mercredi 8 août 2012


HOMELIE 19°Dimanche ordinaire B. 1 R 19,4-8 -Jn 6, 41-51
12 Août 2012
           
L’épreuve d’Elie

Que soupire Elie dans la première Lecture de ce Dimanche ? « Seigneur, c’en est trop ! Prends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères ! » Autrement dit : Seigneur, la coupe est pleine : ras le bol ! Je jette l’éponge : à Toi de jouer ! 
J’exagère sans doute un peu, mais il m’est arrivé, tout récemment encore, de rencontrer des personnes écrasées par les évènements dans des situations désespérantes. De façon plus lointaine, mais rendues si proches par les médias, pensons aujourd’hui aux victimes des conflits en Syrie, mais aussi, dans tout le Moyen-Orient, au Nigéria, au Pakistan ainsi qu’aux milliers d’africains tentant de gagner l’Europe et échouant épuisés à ses frontières ou à Lampedousa…
          Elie, comme Jérémie, comme Jésus, fait partie de cette humanité épuisée : il ne s’en prend pas à Dieu, mais souhaite que Dieu reprenne sa vie tant il souffre.
Dans sa déprime, il s’endort : geste symbolique qui rappelle la mort ; [èkoïmètè = se coucha koïmètèrion = dortoir -> cimetière]. Mais un envoyé de Dieu, l’ange, le réveille et lui dit : « Lève-toi… » [anastèti ! mot qui exprime la résurrection : anastasis]. Dieu ne l’abandonne pas : Il est un Dieu de Vie. Elie n’obtempère pas  de suite : il se rendort, mais Dieu ne se décourage pas ; Il tient à la vie de son prophète et Il va Lui donner une nourriture qui rappelle celle de l’Exode au désert : la manne et l’eau du rocher. Elle le conduira, au bout de quarante jours et quarante nuits, à la montagne de Dieu, l’Horeb (qui est aussi le Sinaï) pour le rencontrer.
         
          Jésus, dans son discours aux gens qui l’avaient suivi après la multiplication des pains, va proposer également une nourriture qui conduit à la rencontre avec Dieu. Cette nourriture, c’est Lui-même, Parole de Dieu par excellence et Pain de la vie.
Jésus dit : « Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi… » et « …celui qui croit en moi a la vie éternelle ». Vous avez entendu : « …a la vie éternelle ». Ce n’est pas au futur : c’est au présent.
Quelle est donc cette vie éternelle ? Elle n’est pas une réalité virtuelle ou seulement future, mais un don accordé dès maintenant à celui qui met toute sa confiance en Jésus. Ce langage peut sembler irréel, faisant fi de la mort, qui est une dure réalité. Il n’est cependant pas un opium qui anesthésie la souffrance. Loin d’empêcher de regarder la réalité en face, il ouvre au contraire les yeux sur une réalité plus haute ? Mais celle-ci est si haute que nos yeux ont de la peine à la contempler. Jésus nous invite à regarder le Père avec ses yeux de Fils. Cette contemplation nous fait découvrir la grandeur de l’humanité. Loin de nous couper des réalités du monde, ce regard invite à regarder le monde avec le regard de Dieu. N’est-ce pas ce que nous propose St Paul dans la lecture de ce Dimanche : « Vous avez reçu la marque de l’Esprit-Saint de Dieu : ne le contristez pas. Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume (ressentiment contre ce qui ne nous plaît pas), emportement (quand quelque chose ou quelqu’un nous résiste ou n’exauce pas notre désir), colère (dans les contrariétés), éclats de voix ou insultes (qui peuvent profondément blesser), ainsi que toute espèce de méchanceté. Par contre, Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns les autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ » (Ep 4, 30-32).
La vie éternelle est un don : certes, nous avons à travailler et faire effort pour accueillir cette vie selon l’Esprit, car Dieu ne fait jamais rien sans nous. Mais elle est un don : loin de nous laisser couchés, sans vie, elle nous ressuscite ! Alors avec grande confiance, nous avons à la Lui demander, et sur notre chemin vers l’Horeb, en nous nourrissant aux deux Tables, celle de la Parole et celle du Pain de la Vie, nous l’accueillerons et nous vivrons dans la grâce de Son Esprit-Saint, évitant de le contrister !
Que le Seigneur nous fasse prendre conscience que la vie éternelle est déjà là.
                AMEN !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire