jeudi 7 septembre 2017

HOMELIE 23ème Dimanche Ordinaire. A. Correction fraternelle - Mt 18, 15-20 10 Sept. 2017.



HOMELIE  23ème Dimanche Ordinaire. A. Mt 18, 15-20
10 Sept. 2017.

« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui parler seul à seul… » Mt 18, 15
         Qui sommes-nous pour aller trouver un frère qui a commis un péché contre nous-mêmes ? Une autre parole de Jésus ne nous vient-elle pas à l’esprit aussitôt : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7, 3). Et puis, y voyons-nous si clair pour discerner ce qui est péché de ce qui est défaut, maladresse, demi-responsabilité ?
         Jésus nous demande de mettre en application les paroles du Seigneur adressée au prophète Ezékiel que nous avons entendues dans la première lecture de ce dimanche  «   Si je dis au méchant: "Méchant, tu vas mourir", et que tu ne parles pas pour avertir le méchant d'abandonner sa conduite, lui, le méchant, mourra de sa faute, mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang. » (Ez 7,8). Jésus nous demande donc d’être responsables de la vie du pécheur. Mais alors, ne risque-t-il pas d’y avoir “ingérence” dans la vie d’autrui ? Mais quel est le principal dessein de Dieu ? Sauver tous ses enfants afin qu’ils goûtent le bonheur d’être avec Lui. (Cf. Jn 3, 16-17). Le passage d’évangile que nous lisons aujourd’hui suit immédiatement la parabole de la brebis perdue et retrouvée. Jésus est le premier solidaire du péché des hommes ; Il l’a été avec les publicains et les pécheurs, et ceux qui le suivent devront l’être aussi. Il l’est avec ceux qui rejoignent aujourd’hui ceux que l’on considère, de façon un peu rapide et souvent injuste, comme des pécheurs : les prisonniers, les prostituées, les immigrés, etc.
                   St Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, illustrait cette solidarité en prenant l’image du corps humain dont les membres sont liés les uns aux autres : « Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie » (1 Cor. 12, 26).
                  Cependant, Jésus ne nous laisse pas démunis dans cette démarche. Il la propose avec des degrés successifs d’intervention. La première intervention de notre part doit être discrète et fraternelle. En cas de refus du pécheur, la deuxième fait appel à un ou deux autres frères ou sœurs pour donner à cette démarche un caractère plus “objectif” tout en restant fraternelle. La troisième intervention en appelle à l’Eglise dont l’autorité lui est déléguée par Jésus Lui-même : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Cette parole de Jésus est la même que celle qu’il a utilisé envers Pierre et que nous entendions dimanche dernier (Mt 16, 19). C’est dire que l’autorité de son successeur doit s’exercer dans la collégialité avec ses frères évêques, successeurs des Apôtres).
                   « S’il refuse encore d’écouter l’Eglise, considère-le comme un païen et un publicain ». S’agit-il d’une excommunication ? Les publicains et les pécheurs étaient en effet
“excommuniés” de la communauté juive de l’époque. Souvenez-vous de l’aveugle-né qui, dans son bon sens d’aveugle guéri, avait déclaré Jésus “prophète” (Jn 9,17) et qui s’était fait “jeter dehors” par les pharisiens (Jn 9,34). Non, Jésus n’a jamais excommunié quelqu’un. Mais lorsque qu’un pécheur, malgré toutes les tentatives entreprises à son égard, refuse de se convertir, alors le frère, les frères ou l’Eglise, qui ont tout essayé, se trouvent déliés de leur responsabilité envers lui. Jésus a utilisé seulement une expression courante chez les juifs de l’époque. Cela fait d’ailleurs écho à la suite de la même parole du Seigneur adressée à Ezékiel et rappelée dans la première lecture d’aujourd’hui : « Si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite et qu’il ne se détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie ».
                   Il revient alors à Dieu de convertir le cœur de ce pécheur, qui est aussi son enfant, en lui laissant une grande liberté, et de lui inspirer son retour à Lui.
                   Le Christ nous confie le soin, en toute humilité et en responsabilité, à « chercher la brebis perdue », fraternellement, avec d’autres frères et sœurs et même en Eglise. Et lorsque nous échouons, il reste la prière de demande en nous mettant d’accord (mot à mot “en symphonie” : “sumfwnhswsin) pour le faire.
AMEN !

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