HOMELIE 2ème
Dimanche de Carême B. La Transfiguration - Mc 9, 2-10
1er Mars 2015
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé :
écoutez-Le ! »
En
écoutant ce récit de la Transfiguration, serons-nous comme les trois disciples,
“qui
ne savaient que dire ?”
Pour mieux comprendre ce magnifique
récit, il faut le resituer dans l’Evangile même de Marc d’où il est extrait.
Dans le texte original, le récit commence par : « Six jours après… ».
Que s’est-il donc passé six jours avant ? Alors que Pierre venait de
reconnaître Jésus comme le Messie, Jésus annonce pour la première fois qu’Il
doit souffrir sa Passion, mourir à Jérusalem puis ressusciter trois jours
après. Notre Credo a repris cette
annonce comme essentielle pour notre foi, car Jésus a bien révélé à Pierre que
celui qui veut le suivre devra porter sa “croix”. Pas facile à comprendre
et accepter et d’ailleurs Pierre aussitôt réprimande Jésus et se fait
traiter de Satan (mot hébreu qui
signifie “adversaire” et qui désigne l’ennemi du genre humain).
Puis, six jours après, Jésus prend avec
lui les trois disciples. Il les avait déjà choisis pour être témoins de la
résurrection de la fillette du chef de la synagogue de Capharnaüm (Mc 5, 37).
Et il leur demandera de nouveau de l’accompagner à Gethsémani pour veiller avec
lui avant d’être arrêté : là il ne s’agira plus d’une “transfiguration”
glorieuse, mais d’une “défiguration”,
tant Jésus est traversé par la frayeur et l’angoisse. Encore une fois, les
disciples “ ne sauront que dire” lorsque Jésus viendra chercher un peu de
réconfort. Mais comment comprendre ce destin de Jésus avant la pleine
révélation de ce qu’Il est en vérité ?
L’événement de la Transfiguration va
les préparer à traverser les turbulences de la Passion et de la Résurrection de
Jésus. Ce récit est rempli d’allusions aux grandes pages de la Bible. La haute montagne où tous les grands
hommes de Dieu se sont rendu pour le rencontrer : Abraham, Moïse,
Elie ; la nuée, présence de
Dieu qui, dans le désert, reposait sur
la tente de la Réunion où se trouvait l’Arche d’Alliance ; Moïse,
qui reçut la Torah ; Elie le
prophète qui la rappela à son peuple dévoyé ; les deux “enlevés au ciel”. Jésus s’entretient
avec eux : il apparaît comme le nouveau
Moïse, législateur de la Loi
nouvelle et comme le prophète des temps nouveaux.
Pierre
propose de dresser trois tentes : il ne s’agit pas de camping, mais du
geste rituel de la fête des Tentes,
Soukkot, qui célèbre l’espérance d’Israël attendant le Messie pour
l’accueillir. C’est la voix du Ciel qui va authentifier le Messie comme Fils
bien aimé du Père et qui invite les disciples à se ranger sous son autorité,
comme le faisait la Torah : « Ecoutez-le ! »
Jésus n’est-il pas la Torah définitive, qui n’est plus un livre, si précieux
soit-il, mais le Fils du Père, vivant, nous parlant, venant planter sa tente
parmi nous dira St Jean au début de son Evangile et nous introduisant comme
enfants adoptés de ce Père : ne
nous a-t-il pas demandé de s’adresser à Lui comme “Notre Père” ?
Les disciples avaient bien écouté
Jésus, mais l’avaient-ils compris ? Ils passeront d’une haute montagne
glorieuse où le Messie “Ben David” se manifestera, comme lors de son
entrée triomphale à Jérusalem (aux Rameaux), à une vallée douloureuse,
Gethsémani “jardin du pressoir”, où le
Messie “Ben Joseph” (Joseph,
fils de Jacob, vendu par ses frères et mené esclave en Egypte avant de devenir
l’intendant de pharaon). Oui, Jésus sera
broyé par la souffrance du mal et de la violence d’une humanité loin de son
Dieu, comme hélas nous en sommes encore témoins aujourd’hui. Son message
d’amour était alors trop fort pour les disciples. Mais Dieu, en leur envoyant
son Esprit Saint, à la lumière de Pâque, leur fera comprendre que le mal et la
mort n’auront pas le dernier mot. Fort de cette lumière et de cette certitude,
ils iront porter leurs témoignages, et ils le feront la plupart jusqu’à la
mort, comme le Fils de l’Homme qu’ils rejoindront dans les nuées du ciel pour
entrer dans sa gloire avec Lui.
Voilà ce qui nous est
confié :
ü
Ecouter Jésus
vivant, ressuscité, pour témoigner de Lui aujourd’hui, Lui qui est venu pour
faire de toute personne, et en
particulier nos catéchumènes, un enfant bien-aimé du Père.
ü
Porter l’immense espérance, particulièrement à ceux qui traversent
des épreuves, que l’amour est plus fort
que le mal et la mort.
A
nous de prendre le relais, non sans prier
chaque jour l’Esprit Saint de nous
remplir de sa lumière et de sa force : sinon, “nous ne saurions quoi
dire !”
AMEN !