vendredi 17 août 2012


HOMELIE 20°Dimanche ordinaire B. Jn 6, 51-58
19.08.2012
           
« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ».
Avouons que nous sommes peut-être un peu habitués à ces paroles de Jésus, mais que pour quelqu’un qui ne les aurait jamais entendues, elles ont quelque chose de radical, voire même de repoussant. Et sans doute, n’oserions-nous pas les répéter à n’importe qui : car il y a vraiment de quoi trouver déroutant ces chrétiens qui les mettent en pratique depuis bientôt 2000 ans !      
S’il faut évidemment écarter toute interprétation fondamentaliste de ces paroles, il est indispensable d’entrer dans l’intelligence de ce que Jésus a voulu nous faire comprendre, tant Il s’engage à fond dans ces mêmes paroles. Jésus ne s’est-Il pas engagé totalement en entrant dans l’histoire des hommes précisément avec une chair ? [Mais le mot “chair” dans la Bible n’est pas réduit à celui des cellules biologiques : il désigne tout l’être humain dans sa condition fragile. Ainsi, Jean écrit : « Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous » Jn 1,14]. Jésus s’est même donné totalement jusqu’à verser son sang en renonçant à toute forme de violence face aux désirs meurtriers de ses ennemis ?
Oui, Il a bien donné sa chair et son sang, et la réalité de ce don du Fils de Dieu dépasse toutes nos représentations intellectuelles, mais s’accorde à l’intelligence de notre cœur. En nous donnant sa chair et son sang, Il nous donne la totalité de ce qu’Il est. Lorsque nous aimons quelqu’un, notre corps ne participe-t-il pas à l’expression réelle de cet amour, qui que nous soyons : parents, époux, grands parents, parent/enfants et même frères et soeurs ? De plus, le corps a pris une telle place dans notre société, malheureusement pas toujours dans le sens de la dignité humaine, que l’on peut même dire qu’il est devenu l’expression ultime de l’identité matérielle de l’individu : pensons aux empreintes digitales incontournables dans les enquêtes policières ; mais aussi le nouveau passeport biométrique et évidemment, l’ADN ! Si bien que l’on peut dire que lorsque Jésus, au cours de la Sainte Cène, prononce ses paroles sur le Pain, Il dit à ses disciples : « Prenez et mangez, Ceci est mon Corps » Cela revient à dire : « Prenez et mangez : Ceci, c’est Moi, Dieu ! » - De même, pour le vin : « Prenez et buvez, Ceci est mon sang » Cela revient à dire : « Prenez et buvez : c’est Moi VIVANT !»   
         Autre détail que révèle le texte original. « Qui mange… » Jésus le répète plusieurs fois dans le texte de l’évangile de ce jour. Au début, trois fois, Il utilise le mot : “Fagueïn” que l’on retrouve, en français, dans les mots : “aérophagie”, “œsophage”, “anthropophage”. Il signifie : manger, simplement, nous alimenter. Puis Il utilise quatre fois le mot “trogôn” qui signifie : mastiquer,  comme pour mieux assimiler la nourriture que nous prenons. C’est d’ailleurs ce qui était recommandé aux juifs dans le “Seder”, rituel de la nuit de la Pâque où l’on consommait l’Agneau Pascal.
         Autrement dit, Jésus nous invite non plus seulement à venir à Dieu, mais à accepter que Dieu, en sa personne, vienne à nous ; à accueillir le don total de Lui-même ! Ce qui veut dire que nous l’invitions tout entier dans notre vie. Cela entraîne que nous tenions la porte de notre cœur et de nos pensées grande ouverte ; ouverte à Lui et ouverte à tous ceux qu’Il nous envoie. Et tout cela, pour que nous ayons la Vie (Zoé, la vie, principe d’animation, et non Bios, la vie physique) : neuf fois nommée dans le passage d’aujourd’hui !
         Ecoutons St Paul : « Ne soyons pas irréfléchis, mais comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur… » Evitons la folie du monde et répondons à l’invitation de la Sagesse. La tradition chrétienne y a vu une préfiguration de la personne de l’Esprit-Saint : Il nous conduit sur les chemins de la véritable intelligence, pour manger le pain qui est la vraie nourriture et qui donne la vie éternelle.
         Après la consécration, je chanterai : « Il est le grand Mystère de la foi ! » Oui, il est grand et nous n’avons pas fini de le contempler.

Et puis, « chantons le Seigneur et célébrons-le de tout notre cœur ! » pour ensuite vivre de sa Vie.
AMEN !

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