Cela peut nous étonner, mais c’est bien dans la cohérence de la foi chrétienne. En effet, de même que Jésus est monté aux cieux dans la gloire de Dieu, de même sa mère “Marie a été élevée en son corps et en son âme à la gloire du ciel” selon l’expression de Pie XII définissant la foi catholique relative à l’Assomption de la Vierge Marie le 1er novembre 1950.

                   Mais elle n’est pas la seule à être enlevée ainsi au ciel : la Bible  nous présente quelques grands personnages tel qu’Hénoch, le patriarche, enlevé lui aussi, car « il suivait les voix de Dieu » Gn 5,23. De même, Élie le prophète, qui monta au ciel dans la tempête sur un char de feu : 2 Roi 2, 11 ; peut-être Moïse, qui mourut face à la Terre Promise et dont on ne retrouva jamais la tombe : Dt 34, 6.

                  De tous les grands personnages contemporains de Marie, que reste-t-il ? Des Pilate, Hérode, Caïphe et même des empereurs romains Auguste, Tibère et Claude … ? Tel n’est pas le cas de Marie car bien des habitants de tous les continents la connaissent, se mettent sous sa protection, l’invoquent et la prient, même chez les musulmans où “ Sitti Myriam” tient une grande place dans la dévotion populaire.

         Cependant et malheureusement, Il y a eu et il y a encore des déviations concernant le culte marial : on confond “adorer” Dieu et “vénérer” Marie. Et au Brésil, par exemple, bien des fidèles ont abandonné l’Église catholique pour rejoindre les groupes évangéliques dénonçant une “mariolâtrie” chez les catholiques dans le culte de Marie et des saints.

         Mais il y a aussi des avancées, notamment dans le mouvement œcuménique européen. On entend dire que la différence entre protestants et catholiques, c’est la Vierge Marie : les premiers la rejettent, les seconds la vénèrent. Il n’y a rien de plus réducteur et faux que cela. Les protestants, qui sont très fidèles à ce que dit la Sainte Écriture, reconnaissent Marie et son extrême disponibilité à Dieu. N’est-elle pas  la croyante qui reçoit cette béatitude de la part d’Élisabeth comme nous le rappelait l’évangile de ce jour ? « Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Ainsi, des théologiens protestants et catholiques d’Europe (Groupe des Dombes) proclament ensemble qu’il “faut donner à Marie toute sa place mais rien que sa place”.

         De plus, un accord anglican-catholique a abouti entre théologiens des deux Églises, en attendant d’être ratifié par les hiérarchies respectives. Voici la déclaration : “ Étant donné la compréhension à laquelle nous sommes parvenus sur la place de Marie dans le mystère de l’espérance et de la grâce, nous pouvons affirmer ensemble que l’enseignement disant que Dieu a pris la bienheureuse Vierge Marie en la plénitude de sa personne, dans la gloire, est en consonance avec l’Écriture Nous ne sommes vraiment pas loin du dogme de l’Assomption !

         Si Jésus a été le “Oui” de Dieu, Marie a été le “Oui” à Dieu.

         Que la contemplation du mystère de Marie, Mère de Dieu, élevée dans la gloire auprès de Lui, plutôt que nous diviser, nous fasse avancer vers l’unité, apprenant à être ensemble humbles comme la servante du Seigneur et lui demandant sa protection maternelle.

 

AMEN !