jeudi 18 avril 2024

HOMÉLIE du 4ème Dimanche de Pâques Année B –"Jésus le bon berger"Jn 10, 11-18 - 21.04. 2024

 

HOMÉLIE du 4ème Dimanche de Pâques Année B –Jn 10, 11-18

21.04. 2024

Jésus le bon berger

         Le passage de l’Évangile de St Jean que nous venons d’entendre fait suite à l’altercation de Jésus avec les pharisiens qui contestait la guérison qu’il venait de faire d’un aveugle de naissance. (Jn 9, 1-41).

         Jésus leur propose la parabole du berger pour leur révéler au Nom de qui Il a opéré cette guérison : en même temps qu’Il leur dévoile sa mission et son lien avec le Père.

         Je suis mot à mot, "le beau berger", qu’Il répète une fois pour bien insister sur sa qualité de vrai, de pur, d’authentique berger n’ayant rien à voir avec ceux qui se prétendent tel mais ne sont que des "mercenaires", mot à mot des salariés [mistôtos, mistwtoV], à qui n’appartiennent pas les brebis.

         Lui, Jésus, « connait ses brebis  et ses brebis Le connaissent » Il y a réciprocité totale. De plus,  "connaître" dans la culture sémitique, va jusqu’à désigner l’acte de s’unir d’amour à la personne aimée. C’est une expression très forte qui nous dit à quel prix Il aime chacun d’entre nous, à tel point qu’Il donne sa vie, mot à mot "qu’il pose sa vie" pour nous, ce qu’Il a fait le Vendredi Saint.

         Loin de ne s’adresser qu’aux brebis qui sont de son enclos,  comprenez ceux comme nous qui essayons de Le suivre du mieux possible, Il désire conduire d’autres brebis qui, de par le monde sont déjà mystérieusement les siens (Jn 11,52) et qui reconnaîtront sa voix dans la parole des envoyés.

Mais qui sont ses "envoyés". Voilà, frères et sœurs, la vocation de tout baptisé, confirmé qui nous est confiée aujourd’hui. Mais comment y répondre ?

Tout d’abord, dans une connaissance plus intime de Celui qui nous connaît (comme je vous l’ai présenté il y a un instant) dans nos rendez-vous quotidiens de la prière. C’est là que le Seigneur Lui-même nous fera comprendre et découvrir comment nous pourrons comme Lui poser notre vie pour ceux que nous côtoyons et qui ne sont pas dans nos communautés mais cherchent, peut-être à tâtons, à Le trouver au travers des rencontres ou des expériences qui ne les satisfont pas. Nous en avons eu plusieurs témoignages récemment en France où les nombre des baptêmes ont considérablement augmentés (mais qu’il faudra aussi accompagner !).

"Donner sa vie" peut aussi signifier beaucoup de choses comme être attentif aux personnes, sortir de nos propres préoccupations ; engager un échange au travail ou en voisinage sur des sujets importants pour notre société ; écouter avec attention et présence quelqu’un qui nous confie quelque chose de sa vie ou de ses soucis ; oser parfois prendre des risques en parlant de notre foi, non sans avoir montré notre bienveillance à l’égard de ceux à qui nous nous adressons : bref accueillir ce que d’autres différents de nous peuvent nous apporter de lumière ou de bienfait.

La suite de notre Évangile de ce jour peut nous éclairer dans les réactions de ceux qui écoutaient Jésus : « Beaucoup parmi eux disaient : "Il a un démon, Il délire. Pourquoi l’écoutez-vous ? " D’autres disaient : "Ces parole ne sont pas celles d’un démoniaque…est-ce qu’un démon pourrait ouvrir les yeux des aveugles ? " » Jn 10, 20.

Faisons confiance au beau berger et suivons-Le de tout notre cœur.                                                                                                                   AMEN !

jeudi 11 avril 2024

HOMÉLIE 3ème Dimanche de PÂQUES. Année B. "Apparition de Jésus résuscité aux disciples" Lc 24,35-48 - 14 Avril 2024

 

HOMÉLIE 3ème Dimanche de PÂQUES. Année B.   Lc 24,35-48

14 Avril 2024

Un sondage révélait que seulement un français sur dix, même parmi les catholiques pratiquants, croyait à la Résurrection des morts auprès de Dieu. N’en soyons pas tant surpris : les Apôtres eux-mêmes, nous le montre l’Évangile de ce dimanche, ont eu bien du mal à croire, eux aussi, à la Résurrection du Christ

Stupeur, frayeur accompagnent leur première rencontre avec le Ressuscité : ils pensent à un esprit, un fantôme ! Que fait le Seigneur ? Il leur apporte la paix. Puis, par des détails on ne peut plus réalistes, Il leur manifeste que c’est bien Lui: ses mains, ses pieds marqués par le supplice de la Croix ; enfin, Il les invite à le toucher, le regarder. Comme ils n’osaient pas à y croire malgré leur joie, Il leur demande quelque chose à manger, signe qu’Il est bien vivant. Ils lui offrent un poisson grillé qu’Il mange non pas avec eux, mais devant eux.

Pourquoi devant eux ? Jésus n’est plus de ce monde. Pour manifester à ses disciples qui sont restés en ce monde concret, où opèrent les cinq sens, il faut qu’il fasse appel à ces sens : le toucher, le voir, le manger… mais aussitôt, Il les invite à passer à un autre sens, le sens spirituel. Et celui-ci ne peut se manifester qu’à travers des paroles qui donnent sens et font comprendre les évènements qu’ils vivent et Celui qui en est l’acteur principal: Qui est vraiment Jésus ? Pourquoi Jésus est-Il mort ainsi ? Quel sens peut avoir son enseignement ?

Voici un début de réponse. Jésus a accompli l’œuvre du Père : manifester sa présence au milieu des hommes, devenant homme Lui-même, pouvant montrer son amour pour tous à travers son enseignement et les nombreux actes de miséricorde et de guérison qui l’accompagnait. Plus encore, allant jusqu’au bout de l’amour pour tous, Il voulait répondre aux questions fondamentales que se pose tôt ou tard tout homme libre. Celle d’abord de la mort, tellement absurde si elle n’est que le point final de la vie d’une personne qui disparaît dans le néant. En traversant la mort et en ressuscitant, Jésus ne donne-t-Il pas sens à toute vie qui n’est pas fermée sur elle-même et qui s’épanouit dans un monde qui n’est fait que de justice et d’amour ?

Une autre difficulté pour croire, non moins importante, mais cruciale dans toute l’acception du terme, c’est celle de la confrontation avec le mal sous toutes ses formes : violence, haine, dérision, mensonge, trahison… : comment ne pas se laisser contaminer par cette puissance destructrice si l’on n’a pas expérimenté la force de l’amour et du pardon telle que Jésus nous l’a montrée ? Ne nous a-t-Il pas promis de nous donner cette force pour manifester à notre tour l’amour et le pardon ?

Qu’en est-il alors de la Résurrection ?

La Résurrection n’est pas une ré-animation, ni une ré-incarnation, mais la promesse que Dieu tient envers l’humanité qu’Il a créée et qu’Il aime infiniment : nous sommes faits pour une vie belle, remplie de bonheur par l’amour qui est Dieu Lui-même.

La foi en la Résurrection n’est pas non plus seulement une croyance réconfortante. Elle s’appuie sur deux fondements : celui, d’une part, des témoins de la Résurrection de Jésus Lui-même, qui ont eux-mêmes “résistés” (oh combien !) à cette réalité ;  et, d’autre part, sur la relecture des Écritures. Elles annonçaient l’œuvre de Dieu en Jésus, notamment dans la figure du Juste persécuté et du Serviteur souffrant, œuvre qui peut étonner, mais qui est totalement dans la cohérence d’un amour qui laisse tout homme libre jusque dans le mal qu’il fait.

C’est en relisant notre propre histoire et en l’éclairant par les Écritures que nous pourrons découvrir l’œuvre de Dieu pour chacun de nous ainsi que la réponse que nous avons à Lui donner. « Celui qui dit “Je le connais” et qui ne garde pas ses commandements, la vérité n’est pas en lui. Mais en celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection » (1 Jn 2, 5a) écoutions-nous dans la deuxième lecture de ce jour. Demandons-Lui humblement d’éclairer nos projets et nos choix pour qu’ils soient conformes à sa Parole ; c’est ainsi que nous pourrons être les témoins de son œuvre de résurrection.

AMEN !

jeudi 4 avril 2024

HOMÉLIE 2ème Dimanche de PÂQUES. B – “Heureux ceux qui croient sans avoir vu ” Jn 20, 29 - 7 Avril 2024. Dimanche de la divine miséricorde.

 

HOMÉLIE 2ème Dimanche de PÂQUES. B – Jn 20,19-31

7 Avril 2024.

Dimanche de la divine miséricorde.

 

“Heureux ceux qui croient sans avoir vu ” Jn 20, 29

 

En ce dimanche de la Divine Miséricorde, nous pouvons remercier du fond du cœur le Seigneur vivant ressuscité qui offre à tous, par ses ministres, son pardon et la réconciliation. Et pour illustrer cette miséricorde du Seigneur, nous avons le récit de sa rencontre avec son disciple Thomas, que j’aime bien surnommer le "dur à croire" mais qui nous est tellement précieux.

Thomas est ce disciple courageux qui, le premier jour de la semaine après la crucifixion de Jésus, est sorti du lieu où se trouvaient les apôtres, toutes portes verrouillées par crainte des juifs. Lui qui, comme les autres, avait mis toute sa confiance dans la force de son Seigneur devait être profondément meurtri et désorienté par sa mort. Lorsqu’il retrouve ses compagnons, à l’annonce qu’ils l’avaient vu, il refuse d’y croire et pose ses conditions : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque de ses clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » C’est clair et net !

Dépit ? Jalousie peut-être ? Frustration ? Pas du tout !

Quand Jésus décide de se rendre auprès de son ami Lazare qui était gravement malade, près de Jérusalem où Il risque d’être arrêté, Thomas, parfaitement conscient de ce risque, entraine les autres disciples en disant : « Allons aussi pour mourir avec lui » Jn 11,16.

Plus tard, après la Sainte Cène, Jésus annonce aux disciples son départ et leur dit : « Du lieu où je vais, vous savez le chemin », Thomas lui exprime aussitôt la question que se posaient les autres apôtres : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas : comment saurions-nous le chemin ? » Jn 14,4-5. 

Thomas est ce disciple courageux mais réaliste et qui a les pieds sur terre. Son amour de Jésus et le grand désir qu’il avait de voir son Seigneur réaliser la venue définitive de son Royaume,  profondément blessé par sa mort, ne veut pas être de nouveau déçu. Son exigence de vérité l’empêchait de croire ses compagnons tant qu’il n’avait pas lui-même constaté que son Seigneur était réellement vivant.

Comme nous pouvons lui ressembler parfois : ne sommes-nous pas ses « jumeaux » ? (Tel était son surnom : Jn 20,24).

Jésus alors vient à lui, là où il est, et répond à sa demande. C’est ainsi qu’Il montre sa grande miséricorde envers cet attachant et fidèle disciple, qui ne peut s’empêcher de faire aussitôt la première profession de foi en sa divinité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Jésus ressuscité nous rejoint là où nous sommes et prend au sérieux nos doutes, nos questions. Grâce à Lui et grâce à l’honnêteté et au réalisme de Thomas, nous pouvons fonder notre foi et entrer, avec plus d’assurance, dans la célébration victorieuse de la Résurrection.

Non vraiment Jésus n’est pas un mythe, comme a voulu récemment l’écrire Michel ONFRAY, mais Il est le Seigneur et l’ami qui nous respecte. Et Il apporte, par ses disciples et témoins, la véritable nature de son existence, certes extraordinaire, mais tellement humaine, par sa miséricorde, merveille de l’être humain réconcilié avec son Dieu.

Soyons heureux qu’Il nous ait appelés pour être à notre tour ses témoins.

Bienheureux Thomas et

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » Jn 20,29

AMEN !

mercredi 27 mars 2024

HOMÉLIE JOUR de PÂQUES – “Il vit et il crut”. Jn 20, 1-9 31 Mars 2024.

 

HOMÉLIE JOUR de PÂQUES – Jn 20, 1-9

31 Mars 2024.

 

“Il vit et il crut”. (Jn 20,8)

 

Croire en la résurrection n’est pas chose facile dans un monde rationnel qui, à l’instar de St Thomas, disciple de Jésus, ne croit que ce qu’il voit.  L’Évangile de ce dimanche nous présente le chemin de l’Apôtre Jean qui apprend à dépasser cette posture pour accéder à la merveilleuse et inattendue découverte de la Vie de Jésus Ressuscité.

“Il vit et il crut”.

Qu’a-t-il "vu", Jean ? Non pas le corps de Jésus qui avait disparu, mais il a "vu/compris" que Jésus a été relevé d’entre les morts selon ce qu’annonçait les Écritures …

Qu’a-t-il cru, Jean ? Que la vie, celle de son Maître et Seigneur, était plus forte que la mort.

À ceux qui Le croient et accueillent son Esprit, Jésus communique le pouvoir de vivre dès maintenant dans la puissance de la résurrection. Comment ?

 

Comme Il l’a fait Lui-même, dans un compagnonnage avec les hommes:

Ø  Lorsque nous avons de la compassion et du soutien pour toute créature, en particulier, les "petits", ceux qui souffrent physiquement, moralement, affectivement…

 

Ø  Lorsque nous travaillons à la justice qui libère des situations de mort où gisent tant de femmes et d’hommes : sous-développement, chômage longue durée, exclusion, habitat indécent…

 

Ø  Lorsque nous acceptons de dépenser notre vie et nos biens pour d’autres.

 

Ø  Lorsque nous pardonnons comme Jésus, sans attendre de retour…

 

Ø  Lorsque nous construisons des communautés où l’individualisme fait place à la communion, le “moi” au “nous”…

 

Ø  Lorsque nous renonçons à nous affirmer nous-mêmes, sans les autres ou contre eux, laissant de côté notre recherche d’identité pour être plus solidaires avec les autres hommes de bonne volonté…

 

Ø  Lorsque, dans les situations d’opposition ou de conflits, nous gardons la joie profonde d’un respect pour l’adversaire en même temps que la conviction qu’il y a une issue possible que le Seigneur connaît…

 

Ø  Enfin, lorsque dans les cas extrêmes, nous acceptons de donner notre vie librement et par amour, jusqu’à prier pour les assassins ou les dictateurs, comme nous pouvons le faire en ces temps de violence : « Père pardonne-leur ! Ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Lc 23,33

 

Bien sûr, tout ce “compagnonnage” peut nous faire peur : on ne “voit” pas la Résurrection en oubliant la Croix, nos croix. “Si le grain de blé ne tombe enterre et ne meurt, il ne porte pas de fruit” (Jn 12,24). Alors, nous pourrons témoigner, parfois sans parole, mais toujours avec foi, que la vie est plus forte que la mort : n’est-ce pas ce que le monde, à court d’amour et d’espérance, attend aujourd’hui ?

 

Que l’Esprit de Jésus vivant, ressuscité nous y aide !

 

AMEN !